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A
plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de vous parler du livre à tous égards
admirable de LIU Xiaobo, Prix Nobel de la Paix, défenseur des libertés et de la
démocratie et mort en prison d’un cancer, en Chine, en 2017. Le livre s’intitule
La philosophie
du porc et autres essais.
Traduit
du chinois. Textes choisis et présentés par Philippe BÉJA. Préface de Václav
HAVEL. ("Bleu de Chine", Collection dirigée par Geneviève
IMBOT-BICHET.)
Gallimard,
Paris, 2011.
Nous
sommes rentrés dans l’Année du Cochon de Terre, et, en Chine, les fêtes du
Nouvel An battent leur plein. C’est la raison pour laquelle, lors de son
dernier cours de l’année au Collège, le Pr Anne CHENG a conclu sur cette
constatation tirée du livre susnommé.
"La philosophie du porc : comment faire en sorte que les porcs ne fassent que manger et dormir, dormir et manger…"
Bien
entendu LIU Xiaobo vise la politique des dirigeants chinois. Mais le constat
pourrait s’appliquer aussi et surtout à tous les régimes politiques et aux
gouvernants qui, disent-t-ils, ne songent qu’au bonheur du peuple, et pensent
qu’il suffit à celui-ci de manger à sa fin et de pouvoir poser sa tête sur un
oreiller. En somme, et la chose est particulièrement visible en France, tout ce
qui a trait à l’esprit, à la pensée, à la liberté, bref, tout ce qui n’est pas
matériel, ne rentre en aucun cas dans les projets des hommes politiques. Oh !
Ils vous diront qu’ils promeuvent la Culture ! Ce qui signifie qu’ils
subventionnent à tour de bras des troupes calamiteuses, des peintres
approximatifs, des saltimbanques de rencontre. Ils s’arrangent pour que les
médias clouent le bec à toute opinion un peu dérangeante : ONFRAY,
ZEMMOUR, BELLAMY, GUILLUY, MICHÉA par exemple, sont du reste systématiquement
critiqués par des nullités qui souvent se sont contentées de lire en diagonale
les textes qu’ils censurent du haut de leur chaire médiatique quand il les ont lus, ce qui est parfois très problématique (j'y reviendrai avec des exemples !).
En
vérité, et pour répondre en un timide mais puissant écho de LIU Xiaobo, je me
permettrai de dire deux choses : (a) la crise des Gilets jaunes est
une crise du sens de la vie, telle qu’il est reflété par le monde politique, c’est-à-dire
une perte du contact avec le réel ; (b) l’homme ne vit pas seulement
de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Quand
je vois tous les jours des jeunes gens et des jeunes filles à la messe du soir,
quand je vois tous les jeudis cette cinquantaine de lycéens et lycéennes prier
le chapelet à Saint-Jean de Passy, je suis émerveillé et je vois, à ma petite,
très petite mesure, le blé germer, la graine de moutarde devenir un bel arbre à
l’ombre duquel les oiseaux feront leurs nids, et le levain enfoui dans la pâte,
la transformer en un pain spirituel savoureux. Tout le reste est superficiel.
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