mercredi 27 octobre 2010

Une femme politiquement incorrecte

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Notre jeune et jolie secrétaire d'état au sport, Rama YADE, vient de publier un petit ouvrage intitulé Lettre à la jeunesse. Les journaux en ont peu parlé. Et pour cause. Rama est politiquement incorrecte. Tout de même, Le Point du 7 octobre (N°1986), après avoir consacré un article fort intéressant à la jeune femme, publie une bonne feuille de cette lettre. Je me fais un devoir de vous la communiquer :
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"Contrairement aux vains débats de ces dernières années, ni la question des moyens (nous dépensons plus que voisins pour l'éducation nationale), ni la qualité de nos enseignants (qui sont bons) ni le nombre d'élèves par classe (pas plus élevé que chez nos voisins) n'expliquent la gabegie : le fond du problème est le collège unique. Crée en 1975, il prévoit que l'entrée au collège, après le primaire, est accessible à tous et que la formation y est la même pour tous. Autant dire un moule homogène auquel les élèves doivent se conformer... ou pas. Pour ceux qui n'y arrivent pas, c'est le découragement qui guette (...). A moins qu'ils ne finissent par en être exclus. Comme de toutes les façons, avec le collège unique, tout le monde doit être conduit au forceps jusqu'en troisième, ils seront obligatoirement re-scolarisés dans un autre collège. On tourne en rond. [...]. En démocratisant massivement l'accès à l'enseignement secondaire, on avait sans doute eu de bonnes intentions : répondre à la passion profonde des Français pour l'égalité. Le problème c'est que vouloir faire faire la même chose à tout le monde ne fait pas l'égalité des chances. L'école républicaine, version collège unique, n'a pas su gérer la diversité des situations et des aptitudes. [...]."
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Voilà des propos de bon sens, qui ont le mérite de prendre en compte les situations concrètes. La véritable égalité des chances consiste à donner les mêmes possibilités à ceux qui ont des aptitudes analogues ou voisines ainsi que des vocations et des désirs proches. Mais dire cela est politiquement incorrect. Pourtant, je puis vous affirmer qu'ayant conduit des dizaines d'entretiens (sur la prise en charge des élèves en difficultés) auprès de personnels de l'Education Nationale dans près de 20 % des collèges du Bas-Rhin, c'est bien ce lancinant problème qui était constamment mis sur le tapis par mes interlocuteurs. Vous pouvez consulter les références de cette étude sur le site internet de l'Institut pour la Promotion du Lien Social.
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Je vous parlerai bientôt d'une autre femme politiquement incorrecte. Mais saluons déjà le bon sens, le sens de l'homme concret de notre pétillante ministre.

2 commentaires:

Geneviève CRIDLIG a dit…

J’abonde totalement. S’il y a eu une réforme dans l’Education nationale que j’ai considérée, dès son « installation », comme étant complètement idiote, folle et profondément nocive, nuisible, destructrice, aussi bien des élèves, que des enseignants et de la qualité intrinsèque des divers enseignements, c’est bien celle qui, tombée du ciel ( mais lequel ?), s’est imposée comme une contribution fondamentale au principe dit républicain de l’Egalité.

Et malheur à qui oserait émettre un jugement – que dis-je, même une simple opinion contraire !
A l’époque, je me suis risquée à le dire et à prédire que dans les 20 ans à venir ce serait le ‘foutoir’ et le ‘bordel’ complets dans tous les établissements scolaires - publics et privés dans le même sac - , ( excusez-moi : je n’emploie jamais ces termes mais ils ont toujours été ceux qui me venaient à l’esprit pour désigner la situation )

Quelles réactions violentes, méprisantes ! De la part de collègues, de divers syndicalistes pour qui j’étais aussitôt cataloguée et reléguée dans la catégorie des défendeurs de l’élitisme, des partisans d’une injustice sociale inadmissible à l’ère des lumières du moderne XXème siècle – enfin on allait sortir d’un système vieillot voire raciste – enfin on allait voir ce qu’on allait voir...

Et bien on a vu.
Et on continue à voir les dégâts multifacettes de ce système contre lequel je n’ai cessé de m’élever de différentes façons.
Encore aujourd’hui je retrouve la même atmosphère. Simplement on ressort quelques anciens sujets de discorde : un examen en fin de primaire ? Un examen de passage pour la 6ème ? Même notre bon vieux certificat d’études retrouve une séduction nouvelle > Voilà ce qu’il faut reprendre pour que « ça » aille mieux...

Arrivée en fin de course dans un métier que j’ai toujours profondément aimé, j’ai toujours regretté de n’avoir pas pu enseigner librement, enserrée dans un cadre étouffant et au final meurtrier.
J’ose ajouter que, pour moi, les élèves qui ont le plus souffert et souffrent encore actuellement, ce ne sont pas ceux dits ‘en difficulté ’ mais ceux dits ‘ intelligents’ : aїe aїe aїe qu’ai-je dit... Au secours !

De toute façon, peut me rétorquer tel jeune, à quoi ça sert d’étudier puisqu’il n’y a de moins en moins de métiers à la sortie... Erreur, erreur ...lui dirais-je, mais ceci est une autre perspective. A voir peut-être plus tard > dans un autre billet ?

Philippe POINDRON a dit…

Ah, chère Fourmi, comme j'abonde dans votre sens. Combien de professeurs principaux, de chefs d'établissements, de directeur de SEGPA n'ai-je pas entendu se plaindre de ce système inique ? ARISTOTE disait : "Rien n'est plus injuste que de traiter également des gens inégaux". Je préfèrerais mettre "différents" qu'inégaux, mais c'est ce qu'il a dit. Il y a des moyens parfaitement objectifs de détecter les aptitudes et d'aider les jeunes à élaborer un projet de vie. Mais, et vous le dites fort bien, il y a les idéologues (en général des "intellectuels" loin du terrain, des imbéciles au sens de BERNANOS), qui polluent la vie de la cité par leurs élucubrations et leur égalité abstraite. La véritable égalité des chances, c'est de donner à un enfant doué mais d'une famille peu fortunée, les moyens matériels, humains, psychologiques et de mettre ses dons en pratique, autant qu'un enfant né dans une famille plus aisée et baignant dans le désir d'apprendre peut en disposer. BOURDIEU et PASSERON ont fait des dégâts considérables. Et le collège u[i]nique, mis en oeuvre sous le septennat de Mr GISCARD d'ESTAING, est bien une des mesures les plus démagogiques de toutes celles qu'a prises ce mauvais Président de la République.