Toute affaire cessante, il faut que je vous fasse part des réflexions publiées dans le Journal Le Monde du 28 octobre 2005 sur un sociologue plus qu'octogénaire ; l'article, dont je ne connais pas l'auteur, avait pour titre Zymunt BAUMANN ou "l'instinct moral ". Certes, si je n'avais pas lu le petit livre de Régine PIETRA consacré à La Chine et le confucianisme aujourd'hui, jamais je n'aurais su l'existence de ce penseur, internationalement connu, sauf en France. Curieux n'est-ce pas, qu'il ne le soit pas ? Ou plutôt, pas curieux du tout, quand on voit bêtement les médias pourfendre "l'ordre moral", en faisant du reste, et volontairement, un contresens sur la signification réelle du terme ; on le doit à MacMAHON qui l'opposait à l'ordre matériel.
Dans son livre remarquable, Régine PIETRA montre combien le perfectionnement personnel et la vie morale était un élément important de "la vie bonne" pour les confucianistes. Et, dans une note infrapaginale (page 151), elle appelle à sa rescousse ce penseur. BAUMANN, dit-elle, porte sur la civilisation contemporaine un regard peu amène. Selon lui, la seule façon d'échapper au désastre d'un monde dominé par la rentabilité et l'efficacité serait de rapatrier au coeur de nos pratiques individuelles les émotions exilées ou rebelles, à commencer par les sentiments moraux, car l'instinct moral est la seule source possible d'un comportement autonome, dans la mesure même où il ne peut être ni contrôlé, ni codifié, ni exploité en vue d'un objectif étranger à ses fins.
J'ai cru m'évanouir de joie en lisant ces lignes, car elles viennent d'un SOCIOLOGUE et non pas d'un PHILOSOPHE, c'est à dire d'un homme qui réfléchit sur la manière dont la société s'organise, se structure, fonctionne, laisse naître en elle des conflits, et cherche à les résoudre. Je retrouve là, beaucoup mieux exprimé, des intuitions personnelles, et notamment celles-ci (a) que le seul principe de modification sociale est la modification de nos comportements individuels ; (b) que ces modifications ne peuvent venir que d'une délibération intérieure qui interroge la conscience, et non d'un quelconque Comité National Consultatif d'Ethique, qui définit des normes extérieures à la conscience ; (c) que la morale est un art de vivre et n'a rien à voir avec l'éthique.
Nous ne pouvons sortir de notre marasme social et sociétal si nous n'éduquons pas notre conscience. C'est un devoir impératif de l'enseignement. Il semble avoir échappé aux professeurs des écoles, des collèges, des lycées et des universités, tout aveuglés par l'idéologie laïcisme et qui confondent morale et religion, morale et éthique. A défaut d'être papistes, ils pourraient jeter un petit coup d'oeil sur les pensées de CONFUCIUS et de ses commentateurs (nombreux). Ils seraient très étonnés, et, je l'espère, convaincus, de la pertinence de l'idéal confucéen. Je ne partage pas tout de son propos. Mais il y a du bon à y prendre ! Affaire à suivre. Je me sens moins seul.
2 commentaires:
Cher Monsieur,
nous sommes d'accord!
Socrate, Confucius, Bouddha et Jésus nous ont rappelé les valeurs importantes pour vivre en paix. L'argent n'y est jamais évoqué comme valeur primordiale. Parmi les trois colonnes qui tiennent l'homme débout: le matériel ( un toit et manger à sa faim), l'amour et la spiritualité, la dernière passe souvent à "la trappe". Et dans nos écoles publics cette troisième colonne est souvent présentée avec mépris.
Amicalement
Cher monsieur
Ne vous évanouissez pas je suis tyrop loin de vous pour vous apporter les premiers secours. (C'est bien sur à double sens)
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