lundi 18 février 2019

Samedi 16 février. Lettre à Stanislas !


Cher Stanislas,

C’est lors d’une soirée organisée par Les Veilleurs de Paris, que j’ai entendu (au sens étymologique) une intervention de Jean-Frédéric POISSON. Il parlait de la grandeur et de la servitude de l’homme politique. Il commença par indiquer que les notions d’autorité et de pouvoir ne se confondaient pas.
Celui qui a autorité détient le droit légitime d’édicter des normes ; celui qui a le pouvoir a la possibilité de faire appliquer des normes par la force, dit-il.
Il en résulte qu’il est possible d’avoir l’autorité sans avoir le pouvoir, ou d’avoir le pouvoir sans avoir l’autorité.
Il est frappant de constater que, dans l’Évangile, les pharisiens s’étonnent et se posent la question : quel est donc cet homme qui parle avec autorité ? C’est-à-dire qui se donne le droit d’édicter des normes (par exemple à propos de l’observance du sabbat). De même quand Pilate dit à Jésus : Tu ne réponds pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher ou de te condamner ? le procurateur fait allusion à la loi romaine qui lui donne le droit d’utiliser la force pour appliquer ses normes (ici le maintien de l’ordre public dans une province éloignée et turbulente de l’empire).
Cette fine distinction entre autorité et pouvoir souligne qu’un régime politique est d’autant mieux accepté par les citoyens que la légitimité de l’autorité est bien assise et qu’elle fait appliquer ses normes, en utilisant le pouvoir qui lui est dévolu, avec discernement et justesse. Il me semble que c’est le décalage entre une faible autorité et un grand pouvoir qui explique la crise des Gilets Jaunes.
Alors revenons aux normes. Nous évoquions, si tu t’en souviens, la hiérarchie des normes, si bien étudiée (et d’une manière très ennuyeuse) par KELSEN dans sa Théorie pure du droit.
En France, et à première vue, la hiérarchie des normes place en leur sommet la Constitution (à laquelle le Conseil Constitutionnel a rattaché a Déclaration universelle des droits de l’homme ; je ne sais pas si c’est dans la forme de la déclaration du 26 août 1789 ou dans celle établie par René CASSIN, et votée à l’ONU le 10 décembre 1948 par les 58 états membres). Après la Constitution, viennent les lois organiques qui exigent d’être votées exactement dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale, et par le Sénat, puis par ordre décroissant de puissance, les lois ordinaires, les décrets, les arrêtés ministériels, les arrêtés préfectoraux, les arrêtés municipaux, et enfin les divers règlements souvent transmis aux diverses instances politiques par le moyen de circulaires.
Mais les choses se compliquent, dans la mesure où un flou artistique savamment entretenu, place au-dessus de certaines normes nationales, des normes internationales dont, si j’ai bonne mémoire, le Conseil d’État a déclaré qu’elles s’imposaient aux États participants aux instances qui les édictent. C’est ainsi que la CEDH peut modifier ou annuler des décisions prises par des tribunaux français, que l’inénarrable et nullissime commission européenne menace de sanctions des États qui ont l’heur de ne point lui plaire : Pologne, Hongrie, Autriche, par exemple sont dans le viseur de la susdite commission laquelle n’a aucune autorité (elle n’est pas élue, mais est composée de membres nommés) mais a reçu le pouvoir de sanctionner.
Tu me dis que partout où la Démocratie Chrétienne a essayé de s’implanter dans le champ politique, elle a échoué. Les faits obligent à dire que tu as raison. Elle a échoué en Italie, elle a échoué, depuis longtemps en France (avec le mollasson MRP) et elle est sur le point de succomber en Allemagne.
Alors que faire ? D’abord se souvenir que le Royaume du Christ n’est pas de ce monde, que le chrétien n’appartient pas au monde, et qu’il est vain de vouloir instaurer par voie politique une Cité de Dieu sur la Terre.
La chose ne peut advenir que par la transformation personnelle de chaque être humain. Cependant, et puisque nous sommes amenés à voter, nous avons le devoir de voter en conscience et de ne pas apporter nos suffrages à des candidats qui offensent la loi naturelle.
En effet, et j’en termine, il y a deux autres sources de normes : la loi naturelle (tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignages, etc.) résumée du reste dans le Décalogue (qui comporte en outre des additions), et la loi divine énoncée par le Verbe de Dieu, dans la Bible. C’est à celle-ci que le chrétien doit d’abord obéir, car les droits de la conscience éclairée imposent de résister à l’application de normes immorales. Tant pis si les francs-maçons, les libertins, les libres penseurs, les anticléricaux de tout poil se moquent des culs bénis (comme ils aiment le dire). Dans ce combat les chrétiens ne sont pas seuls, et j’ai d’assez nombreux amis musulmans ou juifs qui luttent avec eux, en un commun combat.
Porte toi bien cher Stéphane, et à bientôt.

Philippe



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