Il y a presque deux ans, lorsque j'ai ouvert ce Blog, j'avais fait état de ce livre absolument décapant. J'en avais cité quelques passages. L'actualité m'incite à y revenir. Dans le chapitre III de son livre (L'intelligence en péril de mort), Marcel DE CORTE traite de "l'information déformante". Et je trouve dans ces réflexions une illustration parfaite de la manière dont nos médias traitent des non événements. (Il s'agit surtout de la polémique artificielle suscitée par madame ROYAL à propos de réflexions qu'aurait faites le Président SARKOZY et que toutes les personnalités présentes à ce dîner - de la majorité comme de l'opposition - disent avoir été déformées, voire inventées de toutes pièces, par la Présidente de la Région POITOU-CHARENTES à seule fin de faire parler d'elle dans les médias.)
Le chapitre III, donc, commence ainsi
L'intelligentsia et ses utopies, l'exaltation de la science comme critères universels des connaissances, panacée de tous les mots et substance de la société future sont des phénomènes qui caractérisent notre siècle et qui témoigne du divorce de l'intelligence et de son objet propre : le réel extramental, ainsi que le triomphe corrélatif de l'imagination poétique, constructrice d'un univers qui soit uniquement l'oeuvre de l'homme. Mais si puissantes que soient notre faculté imaginative et notre capacité d'illusion, elles ne parviennent néanmoins pas à créer de toutes pièces, à partir de rien, leur contenu dont les artifices passeront dans la réalité. Elles ont beau renoncer délibérément, avec une sorte d'assurance olympienne, aux données de l'expérience et de la tradition, elles ne peuvent pas se nourrir de néant. Il leur faut quelque chose dont elles puissent tirer partie tant pour justifier l'objectivité qu'elles veulent revêtir que pour continuer sous ce masque leur travail de destruction du réel. Mais ce quelque chose doit être aussi peu indépendant de leur domination que possible. Il doit être malléable à l'extrême. Il doit pouvoir accueillir avec docilité la forme que la volonté de puissance de l'homme entend leur donner. Ce quelque chose dont la volonté de puissance axée sur l'imagination peut faire à peu près tout ce qu'elle veut a reçu un nom : l'information.
Et Marcel DE CORTE d'insister sur le fait que l'information porte sur tout ce qui arrive, advient, survient, a lieu, surgit dans l'immensité de l'Univers. Elle se déploie sur un arrière-fond de changement continu. En somme, l'information porte sur le nouveau. Et le fait nouveau, dans notre civilisation contemporaine, prend la place jadis attribuée à l'expérience et à la tradition. Et Marcel DE CORTE de citer quelques dizaines de pages plus loin la remarque de Jean MADIRAN : L'information moderne, par nature, ignore ce qui est important, ou n'en retient que l'écorce étrangère à la dimension intérieure et à la dimension historique... Les techniques de l'information moderne réclament d'abord de celui qui les manie qu'il se place hors des conditions humaines de réflexion, de méditation, de confrontation personnelle permettant de saisir la portée d'un événement.
Dans le cas qui nous préoccupe, les propos prêtés à tort au Président de la République n'ont strictement aucune importance, si ce n'est celle d'être saisie avec une rare bêtise par une femme politique avide d'un pouvoir qu'elle croyait fermement tenir de par son verbe et sa beauté (qu'il faut lui reconnaître), un pouvoir qui pour le bien de notre patrie et celui du PS lui a échappé. Monsieur GEOFFRIN de Libération a accordé crédit à une ou deux confidences, non recoupées, venues de sources qu'il ne cite pas, dont il garantit la fiabilité. Certes. Mais où étaient-elles ces sources ? Ont-elles entendu vraiment ? Ont-elles saisi quelques bribes d'une conversation privée ? Et dans quel but se sont-elles empressées de la faire connaître ? Les relations de la France et de l'Espagne méritent qu'on accorde un peu plus de réflexion dans la diffusion de ces (fausses) réflexions. Mais c'était nouveau ; ça risquait de faire vendre du papier. Dame ! Il faut bien vivre ! Et surtout, ça nuisait à un "ennemi" qui est quand même le représentant légitimement élu des Français. Il n'y a pas la moindre trace de réel, de vérité, d'importance dans la relation de ces (faux) échanges. Il y a un événement crée de toutes pièces qui permet à une irresponsable de rebondir dans l'opinion.
Ce journal-là, décidément, me dégoûte. Et pourtant je ne saurais dissimuler qu'il lui arrive de publier des analyses et des points de vue intéressants, noyés hélas dans une idéologie culturo-marxisto-boboïque, dépourvue de recul, et de connaissances historiques. Mais agir avec une telle légèreté, faire tant de mal à son pays pour soutenir sa camarilla, voilà qui est insupportable. On sait où peuvent conduire ces "informations" inintéressantes, dépourvues de toutes prises sur le réel. Monsieur Edwy PLESNEL fut un champion du genre qui a très probablement contribué au suicide de Pierre BEREGOVOY en diffusant des "informations" sur un prêt parfaitement régulier à lui consenti par un ami.
Tout cela est minable.
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