C'est Christian CHESNOT, otage des islamistes irakiens, pendant 124 jours, libéré en décembre 2004. Les médias ont été peu bavards sur cet aspect du témoignage de ces otages. Un reporter de RFI fait une discrète allusion au "soutien que leur apporté la religion". Qu'il me pardonne, il n'a rien compris. Il ne s'agit pas ici de religion, de rites ou de pratiques. Il s'agit de la prière de disciples qui crient leur détresse à leur Seigneur. Voici, en effet, ce que Christian CHESNOT a confié à Luc ADRIAN, Journaliste à Famille Chrétienne, en janvier 2005, quelques jours donc après qu'il avait été libéré.
"La prière a été notre étoile dans les ténèbres. Elle nous a sauvé la vie ! Dans ces circonstances exceptionnelles, il ne reste plus que l'essentiel. Et pour nous [Christian parle aussi au nom de son compagnon d'infortune avec qui il priait], c'était Jésus et Marie. quand vous êtes au fond du trou, dans la détresse et l'angoisse, face à la mort, vous vous retrouvez face à vous-même... et face à Dieu".
Au journaliste qui lui demande : "Peut-on encore prier quand la peur fait vomir ?", Christian répond :
"Non, mais on peut crier. Et ce cri est une prière ! Vous ne pouvez pas tenir à un niveau de stress maximal pendant des jours avec la tête qui explose, la peur qui tord les boyaux, le moindre bruit qui vous fait sursauter et suscite les pires images - celle de votre exécution - que vous ne contrôlez pas... Ce n'était donc pas une prière "normale", détachée, tranquille, qu'on peut dire la matin avant de partir au bureau, après avoir bu son café. C'était en même temps un cri de détresse presque physique, un appel spirituel intense, une soupape psychologique, un clapet de l'instinct de survie... Le dernier recours, le dernier refuge, la dernière humanité. Tout cela s'est mêlé, certainement. mais une chose est sûre : c'était la seule façon de goûter un peu de paix et de sérénité."
Voyez-vous, tout est dit ! Christian parle de son expérience de la présence de Dieu, d'un Dieu qui ne se désintéresse pas du sort des hommes ses enfants, d'un Dieu de VIE, d'un Dieu qui habite tout à la fois l'âme, le psychisme et le corps. Merveilleux et puissant témoignage d'un chrétien qui avoue avoir été croyant, mais assez peu pratiquant et que des circonstances dramatiques amènent à rencontrer autrement, en profondeur une personne. Vous l'avez noté ; il dit JESUS, et non pas CHRIST, et il dit MARIE, et non pas la Sainte Vierge. Personnes vivantes en son coeur.
Me direz-vous, pourquoi nous rappeler tout cela ? Ce n'est pas un anniversaire. Il n'y a aucun événement particulier qui justifierait une remémoration. Certes non ! Mais en ces heures sombres pour l'humanité (guerre, argent, trafic, épidémies, violences de toutes sortes, tyrannie, exécutions d'innocents, emprisonnement), il est bon de respirer un peu sur les cimes, avec des hommes qui ne se présentent pas comme des surhommes, mais comme des êtres de chair et de sang, comme des témoins d'un bouleversement intérieur, comme des pèlerins de l'invisible.
Merci à Christian CHESNOT et à Georges MALBRUNOT pour leur simplicité de coeur. Comme quoi quand un journaliste parle de faits et d'expériences personnelles, il peut nous toucher très profondément.
4 commentaires:
oui il est bon de respirer mais même un air "élevé" sent encore la médiocrité de l'humain. Je ne vois pas comment s'en sortir si Jésus ne s'en mêle pas. Et s'il attend que tout le monde soit d'accord et "réglo" pour re-venir nous ne sommes pas sortis de l'auberge.
Cher Olibrius, j'ai souvent entendu Jésus m'a aidé, Jésus m'a sauvé, mais jamais Marx m'a sauvé. Alors même si c'est une belle histoire elle a le mérite de "rendre service" pour mieux respirer. Et même plus, il suffit de relire Hans-Peter Dürr (Prix Nobel alternatif de Physique): "Même la science parle en paraboles", 2004. Amicalement.
mais là je suis d'accord avec vous, mais il ne faut pas mélanger les choses comme font beaucoup de personnes. Jésus m'a sauvé, je puis le dire et en témoigner pour moi. Marx, je n'ai pas l'expérience. N'empèche que Jésus, par délégation spéciale de son Père, ne vous sauvera pas contre votre propre désir ou volonté; comme le croient trop de personnes soi-disant "charismatiques" dans le mauvais sens du terme.
Nous touchons là à une question essentielle. D'abord je rappelle que Jésus a bien dit qu'il venait jeter un feu sur terre et qu'il lui tardait qu'il soit allumé, il a dit qu'il était un signe de contradiction, qu'à cause de son nom le fils se dresserait contre son père, la brû contre la belle mère, et enfin il a dit qu'il viendrait au moment où on ne l'attend pas. En somme, il n'avait aucune illusion sur l'homme. Et pourtant, il est venu le sauver, d'une manière que nous n'arrivons même pas à comprendre. Car le salut est gratuit ; nous n'avons pas à le mériter, mais simplement à l'accepter. Tout cela est très simple. Et rien ne se fait sans que nous engagions notre liberté. Nous ne voulons pas de Dieu ? Il ne s'impose pas, et se retire du monde "sur la pointe des pieds". Bien entendu, je ne prétends connaître l'histoire dans sa totalité. Mais enfin la modernité sans Dieu est-elle un progrès pour l'humanité ? Il faudrait demander leur avis aux prisonniers des goulags, ou des camps de rééducation chinois, ou aux survivants des camps de concentration, ou aux prisonniers de GUANTANAMO (je parle ici de ceux qui ont été emprisonnés sans preuves, et sont innocents ; il y en a). De telles horreurs étaient tout simplement inconcevables quand l'Occident était encore "chrétien", au moins sociologiquement. BERNANOS dans La France contre les robots décrit avec horreur la bonne conscience des pilotes de bombardiers qui après avoir largué des tonnes de bombes sur des civils rentrent dîner chez eux le soir avec leur femme et leurs enfants.
Certes, des horreurs, des crimes de guerre ont toujours existé ; ce qui a changé, c'est la manière dont on les juge en fonction de son idéologie. Voilà le fait nouveau. C'est la conséquence de Descartes, des Lumières, de Kant et de Hegel (filiation logique). Il nous faut revenir à une philosophie spéculative qui soit un peu plus solide que les folies des deconstructeurs, des nihilistes, et des "nouveaux philosophes";
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