En
ce temps où il est de bon ton de balancer son porc, je ne résiste pas au
plaisir de porter à votre connaissance cet éloge du cochon quadrupède que Léon
BLOY a mis en tête du Tome I de ses mémoires intitulées Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, tout en stigmatisant
les cochons bipèdes qu’il eut alors à croiser lors de son exil en cette puante banlieue. Je dois dire que j'en apprécie l'humour.
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"Je
demande pardon aux pauvres cochons, ― à ceux-là qui marchent sur quatre pieds,
qui sont innocents, qui sont beaux, qui sont bienfaisants, qui sont chez les
charcutiers et que déshonore avec injustice le langage humain.
Je
demande pardon à ces humbles frères de les avoir ― par indigence d’imagination
ou pénurie de vocables ― assimilés irrévérencieusement à une catégorie
d’animaux puants dont la plus savante industrie des viandes serait inhabile à
utiliser le moindre morceau.
Pauvres
chers cochons ! de qui les boudins et l’honnête lard furent l’aliment de
ma jeunesse, dont la tête me parût, à dix-huit ans, le plus désirable des
fromages, et qui me consolâtes si souvent par la succulence de vos pieds
grillés dans la chapelure ;
Ô
cochons ! si aimables quand on vous fume, pélicans de l’adolescence
littéraire, vous que les poètes ont le devoir de chanter sous les lauriers dont
ils vous dépouillent ;
Je
vous prie de me pardonner."
In Léon BLOY.
Quatre
ans de captivité à Cochons-sur-Marne. (Pour faire suite au Mendiant ingrat et à Mon
journal.) 7e édition.
Tome
I. 1900-1902. (Avant-propos.)
Mercure
de France, Paris, 1935.
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