Madame Michèle COTTA a produit un excellent éditorial dans le numéro du journal 20 minutes daté du 25 septembre. Quelle différence de ton d'avec le poulet venimeux du Monde dont je vous avais parlé dans un récent billet.
Elle intitule son article "Gâchis", et elle passe en revue les ravages et les gâchis qu'a suscités l'affaire Clearstream : gâchis chez les journalistes "qui ont mis la main sur le document" (le fameux listing) qu'ils n'auraient jamais dû toucher (tiens ! apparaît ici la vertu de prudence, et la réflexion morale), gâchis pour les "seconds couteaux", et plus précisément Ihmad LAHOUD qui "a mis en circulation les listes sorties des fichiers informatiques" (là, madame COTTA est indulgente : monsieur LAHOUD avoue les avoir falsifiées !), gâchis pour monsieur GERGORIN, qui, en corbeau diligent, a transmis les listings au juge (il reste à savoir, selon moi, s'il avait connaissance de leur falsification), gâchis pour le jusque-là irréprochable Général RONDOT, "que son rôle dans l'enquête a fini par ridiculiser", gâchis pour le juge VAN RUYMBEKE, qui a été mené en bateau, gâchis "surtout évidemment pour Dominique de VILLEPIN, [...] accusé d'avoir voulu abattre, de cette façon, Nicolas SARKOZY", gâchis pour le Président de la République : "aujourd'hui Président dit-elle, ne gagnerait-il pas à pratiquer le pardon pour oublier l'éventuelle offense plutôt que de parler de coupables ? Ce serait une façon de sauver, avec panache, la seule vraie perdante de Clearstream, la politique".
Cette façon équilibrée d'envisager l'affaire me plaît. Elle apprécie les diverses circonstances, les personnes, les actes avérés des protagonistes de l'affaire. Et j'aime sa conclusion. En effet, il y aurait de la grandeur à pardonner. Peut-on le demander aujourd'hui en ce monde où ne comptent que l'efficacité, la prétendue transparence, l'exacte pesée des pensées et des responsabilités au regard de la loi, l'absolue négation des faiblesses humaines (puisque l'homme peut tout et est à lui-même sa mesure !) ?
Ah, tout le monde n'est pas Louis, duc d'Orléans, qui devenu Roi de France sous le nom de Louis XII après la mort de son frère aîné, disait au duc de la Trémouille : "Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans" . Louis avait pourtant de sérieuses raisons d'en vouloir à ce grand seigneur qui l'avait fait prisonnier à la bataille de SAINT-AUBIN-DU-CORMIER, le 28 juillet 1488. Il avait pris la tête d'une révolte des grands féodaux contre la Régente Anne de BEAUJEU, et le duc l'avait battu.
Ah, tout le monde n'est pas Louis, duc d'Orléans, qui devenu Roi de France sous le nom de Louis XII après la mort de son frère aîné, disait au duc de la Trémouille : "Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans" . Louis avait pourtant de sérieuses raisons d'en vouloir à ce grand seigneur qui l'avait fait prisonnier à la bataille de SAINT-AUBIN-DU-CORMIER, le 28 juillet 1488. Il avait pris la tête d'une révolte des grands féodaux contre la Régente Anne de BEAUJEU, et le duc l'avait battu.
Vu sous cet angle, alors j'approuve. Le Président de la République ne venge pas les injures de Nicolas SARKOZY. Cela pourrait être juste et exemplaire. Mais seulement sous cet angle, et non sous celui qui dénie à l'injurié le droit de se défendre.
4 commentaires:
pour louis et la trémouille je m'en fichez mais pour votre conclusion entre sarko et villepein je suis tout à fait d'aqccord. Cela change de votre billet dernier concernant cette affaire. bravo PP, vous êtes comme tout le monde vous évoluez dans le bon sens!
Ce serait une façon de sauver, avec panache, la seule vraie perdante de Clearstream, la "politique". SIC
J'avoue que ce billet m'a surpris par rapport au dernier sur Villepin. On a le droit de changer d'avis et d'être miséricordieux avec les tricheurs et les menteurs de la politique. Je cite aussi "Quand on est tout puissant" Sarkozy n'est pas Le Roy LOUIS, ou seulement pour 5 années, c'est une très grosse différence. En enterrant cette affaire j'entends ces mêmes crier au scandale, sur la justice vis à vis des politiciens qui s'accordent entre gens du même milieux. "les loups ne se mangent pas entre eux" etc... Non Madame COTTA, je pourrai dire la Bayrou de l'audio visuel, par votre position bien connue "du milieux du gué" elle nous a conduit a ce genre d'information que nous distille chaque jour vos radios et vos télés. Il ne faut pas oublier que Madame Cotta doit sa belle ascension à la gauche et en particulier à Mitterand.Et pour finir le duc de la Trémouille était compétant dans l'art de la guerre, et trés puissant. Le Jeune ROI avait fait contre mauvaise fourtune bon coeur.C'était un choix politique plein de bon sens....mais c'est une autre histoire
Cher Norman, je maintiens (a) que cette affaire Clearstream a été montée de toute pièce avec la complicité de très hautes personnalités de la politique et que le Président de la République est tout à fait fondé à demander réparation ; (b) je me place dans ce billet dans une autre perspective qui est celle de l'honnête homme, ou plus exactement de l'aristocrate. Il est vrai, pour moi, que le pardon des offenses est un acte noble. Je ne suis pas sûr que ce pardon serait interprété ainsi, car il se trouverait certainement des antisarkozystes viscéraux pour dire que c'est par calcul politique que le pardon est accordé.
Je n'ai aucune sympathie personnelle et a fortiori politique pour monsieur de VILLEPIN dont les conseils au Président CHIRAC nous ont valu une désastreuse dissolution et les 35 heures de madame AUBRY. Son flair politique me paraît assez mince. Ceci, non pas pour vous faire plaisir, mais parce que je le pense.
Amicalement.
PS : madame COTTA est tout à fait le BAYROU de l'audiovisuel. Mais ce qui m'a plu dans son éditorial, c'est qu'elle fait la part des choses ce que ne fait pas le folliculaire anonyme du Monde.
Cher monsieur, comme dans votre nouveau billet, et la réponse à mon commentaire nous sommes en parfait accord. Je suis toujours très heureux de vous lire. Avec mes meilleurs sentiments.
PS: Sans oublier olibrius.
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