lundi 4 février 2019

Lundi 04 février 2019. Un petit coucou de Nakae Chomin à Marlène Schiappa !


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Je dédie ce passage de Nakae CHÔMIN à la très coruscante madame SCHIAPPA. Comme le pauvre est mort, il ne risque pas d’être accusé de machisme et d’être traîné devant les tribunaux pour sexisme… Je trouve que son analyse des caractéristiques substantielles de l’homme et de la femme est assez percutante.

"Quelqu’un pose la question : « Les Occidentaux disent que les hommes et les femmes disposent des mêmes droits. Qu’en pensez-vous ? »
Maître Crue d’Automne répond : « N’observez-vous donc pas le Ciel et la Terre ? Le Ciel recouvre et la Terre porte. Le Ciel déploie ses bienfaits et la Terre les reçoit. Le Ciel ne peut faire que la Terre ne porte ni ne reçoive et la Terre ne peut pas faire que le Ciel ne la recouvre pour y déployer ses bienfaits. Le droit de recouvrir et de déployer ses bienfaits revient au Ciel, celui de porter et de recevoir à la Terre. Ils sont différents. C’est après cela que le Ciel et la Terre donnent naissance aux dix mille êtres. Si on inversait les rôles de sorte qu’ils aient les mêmes droits, le Qian deviendrait le Kun et vice-versa ; comment les êtres pourraient-ils voir le jour ? L’être humain naît de la fine fleur du Ciel et de la Terre. C’est sur eux qu’il prend modèle. Le Livre des Mutations dit : « La voie céleste Qian s’accomplit dans l’homme, la voie terrestre Kun dans la femme ». Comment pourrait-on pervertir la parole des Sages ?"

Je n’ose vous livrer la suite de cet article publié le 20 septembre 1878, dans le journal japonais Keiun meiseiroku, N°3. Je me ferai assassiner par les féministes. Mais si vous lisez bien ce passage, vous voyez que si Nakae CHÔMIN insiste sur les différences entre l’homme et la femme, et  il parle surtout de leurs droits respectifs, l’un à donner, l’autre à recevoir, sans que l’on y puisse rien changer ! Il est intéressant de noter qu’il s’agit de droits, sans que CHÔMIN y mette une quelconque idée de supériorité de l’un sur l’autre. On a ici vraiment affaire à une pensée asiatique subtile et juste ; nous sommes incapables d’en voir la justesse, car nous avons deux œillères : celui de l’égalitarisme ; celui du rationalisme. Mais on peut être rationnel et parfaitement déraisonnable : c’est le cas de madame SCHIAPPA.

Nakae CHÔMIN a été un chaud défenseur de la démocratie au Japon. Ce passage peut être lu dans les Écrits sur Rousseau et les droits du peuple, dans lequel CHÔMIN analyse et défend les idées de ROUSSEAU. Le texte a été publié en édition bilingue, chinois-français, dans la Collection de la Bibliothèque Chinoise, Les Belles Lettres, Paris, 2018. (Page 14.) La traduction est due à Eddy DUFOURMONT et Jacques JOLY.

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