dimanche 23 août 2009

L'honneur de la politique

Plusieurs lecteurs me demandent de faire un billet sur le Président Adrien ZELLER qui vient de nous quitter. Ils m'ont précédé, car j'avais bien l'intention de dire qui il était, puisque j'avais eu le privilège et l'honneur d'assez bien, et même de bien le connaître dans le cadre de mes activités universitaires. Adrien ZELLER était avant tout un homme intègre, qui voyait large, était dépourvu de tout sectarisme, et avait le sens du bien commun. Je voudrais rapporter ici deux anecdotes dont j'ai été le témoin ou l'acteur.

J'avais été convié par le Président ZELLER à participer à un congrès des élus régionaux et locaux qui se tenait à CAEN. Il avait eu la gentillesse de me faire inviter à un diner réservé aux responsables des associations d'élus de ces collectivités territoriales. J'étais, ma foi, à sa droite, et il avait devant lui Charles JOSSELIN, Président socialiste du Conseil Général des Côtes d'Armor. Et monsieur JOSSELIN de dire en riant : Adrien, tu es le plus à gauche des hommes de droite que je connaisse, tu n'es pas conservateur (les deux hommes se connaissaient, manifestement s'estimaient, et étaient des amis, comme l'était du reste monsieur ROUSSET le Président socialiste de la Région Aquitaine). Monsieur ZELLER partit d'un grand éclat de rire. La réflexion lui semblait dépourvue de sens réel. Il était tout sauf idéologue, et s'il préférait le programme centriste au programme socialiste, c'est pour des raisons sociétales et après une sérieuse analyse économique, comme j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de le constater. Il n'y avait rien à répondre à monsieur JOSSELIN, au demeurant très sympathique.
Je me souviens aussi des réflexions qu'il m'a faites après le vote du paquet fiscal. Il désapprouvait formellement le bouclier fiscal, et il me dit : "Voyez-vous, Philippe, en tant que Président de région, j'ai tant (il me dit la somme) d'indemnité mensuelle. (Elle était tout à fait modique, croyez-moi, pour la responsabilité endossée par son bénéficiaire.) Elle me suffit largement pour vivre. Cette loi est une erreur." Je ne pense pas le trahir en révélant ici ces propos qui montrent bien quel était Adrien ZELLER. Il se contentait de ce qu'il avait et ne désirait rien de plus ; pas de convoitise chez cet homme qui n'avait qu'un mandat, aurait pu être de nouveau ministre ou député, et n'a voulu qu'être utile à l'Alsace.
Il avait compris l'intérêt qu'il y avait à soutenir le développement des biotechnologies appliquées à la santé. Son concours sans faille à l'Association Alsace BioValley que j'ai eu l'honneur de présider pendant huit ans a permis à la Région Alsace d'obtenir un Pôle d'excellence en Innovations thérapeutiques, un pôle à vocation internationale.
Adrien ZELLER a été un grand serviteur de sa région, un homme d'une modestie rare et d'une honnêteté scrupuleuse. Il a été l'honneur de la politique. Et je forme le voeux qu'il puisse être un modèle pour tous ceux qui ambitionnent de servir la chose publique.

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