Voilà deux jours, je traversais le pont qui, de la Porte de Saint-Cloud, va vers le Pont du même nom. Soleil de plomb, chaleur étouffante. Je m'efforçais de rejoindre au plus vite le jardin ombreux qui borde l'Avenue Ferdinand Buisson. J'aperçois à quelques deux cents mètres, un homme âgé, mais encore alerte ; bientôt nous allons nous croiser. Et de fait nous nous croisons. L'homme a de beaux cheveux blancs, une allure et une marche d'une grande noblesse. Sur sa chemise entrouverte, il a passé une veste légère, de tissu sombre cependant. Il a le visage buriné par le soleil. Manifestement il est originaire d'Afrique du Nord. Au revers de la veste, quatre rubans : médaille militaire, valeur militaire et deux autres que je ne peux pas identifier. Nos regards se croisent. Je lui fais un clin d'oeil, un sourire, manifeste sans doute mon étonnement ; il fait quelques pas, puis se retournant m'appelle et semble demander les raisons de ma surprise :
-Je regardais vos décorations. Vous en avez beaucoup !
-Oui. J'ai fait l'Indochine. J'ai pu en rentrer vivant, mais tant de camarades sont morts là-bas !
-Monsieur, je vous félicite pour votre courage. Bonne soirée.
Brève mais inoubliable rencontre. J'ai aimé le sourire un peu las de cet homme, son maintien, sa dignité, sa gentillesse. Il a donné à sa patrie une partie de sa vie. Il est juste, qu'en retour, il soit honoré et reçoivent d'elle le juste dédommagement de son engagement. Je ne le reverrai sans doute jamais plus ce modèle de soldat des troupes dites "coloniales", à qui la France doit tant pour sa Liberté et son Honneur. Qu'on ne les oublie jamais ces hommes-là, qu'ils restent dans nos mémoires et dans nos coeurs, et qu'ils ne meurent point dans l'amertume née de notre ingratitude.
3 commentaires:
A l’attention d’Olibrius et de Philippe Poindron :
Pour une fois que vous êtes concernés par la même question … et un clin d’œil à chacun : il s’agit d’une question de vocabulaire. Cf. billet ‘Rectificatif-
En dépit de ses « déplorations » régulières sur son petit et pauvre niveau de connaissances, de langue, de statut social, bref de tout, qui ne serait jamais à la hauteur, Olibrius utilise un mot qui m’est inconnu ( pour éviter toute méprise, je précise que c’est de l’humour, peut-être pas très futé j’en conviens )- et que P. Poindron reprend >> mystère : que veut dire « Boudiou » ????
Jamais entendu dans mes contrées qui doivent être plus sauvages que les vôtres. Serait ce parce que je ne fréquente pas la capitale que je saisis pas le sens de ce mot qui doit appartenir au registre argotique ?
J’ai donc posé un geste d’humilité et je suis allé voir sur Google et j’en suis revenu – ne comprenant toujours pas de quoi vous parlez.
Boudiou ?? = « Bon Dieu » ? le nom d’un Pont ? etc. etc.
Y a-t-il un lien ave la Fédération de Parents qui était l’objet du billet ??
NB 1. Par contre, ce que j’ai saisi que vous vous entendiez comme « larrons en foire » sur cette question → donc Olibrius ayez espoir : vous pouvez être compris et je vous comprends – habituellement - même si le poil à gratter me démange de temps à autre…
NB 2. Et je comprends de la même manière P.Poindron qui, comme tout pédagogue de fond et de métier, sait s’ajuster à son interlocuteur, même inconnu.
Je crois qu il ne s’agit pas d’un pb de niveau social mais celui d’une écoute réelle qui oblige, de part et d’autre, à quitter ses habits anciens souvent brodés d’a priori (s) et de préjugés.
NB 3. Puisque nous sommes dans une question de langue, permettez –moi de vous rappeler comme je le fais malheureusement régulièrement à de nombreuses autres occasions – tant l’oubli ou la méconnaissance à ce sujet est grande, que le bon usage de l’orthographe demande que l’abréviation de Monsieur en français s’écrive ainsi : « M. » Dupont et non « Mr » Dupont - ce qui appartient à la langue anglaise ( = ‘mister’ en abrégé ).
NB 4. Ces "propos minuscules" font toute la grandeur d'une journée.
je vais imiter P.Poindron.
Ah délicieuse fourmi!!! (il me semble avoir compris que vous étiez une dame, me tromperais-je?)
Si vous regardez le dernier billet, je n'y comprends rien; mais vraiment rien. C'est un constat, qui ne m'entraine dans aucune négativité par rapport à moi-même. Mais comme ce que je lis m'intéresse, je réagis comme je peux, comme je veux et la provocation "intellectuelle" naturellement est une de mes façons.
Malheureusement P.P. se défile trop souvent quand j'aborde des points précis à ses affirmaztions et ce n'est pas le jeu! Alors je reste avec mes questions.
Pour boudiou, qui est une expression héritée de la langue d'oc, cela veut dire trés amoureusement Bon Dieu (pas l'insulte, l'autre.)
Quant aux M, Mr merci pour l'info.
Non, cher Olibrius, je ne me défile pas. Je ne comprends simplement pas toujours où vous voulez en venir. C'est pourquoi il m'arrive de vous répondre à côté. Je n'ai pas l'habitude de me défiler. Fourmi, dont je crois connaître l'identité (je la connais) sait que je dis vrai.
Je sens chez vous le désir de connaître Jésus, le refus de tout dogmatisme, le rejet de l'Eglise institutionnelle. Mais je ne vois pas exactement vos questions.
Je n'aime pas que vous vous diminuiez. Vous êtes très fin (Norman, du reste, le dit), et vous êtes un excellent poil à gratter. Et puis je ne suis pas une encyclopédie, et si j'ai des arguments quelquefois, je suis souvent démuni.
Amicalement.
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