Le collectif, nuitamment réuni , avait décidé de frapper un grand coup. Puisqu'ils voulaient mettre en oeuvre un plan social qui avait pour effet de licencier 30 % des patrons, on allait voir ce qu'on allait voir.
C'est pourquoi, ce jour-là, on put donc observer de bon matin, se dirigeant d'un pas allègre vers le siège de la CGT, Laurence PARISOT en tête, suivi des Président de l'UGIMM, de la CGPME, du Syndicat des Artisans de France, un immense cortège de patrons dégoûtés de ces méthodes. Les deux inoffensifs gardiens du bâtiment ne purent endiguer le flot de ces hommes et femmes en colère, qui brandissaient des banderoles vengeresses ; ils furent bousculés sans ménagement. Laurence PARISOT se dirigea sans hésiter vers le bureau de Bernard THIBAULT lequel avait réuni avec lui François CHEREQUE de la CFDT et Jean-Claude MAILLY de FO, ainsi, du reste, que les responsables nationaux de la CFTC, de SUD, et de divers autres syndicats de moindre envergure. La secrétaire n'eut pas le temps de protester, ni même de faire "oh !". Laurence PARISOT, sûre d'elle, ouvrit brusquement la porte capitonnée qui donnait sur la pièce où se tenaient ces messieurs. Elle cria d'un ton décidé : "Plus personne ne sort. Vous êtes séquestrés, jusqu'à ce que vous reveniez sur votre décision". Elle fit apporter quelques sandwichs, tandis que ces messieurs, qui avaient sur eux des jeux de cartes, se mirent à la belote.
Plein d'espoir, les manifestants escomptaient de ce coup de force de grands résultats, lorsqu'un porteur spécial de la poste, laquelle, miraculeusement n'était pas en grève, leur fit parvenir un pli contenant quelques nouvelles qui mit fin à ce bel enthousiasme : les autorités portuaires de Gênes et de Barcelone avaient négocié avec la plus grande entreprise chinoise de transport par containers, l'exclusivité du débarquement des marchandises en provenance de l'Empire du Milieu au détriment de MARSEILLE, SIEMENS avait chassé ALSTOM et la SNCF du grand marché brésilien du transport ferroviaire rapide entre RIO et BRASILIA, et les carnets de commande pour notre TGV s'étaient brutalement vidés, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne, lassés de voir leur fourniture de courant électrique abandonnée aux foucades et aux aléas des employés d'EDF, s'étaient mis d'accord pour exploiter d'une nouvelle manière les ressources hydro-électriques potentielles du Rhin et de la Meuse, et BOEING avait délogé AIRBUS des marchés de la Péninsule arabique.
Chacun rentra chez soi, qui les patrons, qui les responsables syndicaux, la queue basse. Mais il était trop tard. D'un pays qui fut un des grands phares de la culture, du goût, du bien vivre européens, ils avaient fait les uns et les autres l'homme malade de l'Europe, la risée des médias internationaux, et la cible d'un artiste tchèque de mauvais gôut qui illustrait la France d'un hexagone barré de la mention GREVE.
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