vendredi 8 octobre 2010

Et ils n'ont pas honte

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Je ne sais pas qui est à l'origine de l'appel lancé aux lycéens et collégiens, un appel qui les invite à manifester contre le projet de réforme des retraites. Si les leaders syndicaux ou leurs relais sont responsables de ce mauvais coup, je partage l'avis de monsieur Raymond SOUBIE, conseiller du Président de la République qui souligne l'irresponsabilité de tels agitateurs.
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Nos jeunes sont manipulés. On ne cesse de leur délivrer un message univoque, emprunté à papa MARX, pimenté d'un hédonisme égoïste. L'éducation nationale, les médias audiovisuels, les sites internets, les réseaux sociaux et une grande partie de la presse écrite se font les haut-parleurs de cette vision de la vie. Tout dans l'immédiateté, après nous le déluge.
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Demander [officiellement] à des jeunes de 15-17 ans de penser à une retraite qu'ils prendront au mieux dans 50 à 55 ans est tout simplement irrationnel. Nul ne peut prévoir ce que sera à ce moment-là notre situation économique et démographique ni même ce que seront les métiers d'alors dont certains ne sont pas encore nés. En réalité, cette initiative consiste à demander à nos jeunes de soutenir l'opposition de certains salariés, essentiellement des fonctionnaires, à des mesures qui les touchent dans un proche avenir, mais dont nul ne peut dire si elles seront encore en vigueur, adoucies, ou, plus vraisemblablement aggravées en l'an 2060.
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De plus, ces jeunes que l'on sollicite, ce sont eux qui, dans 5 à 10 ans, vont devoir cotiser pour payer les pensions de futurs retraités aujourd'hui inflexibles dans leur égoïsme. Qu'ils ne s'y trompent pas, ces jeunes, ils seraient les premières victimes d'un statu quo explosif. Si des jeunes, à qui s'ouvre grand la vie, et qui normalement aiment le risque, adhèrent du fond d'eux mêmes aux revendications des grévistes, ils sont déjà vieux, et ils participent à la décadence de notre patrie.
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Mon père, qui était pharmacien, a cessé de travailler à 72 ans révolus. Il ouvrait son officine à 8 h 30, et fermait à 20 h. Il fallait y ajouter les gardes de nuit. Il restait debout toute la journée. Celui qui n'a jamais fait ce métier ne peut savoir combien il est harassant : piétinement, contrôle de la délivrance des médicaments, enregistrement des adresses dans l'ordonnancier. Mon voisin, en Alsace, était cardiologue. Moi-même très matinal, je partais souvent à la faculté vers les 6 heures-6 heures 30 du matin, en même temps que lui. Il n'était jamais rentré avant 22 heures. Et n'hésitait pas à se déranger la nuit pour ses malades ou pour les gardes. Il a cessé de travailler à 70 ans. Un ami très intime a exercé le métier de kinésithérapeute - métier où l'on travaille debout et où l'on utilise beaucoup d'énergie musculaire - jusqu'à ses 70 ans, malgré des douleurs dorsales obsédantes. Un autre ami qui exerce le même métier ne cessera pas ses activités avant 70 ans. Un ami, éleveur de mouton dans les montagnes de SISTERON, a travaillé jusqu'à 75 ans, âge de sa mort. Je n'en finirai pas de donner une liste de personnes de mes connaissances qui sans jamais se plaindre d'un métier pénible, ont très largement travaillé au-delà des 60 ans fétiches. Allez, messieurs les leaders syndicaux, direz-vous que ces métiers ne sont pas pénibles ?
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J'ai moi-même travaillé jusqu'à 65 ans. J'aurais pu aller jusqu'à 68 ans. Si j'ai cessé mes activités universitaires, c'est (a) pour ne pas bloquer la carrière d'un de mes collaborateurs qui venaient d'être nommé professeur ; (b) pour ne pas perdre le poste budgétaire de professeur et ainsi permettre à un jeune d'être recruté sur un poste vacant ; (c) et je n'ai pas désiré être professeur émérite, ce qu'il m'eût été facile d'être. J'aurais fait piaffer d'impatience et d'irritation les enseignants-chercheurs en quête d'un bureau tranquille. Ah ! Je précise : j'avais 40 annuités, c'est-à-dire plus qu'il n'était nécessaire, et je suis parti pile le jour de mes 65 ans.
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Les manipulateurs de jeunes n'ont pas honte ? Ils ont tort. Et leur initiative tordu leur reviendra dans la figure comme un boomerang. Honte à eux, en effet, et une honte durable qui m'ôterait toute l'estime que je porte à certains d'entre eux s'il s'avérait qu'ils ont trempé dans la combine.
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1 commentaire:

potomac a dit…

Oui certainement, mais les jeunes n'ont-ils pas une jugeotte pour réfléchir un peu? Ils ne sont, pour la plupart, que dans l'anti, le contre et avec un manque d'éducation civique criant. Où sont service militaire obligatoire, éducation civique, engagement chez scouts ou autre groupe où l'on considère l'autre comme quelqu'un. Cela me fait pense au fait que j'ai rencontré ma voisine ce matin. A peu près 18 ans, "sapée" comme une duchesse, fardée comme une douairière et qui m'a regardé droit dans les yeux -qu'elle a fort joli d'ailleurs- sans me dire bonjour.