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Je
dédie ce passage de Nakae CHÔMIN à la très coruscante madame SCHIAPPA. Comme le
pauvre est mort, il ne risque pas d’être accusé de machisme et d’être traîné
devant les tribunaux pour sexisme… Je trouve que son analyse des
caractéristiques substantielles de l’homme et de la femme est assez percutante.
"Quelqu’un
pose la question : « Les Occidentaux disent que les hommes et les
femmes disposent des mêmes droits. Qu’en pensez-vous ? »
Maître
Crue d’Automne répond : « N’observez-vous donc pas le Ciel et la
Terre ? Le Ciel recouvre et la Terre porte. Le Ciel déploie ses bienfaits
et la Terre les reçoit. Le Ciel ne peut faire que la Terre ne porte ni ne
reçoive et la Terre ne peut pas faire que le Ciel ne la recouvre pour y
déployer ses bienfaits. Le droit de recouvrir et de déployer ses bienfaits
revient au Ciel, celui de porter et de recevoir à la Terre. Ils sont différents.
C’est après cela que le Ciel et la Terre donnent naissance aux dix mille êtres.
Si on inversait les rôles de sorte qu’ils aient les mêmes droits, le Qian deviendrait le Kun et vice-versa ; comment les êtres pourraient-ils voir le
jour ? L’être humain naît de la fine fleur du Ciel et de la Terre. C’est
sur eux qu’il prend modèle. Le Livre des
Mutations dit : « La voie céleste Qian s’accomplit dans l’homme,
la voie terrestre Kun dans la femme ». Comment pourrait-on pervertir la
parole des Sages ?"
Je
n’ose vous livrer la suite de cet article publié le 20 septembre 1878, dans le
journal japonais Keiun meiseiroku,
N°3. Je me ferai assassiner par les féministes. Mais si vous lisez bien ce
passage, vous voyez que si Nakae CHÔMIN insiste sur les différences entre l’homme
et la femme, et il parle surtout de leurs
droits respectifs, l’un à donner, l’autre à recevoir, sans que l’on y puisse
rien changer ! Il est intéressant de noter qu’il s’agit de droits, sans que
CHÔMIN y mette une quelconque idée de supériorité de l’un sur l’autre. On a ici
vraiment affaire à une pensée asiatique subtile et juste ; nous sommes
incapables d’en voir la justesse, car nous avons deux œillères : celui de
l’égalitarisme ; celui du rationalisme. Mais on peut être rationnel et
parfaitement déraisonnable : c’est le cas de madame SCHIAPPA.
Nakae
CHÔMIN a été un chaud défenseur de la démocratie au Japon. Ce passage peut être
lu dans les Écrits sur Rousseau et les
droits du peuple, dans lequel
CHÔMIN analyse et défend les idées de ROUSSEAU. Le texte a été publié en
édition bilingue, chinois-français, dans la Collection de la Bibliothèque
Chinoise, Les Belles Lettres, Paris, 2018. (Page 14.) La traduction est due à Eddy
DUFOURMONT et Jacques JOLY.
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