lundi 14 mai 2007

Liberté intellectuelle et dignité humaine

J'ai déjà eu l'occasion de parler du livre de Simon LEYS, "La forêt en feu". Le propre des grands ouvrages est d'être une source inépuisable d'universelles vérités. En voici quelques unes que j'ai puisées dans ce livre dont la lecture devrait faire honte à tous les anciens suppôts du maoïsme, tant il démonte implacablement le caractère totalitaire, sanguinaire et fou du Grand Timonier.
"L'objectivisme - cette conviction qu'il existe une vérité objective, indépendante de l'arbitraire des dogmes et des idéologies - est vraiment la pierre angulaire de la liberté intellectuelle et de la dignité humaine - et donc aussi la principale pierre d'achoppement du totalitarisme". (Incidemment, la campagne présidentielle nous a donné quelques beaux exemples de cette vérité.)
Et cet autre extrait :
"Pour dominer l'univers naturel, l'homme occidental s'est séparé de lui. Cette attitude héroïque, agressive et conquérante à l'égard de l'environnement est bien ilustrée par exemple dans l'art des jardins classiques (l'art des jardins est toujours la projection la plus expressive qu'une culture peut donner de sa vision du monde) - Voyez Versailles ! -où la nature est soumise, déformée, réduite et taillée de façon à devenir entièrement conforme à une géométrie et un dessin que lui impose l'homme. Dans une telle perspective, rigoureusement anthropocentrique, les formes et les motifs naturels, non façonnés de main d'homme, et dont la complexité mystérieuse ne reflète celle d'aucun cerveau, acquièrent automatiquement quelque chose de menaçant. Leur autonomie hermétique limite et met en question l'empire de l'esprit humain."
"Dans un contexte totalitaire, chaque fois que le bon sens entre en conflit avec le dogme, c'est toujours le bon sens qui perd." (Voyez les tentatives de madame ROYAL pour trouver un accord avec monsieur BAYROU : elles ont été torpillées par les éléphants, messieurs FABIUS, EMMANUELLI, et tutti quanti, en tête, pour des raisons idéologiques (j'aime à le penser en tout cas, car si c'est pour des raisons de basse tactique politicienne, c'est indigne). Il faut proclamer haut et fort que madame ROYAL doit prendre la tête d'une opposition constructive. Elle doit être moins agressive car sa "colère" téléphonée lors du débat du mai lui a fait perdre des milliers de voies. Elle doit être plus précise dans ses propositions, et surtout ne pas raconter n'importe quoi dans des domaines aussi importants que la défense et les sous-marins nucléaires, ou dans celui de l'énergie nucléaire. Elle devrait aussi savoir qu'une loi votée en février 2005 a donné aux enfants handicapés un total accès aux établissements d'enseignement, et que sa critique sur la suppression d'Handiscole était absolment infondée. Mais elle a l'honnêteté de mettre en accord ses actes et ses paroles, en se présentant pas à la députation. Voilà les traits d'un caractère fort auquel il ne manque qu'une culture philosophique du réel)
Pourquoi le réalisme est-il si important pour notre liberté ? Parce que dans un contexte totalitaire, toujours lié à un idéalisme, on arrive avec beaucoup de sincérité, mais peu de vérité, à la conclusion qu'il est possible d'opposer "une science allemande" à "une science juive" [Hitler], ou "une vérité prolétarienne" aux "mensonges bourgeois" [Marx, Staline, Mao, Sartre..., eh oui Sartre, pour qui le marxisme était "l'horizon indépassable de l'histoire"].
Je tiens pour certain que le réel est ce qui précisément nous résiste. Et le réel se venge toujours quand il n'est ni respecté, ni pris en compte. C'est vrai pour l'écologie, pour la psychologie, et surtout pour le politique. Je trouve particulièrement intéressant la convergence des analyses d'un Marcel de CORTE, philosophe chrétien, et d'un Simon LEYS, parfaitement agnostique.
Quand reviendra-t-on dans nos écoles, nos lycées et nos universités à ces évidences ?

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