mardi 22 mai 2007

Quelques vérités dérangeantes

La Loi Le Chapelier qui aboutit à laisser sans défense les salariés, les travailleurs, les artisans, les agriculteurs devant l'Etat s'inspire directement de Rousseau. Il vaut la peine de la connaître dans certains de ses détails. Dans son article 1er, elle interdit les corporations. Dans son article 2, elle interdit aux citoyens exerçant la même profession, soit comme ouvriers, soit comme maîtres, de nommer des présidents, secrétaires ou syndics, et même de délibérer, je cite textuellement : "sur leurs prétendus intérêts communs". Dans son article 5, elle stipule : "Si contre les principes de la liberté et de la Constitution, des citoyens faisaient entre eux [...] des conventions, tendant à refuser de concert ou n'accorder qu'à un prix déterminé le secours de leurs industries ou de leurs travaux, lesdites [...] conventions sont déclarées inconstitutionnelles, les auteurs en seront poursuivis et l'exécution empêchée par la force publique". Ainsi (cf Jean DUMONT) se trouvent interdites les grèves, tous les tarifs de minimum des salaires acceptés voire promulgués par l'Ancien Régime. Il faut attendre 1864 (Sous Napoléon III, par conséquent) pour voir abolie l'interdiction des grèves, 1884 (la troisième République) pour voir les syndicats autorisés, et 1901 (idem) pour avoir de nouveau le droit de s'associer (Loi sur les Associations ; idem). C'est tellement vrai que dès 1869, pour faire face à la misère ouvrière, il existe 6.139 sociétés de secours mutuel, comptant 913.633 travailleurs et 11.160 membres honoraires, les syndicats et les corporations étant interdits. La tyrannie de la Loi Le Chapelier prend fin, je l'ai dit, en 1884.
Cette Loi Le Chapelier, dont Le Dictionnaire Robert dit fort justement qu'elle a ouvert un boulevard au capitalisme libéral, et qu'elle l'a fondé, a désarmé les ouvriers, légalisé leur exploitation, et éteint la vie des sociétés naturelles intermédiaires qui défendaient les sujets ou les citoyens des abus de l'Etat. Elle a abouti à développer exagérément le corporatisme, en le vidant de ses supports vigoureux qu'étaient les communautés naturelles. La révolte des canuts à Lyon, en 1831, n'a pas d'autres origines que l'application de cette loi révolutionnaire. Le nouveau tarif minimum de leurs salaires (tarif parfaitement légal sous l'Ancien Régime) leur sera refusé et les militaires materont la révolte.
En puisant dans l'immense ouvrage de Jean DUMONT, j'aurai l'occasion de vous montrer qu'au XIXe siècle, c'est l'Eglise catholique et les aristocrates, aussi bien en France qu'en Allemagne, qui ont été le fer de lance de l'action sociale. Tant pis pour les anticléricaux. Tant pis pour monsieur LAIGNEL qui, maire d'ISSOUDUN, à refusé de mettre des panneaux de signalisation idoines devant une école privée, au motif, justement qu'elle était privée (entendez catholique). L'esprit de système a nourri notre histoire depuis deux siècles. Il est grand temps d'en finir avec cette tyrannie qui veut que les êtres et les choses rentrent dans un cadre de pensée idéologique sans aucune attache avec le réel, devraient-ils en crever.
De l'air ! De l'air ! Et de la mémoire, chers compatriotes, de la mémoire. Nous devons être solidaire de notre histoire, mais nous n'avons pas à la maquiller.
politis-philippe
Lecture recommandée :
Jean DUMONT.
La Révolution Française ou les prodiges du sacrilège.
Criterion, Limoges, 1984.

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