lundi 25 octobre 2010

Effaré, je suis effaré

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C'est une chose entendue : le droit de grève est un droit constitutionnel. Il donne aux grévistes un droit unique : celui de cesser de travailler ; mais il ne leur donne pas le droit d'empêcher les autres de le faire. Or c'est très exactement ce que les ouvriers et employés des dépôts de carburants sont en train de nous imposer.
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J'ai entendu le responsable syndical de l'un de ces dépôts dire que ce qu'il cherchait était de provoquer un maximum de dégâts économiques. Il ne précisait pas dans quel secteur, et sans doute peut lui importait. Cette position implique deux dispositions d'esprit particulières et peut- être même plus. (a) Ce responsable défend les intérêts d'un groupe au détriment d'autres groupes sociaux ; il ne cherche pas le bien de tous, mais un bien particulier ; son raisonnement a sans doute une valeur idéologique et politique, mais il n'a aucune valeur morale. Il ne doit donc pas s'étonner, dès lors, de trouver devant lui des groupes ou des personnes tout aussi dépourvues de moralité. Je le redis pour la cinquième fois dans ces billets : le propre de l'idéologie est d'être insensible au sort de l'homme concret. Foin des artisans, des professions libérales, des agriculteurs, des commerçants qui, simplement pour vivre, ont besoin de se déplacer. Qu'ils crèvent, pouvu que nous leur survivions ! (b) Ce responsable, en deuxième lieu, raisonne comme Louis XV : "Après lui, le déluge". Il y a des entreprises au chômage technique dont les employés sont privés de salaire ; le pays est obligé d'importer à grands frais des produits pétroliers de Belgique, de Hollande, d'Italie, et aggrave ainsi le déficit du commerce extérieur, qu'il faudra financer par un emprunt que tous les Français, les employés des dépôts y compris, devront rembourser. (c) L'image de notre pays est durablement affectée : la France est synonyme de chaos, de désordre en tous genres, de pays dont les citoyens sont en grèves incessantes. Mais de cela, les responsables syndicaux (je ne parle pas des grands responsables, type Jean-Claude MAILLY, Bernard THIBAULT ou CHEREQUE) n'en ont cure. Ils donnent l'impression de vivre au jour le jour : "Puisque ces événements nous échappent, feignons de les organiser" semblent-ils nous dire. Ils ont ouvert la boîte de PANDORE et regardent, ébahis, les démons qui s'en sont échappés.
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Il n'y aura ni vainqueurs, ni vaincus dans cette lutte suicidaire. Il n'y aura que des victimes. Et une aggravation prévisible de l'état de notre économie, d'insolubles difficultés quand il s'agira de parler plus tard des nouveaux et indispensables ajustements du régime des retraites et une pauvreté croissante. C'est ce que l'on appelle la solidarité dans le dénuement.
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Je souhaite simplement qu'aucun des proches des irréductibles grévistes n'ait à être transporté d'urgence à l'hôpital et ne puisse le faire faute de véhicules approvisionnés en carburant. Ces aveugles n'auraient que leurs yeux pour pleurer, et ne pourraient s'en prendre qu'à eux-mêmes. Je souhaite que jamais ils ne voient leur réfrigérateur vide et qu'ils ne puissent le remplir en raison des ruptures de stock des magasins qui ne seraient plus livrés. Je souhaite que jamais ils ne soient obligé de laisser seuls leurs enfants à la maison, sans surveillance, au motif que les établissements scolaires sont fermés, les transports scolaires supprimés, et les personnes susceptibles de les dépanner incapables de se déplacer. Politique de l'autruche, l'un des animaux les plus bêtes de la création.
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Effaré, je suis effaré devant tant d'inadaptation à la réalité, d'égoïsme, d'idiotie. Je redis ici qu'étant un privilégié, je comprendrais très bien que l'on diminuât le montant de ma pension pour permettre à d'autres d'en avoir une plus élevée. C'est même une proposition formelle. Je ne suis pas immortel, et je n'emporterai pas avec moi mes billets de banque. On me demandera, Il me demandera, simplement : "As-tu aimé ? " Comme je voudrais pouvoir répondre : "Oui, Seigneur, j'ai aimé". Mais sachant que ce serait un mensonge, je dirais :" j'ai essayé mais je m'en remets à ta miséricorde".
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