lundi 7 mai 2007

Souviens-toi que tu es un homme

Dans la Rome antique, lorsque un consul victorieux recevait les honneurs du triomphe, il était accompagné d'un prêtre qui, tout en brûlant une poignée d'étoupe, lui disait : "Souviens-toi que tu es un homme."
Nous venons d'élire, largement, un nouveau président de la république. Jusqu'ici, dans les déclarations du nouvel élu, je n'ai rien entendu de choquant, et je m'en réjouis. Qu'il continue de garder la tête froide ; qu'il se souvienne des anciens triomphes romains, et qu'il médite ces paroles de CLAUDEL :"Il n'y a rien de plus dangereux pour les nations comme pour les individus que les vessies qui se regardent comme des lanternes et que des lanternes qui tiennent absolument à se faire prendre pour des messies (sic) ! De même qu'à tous les surhommes il faut préférer ce spectacle rare entre tous : un homme juste et juste un homme."
En saluant sa concurrente, le nouveau président a montré qu'il était sensible à la déception de ceux qui avaient placé en elle leurs espoirs, et qu'il était effectivement un homme. Je puis confirmer, pour avoir eu l'occasion de le rencontrer il y a trois dans dans un déjeuner de travail, avec d'autres collègues de l'Université, du CNRS et de l'INSERM, que malgré des divergences d'opinions, nous avons eu un échange constructif, amical, et vrai. Je m'étais abstenu de faire état de cette rencontre dans mes billets ; elle n'avait rien à voir avec le débat d'idées et la philosophie politique. L'élection étant passée, je me sens libre de le faire. Ce ne sont que des impressions, mais elles ont le mérite, contrairement à bien des éructations, injures, préjugés de tous ordres, de reposer sur l'analyse des faits. De ces milliers de détracteurs, de ces millers de porteurs de pancartes du collectif TSS, qui avait vraiment rencontré, ailleurs que dans les médias, celui qu'ils villipendaient ?
Ce n'est pas ainsi qu'il faut faire de la politique. Il est possible de contribuer au bien commun sans être au pouvoir. Ou alors il faut accepter l'idée dangereuse que l'engagement politique n'est que la manifestation de la volonté de puissance.

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