mercredi 13 août 2014

13 août 2014. Une réponse de Fabrice Hadjadj à ces messieurs du CSA... deuxième billet de ce jour

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Chers lecteurs,

Je n'hésite pas à vous faire connaître la réponse indirecte de Fabrice HADJADJ à ces messieurs du CSA qui condamnaient la diffusion télévisée d'une vidéo où des enfants trisomiques disaient leur joie de vivre. J'ai beau chercher avec indulgence les raisons qui ont poussé ce Conseil à émettre un tel avis (j'ai fait un billet où cet avis vous était présenté, le 1er août 2014 : "Décisions curieuses mais prévisibles de nos élites"), je n'arrive pas à comprendre comment des gens censés réfléchir et penser ont pu le faire. Il faut vraiment étouffer la voix de sa conscience pour avoir le courage de contester le bien-fondé de la diffusion, ou préférer faire carrière plutôt que de se soumettre à la vérité des faits, ou suivre les directives des Loges et des sociétés de pensée. Décidément, nos élites n'ont d'élites que le nom. Souvenons-nous de ce proverbe : "Le poisson pourrit toujours par la tête", et n'accordons aux dites élites qu'un regard courtois et distant mais éclairé !

Voici cette remarquable réponse.

A la suite de la décision controversée du CSA au sujet de la vidéo Dear Future Mom le philosophe Fabrice Hadjadj signe une tribune à paraître cette semaine dans l'hebdomadaire suisse l'Echo Magazine.

"Le grand rabbin Abraham Karelitz se levait et se découvrait chaque fois qu’il voyait une personne atteinte de trisomie 21. — Pourquoi lui accordez-vous des honneurs que vous refusez aux grands de ce monde ? lui demandait-on. — Parce que, répondait-il, si Dieu ne lui a pas donné une capacité aussi grande d’étudier la Torah, c’est qu’elle est déjà plus parfaite et plus avancée que moi sur le chemin de la sainteté.
Nous avons oublié cette leçon. Nous traitons les enfants trisomiques avec la même bonté qu’on traitait les Juifs naguère, jugés comme des parasites et des Untermenschen. Nous les traquons, les dépistons, les exterminons. Cela se voit moins, parce que la chambre de mort est le ventre d’une pauvre mère consentante, embrigadée par le culte de la performance. Que voulez-vous ? Son petit n’aurait eu que la joie de vivre, et non l’orgueil de réussir. Il  aurait été seulement humain, et non pas grand requin de la finance. Il ne serait pas allé à la Haute Ecole de Commerce ni à Polytechnique, il aurait juste ri, pleuré, joué, bousculé les convenances, sauté dans les bras des inconnus, posé des questions déconcertantes, métaphysiques… Il aurait même prié avec un cœur simple, ce qui est affreux, car il faut avoir le cœur dur et piétiner ses concurrents.
— Allons, cessez votre ironie, il aurait été malheureux, il aurait souffert !
— Vous croyez donc qu’il aurait plus souffert que n’importe quel bien portant, à un moment ou à un autre, et surtout vers la fin ? Vous pensez qu’il aurait été plus malheureux que tous ces tristes maîtres du monde qui se sont raffinés dans le mensonge, font des détournements de fonds et des orgies de viagra ?— Mais ce n’aurait pas été un enfant comme les autres.
— Ç’aurait été un enfant plus que les autres. Parce qu’il portait en lui l’enfance éternelle. Oui, éliminer un petit trisomique, c’est être infanticide deux fois.
Un bouleversant message intitulé Dear future mom (5 millions de vues sur Youtube), et diffusé sur TF1, Canal+, M6, etc. présente des jeunes trisomiques qui s’adressent à une mère qui pourrait porter l’un d’entre eux, et lui confient qu’ils vivent une vraie vie, avec ses détresses et ses bonheurs… Mais ce message n’a pas plu au big boss de Big Brother, j’ai nommé Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Il a déclaré ce 25 juillet que, pour un « message d’intérêt général », celui-ci risquait de « ne pas susciter une adhésion spontanée et consensuelle ». Je croyais ce type d’adhésion réservé aux bêtes, qui agissent par instinct. Mais non, elle doit être celle des bisomiques téléspectateurs, qui se croient néanmoins supérieurs à leurs frères trisomiques."
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Ah ! Cher Fabrice, merci pour ces mots, merci du fond du coeur.
Chers lecteurs, diffusez sans mesure ce cri du coeur.

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