Chers lecteurs,
Je n'hésite pas à vous faire connaître la réponse indirecte de Fabrice HADJADJ à ces messieurs du CSA qui condamnaient la diffusion télévisée d'une vidéo où des enfants trisomiques disaient leur joie de vivre. J'ai beau chercher avec indulgence les raisons qui ont poussé ce Conseil à émettre un tel avis (j'ai fait un billet où cet avis vous était présenté, le 1er août 2014 : "Décisions curieuses mais prévisibles de nos élites"), je n'arrive pas à comprendre comment des gens censés réfléchir et penser ont pu le faire. Il faut vraiment étouffer la voix de sa conscience pour avoir le courage de contester le bien-fondé de la diffusion, ou préférer faire carrière plutôt que de se soumettre à la vérité des faits, ou suivre les directives des Loges et des sociétés de pensée. Décidément, nos élites n'ont d'élites que le nom. Souvenons-nous de ce proverbe : "Le poisson pourrit toujours par la tête", et n'accordons aux dites élites qu'un regard courtois et distant mais éclairé !
Voici cette remarquable réponse.
Voici cette remarquable réponse.
A la suite de
la décision controversée du CSA au sujet de la vidéo Dear Future Mom le
philosophe Fabrice Hadjadj signe une tribune à paraître cette semaine dans
l'hebdomadaire suisse l'Echo Magazine.
"Le grand rabbin
Abraham Karelitz se levait et se découvrait chaque fois qu’il voyait une
personne atteinte de trisomie 21. — Pourquoi lui accordez-vous des honneurs que
vous refusez aux grands de ce monde ? lui demandait-on. — Parce que, répondait-il,
si Dieu ne lui a pas donné une capacité aussi grande d’étudier la Torah, c’est
qu’elle est déjà plus parfaite et plus avancée que moi sur le chemin de la
sainteté.
Nous avons
oublié cette leçon. Nous traitons les enfants trisomiques avec la même bonté
qu’on traitait les Juifs naguère, jugés comme des parasites et des Untermenschen.
Nous les traquons, les dépistons, les exterminons. Cela se voit moins, parce
que la chambre de mort est le ventre d’une pauvre mère consentante, embrigadée
par le culte de la performance. Que voulez-vous ? Son petit n’aurait eu
que la joie de vivre, et non l’orgueil de réussir. Il
aurait été seulement humain, et non pas grand requin de la finance. Il ne
serait pas allé à la Haute Ecole de Commerce ni à Polytechnique, il aurait
juste ri, pleuré, joué, bousculé les convenances, sauté dans les bras des
inconnus, posé des questions déconcertantes, métaphysiques… Il aurait même prié
avec un cœur simple, ce qui est affreux, car il faut avoir le cœur dur et
piétiner ses concurrents.
— Allons,
cessez votre ironie, il aurait été malheureux, il aurait souffert !
— Vous croyez
donc qu’il aurait plus souffert que n’importe quel bien portant, à un moment ou
à un autre, et surtout vers la fin ? Vous pensez qu’il aurait été plus
malheureux que tous ces tristes maîtres du monde qui se sont raffinés dans le
mensonge, font des détournements de fonds et des orgies de viagra ?— Mais
ce n’aurait pas été un enfant comme les autres.
— Ç’aurait été
un enfant plus que les autres. Parce qu’il portait en lui l’enfance éternelle.
Oui, éliminer un petit trisomique, c’est être infanticide deux fois.
Un
bouleversant message intitulé Dear future mom (5 millions de
vues sur Youtube), et diffusé sur TF1, Canal+, M6, etc. présente des jeunes
trisomiques qui s’adressent à une mère qui pourrait porter l’un d’entre eux, et
lui confient qu’ils vivent une vraie vie, avec ses détresses et ses bonheurs…
Mais ce message n’a pas plu au big boss de Big Brother, j’ai nommé Conseil
Supérieur de l’Audiovisuel. Il a déclaré ce 25 juillet que, pour un
« message d’intérêt général », celui-ci risquait de « ne pas
susciter une adhésion spontanée et consensuelle ». Je croyais ce type
d’adhésion réservé aux bêtes, qui agissent par instinct. Mais non, elle doit
être celle des bisomiques téléspectateurs, qui se croient néanmoins supérieurs
à leurs frères trisomiques."
-Ah ! Cher Fabrice, merci pour ces mots, merci du fond du coeur.
Chers lecteurs, diffusez sans mesure ce cri du coeur.
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