samedi 12 mai 2007

Sociétés naturelles et pouvoir politique

J'ai déjà eu l'occasion de parler de l'ouvrage de Marcel de CORTE dans le premier billet de ce blog. Vous n'aurez donc pas la référence de cet ouvrage (L'intelligence en péril de mort). Mais en revanche, vous en aurez deux petits extraits qui me semblent être d'actualité.
"Le régime démocratique moderne, né de la Révolution française et de la mutation opérée par l'intelligence sur elle-même, présuppose de toute évidence la ruine, l'éviction ou, à tout le moins LA STERILISATION POLITIQUE de toutes les sociétés naturelles ou semi-naturelles où l'homme se trouve inscrit par le destin de la naissance ou de la vocation : famille, communauté professionnelle, et locales et régionales, patrie petite ou grande."
Et ceci encore :
"Le bon sens nous révèle que, dans un système politique et social dont les membres sont séparés les uns des autres parce qu'ils ne participent plus à des réalités communes, à un même bien commun, la seule opinion qui puisse naître n'est évidemment pas l'opinion réelle, résultante d'un accord sur les êtres et les choses, d'une entente sur des vérités éprouvées, d'une action convergente vers le bien de tous, c'est à dire d'un fait social ANTERIEUR A L'OPINION ELLE-MÊME." Ceci signifie que les opinions publiques sont essentiellement de nature idéologique.
Pendant longtemps, avec d'autres, j'ai méprisé les "corporatismes", et il est de bon ton dans le politiquement correct, de continuer à le faire. Néanmoins, je constate que sans la protection que conféraient jadis les corps intermédiaires contre l'arbitraire de l'état, le citoyen se trouve aujourd'hui complètement désarmé devant une bureaucratie toute puissante. Ainsi, l'administration fiscale peut trouver dans vos déclarations d'impôts des éléments qu'elle juge irréguliers ; il vous appartient de faire la preuve qu'elle se trompe, sinon vous devez payer. Les agents des douanes ont le privilège exorbitant de perquisitionner sans mandat d'aucun juge à toute heure du jour et de la nuit. Les magistrats instructeurs peuvent mettre en détention préventive qui bon leur plaît, et ce pouvoir est discrétionnaire, etc.
Il est assez symptomatique de voir que l'un des premiers actes législatifs de la l'Assemblée Constituante, fut, sous l'impulsion d'Isaac René Guy (Dixit le Robert) LE CHAPELIER, de voter le 14 juin 1791 une loi supprimant les corporations, limitant le droit d'association, et déniant tout pouvoir politique aux sociétés intermédiaires. Le Robert ajoute - notez-le bien - que cette loi "constitua l'une des bases du capitalisme libéral".
La saine défense des sociétés naturelles explique sans doute pourquoi les communes françaises, surtout les plus petites, ne veulent pas fusionner entre elles pour créer de plus grosses ENTITES ADMINISTRATIVES (entité veut tout dire !). En tant que petites patries, elles pressentent que le peu de liberté politique que leur laisse la constitution française disparaîtrait corps et biens dans ces "entités". Des technocrates, sans légitimité politique, irresponsables juridiquement de leurs actes (pour antant qu'ils soient légaux), décideraient pour les citoyens de la commune ce qui est bon peur eux.
Il est grand temps de réagir. Et avec le recul, je constate que le rejet du projet de réforme constitutionnelle forgé par le général de GAULLE, rejet qui entraîna sa démission fut tout simplement une catastrophe pour notre pays.
Il est temps que nos communautés naturelles récupèrent le pouvoir politique qu'elles n'auraient jamais dû perdre. Lecteurs, je vous en prie, faites vos commentaires. J'ai de bonnes raisons de penser que ce blog est lu par certaines personnalités politiques (de droite comme de gauche), car j'ai eu la surprise d'entendre ou de lire des opinions qui reprenaient quasiment mot pour mot ce qui était ici écrit depuis un certain temps. Je dis bien mot pour mot.
Politis-philippe

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