vendredi 25 septembre 2009

A propos de la vaccination contre la grippe

Fourmi nous envoie un très long texte relatif à la vaccination contre le virus de la grippe type A, sous-type H1N1. Si j'utilise ces termes techniques, c'est à dessein.

Pour commencer, je redirai, de mémoire, ce que Claude ALLEGRE disait si bien dans une émission matinale de radio : "La décadence de l'Occident c'est de mettre la croyance à la place des faits". Je cite de mémoire, et il est possible que ce ne soit pas exactement la manière dont l'ancien ministre a parlé ; ce dont je suis sûr, c'est que les mots décadence, Occident, croyance et faits étaient inclus dans son propos.
(a) Je rappelle à mes lecteurs que j'ai enseigné la virologie pendant 30 ans à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg, tant à la Faculté de Pharmacie, qu'à celle de Médecine (au troisième cycle dans ce cas).
(b) Les virus grippaux, pour infecter une cellule doivent posséder à leur surface une molécule, l'hémagglutinine (abréviation H), qui reconnaît à la membrane cytoplasmique (côté extérieur) des cellules cibles (les cellules pulmonaires) des molécules particulières, appelées mucoprotéines. La partie stratégique de ces molécules, appelées aussi récepteurs, est un sucre lié d'une manière particulière au reste protéique ou glycoproteique du récepteur. Si une hémagglutinine de virus grippal est incapable de reconnaître ces récepteurs, le virus n'est pas infectieux.
(c) Si un virus grippal adapté à l'animal infecte l'homme (grippe dite "aviaire", par exemple, avec le virus grippal de type A, sous-type H5N1), c'est que son hémagglutinine reconnaît des récepteurs sur les cellules des poumons. Normalement, les trois sous-types qui infectent couramment l'homme, les virus H1N1, H2N2 et H3N2, reconnaissent ces récepteurs situés sur les cellules pulmonaires humaines. Le virus H5N1 reconnaît des récepteurs différents, très faiblement exprimés par les cellules pulmonaires humaines et en des parties localisées et basses des poumons. Ceci explique son faible pouvoir infectieux pour l'homme.
(d) Pour qu'un virus grippal - quelle que soit son origine - infectant l'homme, soit contagieux pour d'autres hommes, il faut que les cellules pulmonaires réalisent certaines transformations (appelées clivages protéolytiques) de l'hémagglutinine. Je m'explique. Dans une cellule infectée par le virus grippal, l'hémagglutinine est synthétisée sous une forme appelée H précurseur. Sous cette forme l'hémagglutinine ne peut pas reconnaître de récepteurs. Il faut que la cellule hôte du virus coupe cette hémagglutinine en deux morceaux, qui seront liés entre eux par des liaisons relativement labiles, appelées ponts disulfures. Si une cellule hôte ne peut faire cette transformation, elle relâche dans le milieu extérieur des virus qui ne sont pas infectieux.
(e) Le protocole de préparation des vaccins est au point depuis des dizaines d'années. Chaque vaccin (qui doit être renouvelé tous les ans, en raison des mutations subtiles qui surviennent dans l'hémagglutinine et qui rendent inopérantes les vaccinations antérieures) est préparé comme il suit. L'OMS distribue au laboratoire la souche supposée être la souche prévalente de l'année, celle qui va provoquer des épidémies, ou des grippes localisées (saisonnières), ou des grippes sporadiques (celles-ci sont dues surtout au virus grippal de type B qui ne présente pas de mutations aussi fréquentes et nombreuses et n'a pas cette palette de 12 hémagglutinines [H]et 9 neuraminidases [N], et ne possède qu'une H et qu'une N). Les laboratoires adaptent la souche à l'oeuf de poule embryonné. L'embryon de poule est entouré d'une poche ou cavité, dite allantoïdienne, rempli de liquide. On inocule le virus grippal dans cette cavité, et l'on recueille ensuite le liquide allantoïdien qui est bourré de virus. Celui-ci est purifié (différentes méthodes de purification éprouvées existent) et il est ensuite inactivé (tué) par une substance dépourvue de nocivité pour l'homme (en général de la bêta-propiolactone). Ensuite, et c'est là le point qui peut faire débat, on ajoute au vaccin pour renforcer la réponse immunitaire, un adjuvant de l'immunité. Il en existe plusieurs types, mais ils sont utilisés depuis longtemps sans que l'on ait pu démontrer une nocivité systématique. Or il semblerait, mais je ne suis pas plus renseigné que vous, que certains vaccins contre le sous-type H1N1 contiennent (je devrais "continssent", pour la beauté de la concordance des temps) des substances dites "accélérateurs", dont les effets ne sont pas bien connus. Je ne sais pas si c'est vrai ; je me contente de rapporter ce que j'ai lu dans les sites alarmistes.
(f) En résumé, un vaccin dirigé contre le virus H1N1 et préparé selon des méthodes éprouvées qui sont utilisées depuis des décennies ne présente pas plus de danger que les vaccins que vous vous êtes fait administrer jadis. Libre à chacun de se déterminer. Mais si j'étais un sujet à risque, je me ferai vacciner. Tout le reste relève de la grande peur irraisonnée, comme la peur de l'an mil !
J'espère avoir été clair.

5 commentaires:

NORMAN a dit…

Et bien voila Geneviève la réponse de l'homme de l'art, reste que les signataires cherchent un vaccin à base de bouilli d'ortie.

olibrius a dit…

eh bien je n'ai pas compris grand chose à la démonstration de l'homme de l'art; sauf que je sais maintenant que je dois avoir des récepteurs bloqués ( ceux de l'intelligence peut-être). Là j'aurai bien voulu placer une citation latine, mais je ne retrouve pas mon dictionnaire .

Philippe POINDRON a dit…

Je crois avoir donné une opinion scientifiquement fondée. Mais je ne prétends pas avoir la science infuse. Je dis seulement qu'il y a des craintes irraisonnées, aussi bien du côté de l'opinion publique, que des autorités. Et j'avoue ne pas bien comprendre.

Pour la démonstration, je vais la résumer. Pour qu'un virus de la grippe soit infectieux pour l'homme, il faut qu'il puisse pénétrer dans les cellules cibles pulmonaires. Pour qu'il soit trasmissible d'homme à homme, il faut que les cellules pulmonaires infectées libèrent un virus infectieux, et ce n'est pas un phénomène universel. Il dépend de l'espèce animale à laquelle la cellule infectée appartient. En somme un virus peut se mimtiplier dans une cellule et être libéré par elle dans le milieu extérieur sous une forme non infectieuse. Voilà qui est plus clair et plus simple.
Amitié à tous mes lecteurs.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Merci à chacun d’avoir éclairé ma lanterne au sujet de la pétition anti-vaccination.
Je suis donc ma première réaction qui est de ne pas la considérer.

NORMAN a dit…

Ah bonne Fourmi vous êtes une merveilleuse élève !