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Dans
quelques semaines, les citoyens des divers pays de la soi-disant « Union
européenne » devront voter pour élire leurs représentants au prétendu « Parlement
européen ». Avant d’aller voter, je recommande vivement à mes lecteurs de
se plonger dans le remarquable ouvrage de Yannis VAROUFAKIS, le relativement
éphémère ministre des finances d’Alexis TSIPRAS, leader du parti de gauche
Syriza et vainqueur des élections législatives organisées le 25 janvier 2015 par un archinul, SAMARAS. Le livre
est intitulé Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe,
publié aux éditions Les Liens qui Libèrent, Paris 2019.
Yanis
VAROUFAKIS est appelé par TSIPRAS pour occuper le poste de ministre des
finances de la Grèce. Il n’a rien demandé. C’est un économiste de réputation
internationale ; il enseigne comme professeur à Lyndon B. Johnson School of public affairs de l’Université
d’Austin au Texas. Syriza est classé à gauche ! Pas bon ça pour les
banquiers, les crocodiles des marigots européens, les hauts fonctionnaires
irresponsables de Bruxelles. Pourtant, VAROUFAKIS accepte la proposition de
TSIPRAS. Il démissionne de l’Université et vient s’installer à Athènes avec sa
compagne Danae STRATOU. VAROUFAKIS hérite d’une situation financière nationale
catastrophique, dont il n’est aucunement responsable, et que l’on doit aux politiques
démagogiques menées depuis des lustres par PAPANDREOU, un socialiste démagogue
bon teint (mais peut-il en être autrement avec des socialistes de ce calibre-là ?),
et ses successeurs. Ces irresponsables ont emprunté à tour de bras à des
banques (notamment françaises et allemandes) et à diverses institutions, qui ne
se sont guère souciées de la soutenabilité de la dette par un pays rongé par la
corruption et surtout l’évasion fiscale conduite par les oligarques. Quand la
Grèce a été admise à rentrer dans le système de monnaie unique, après
certification truquée des comptes nationaux par la Banque Goldman-Sachs, on
avait dissimulé l’ampleur de la dette contractée par les responsables
politiques grecs
VAROUFAKIS a fort heureusement le souci
de défendre les plus pauvres de ses compatriotes. Il s’est fixé deux objectifs
quand il accepte de devenir ministre : maintenir la Grèce dans l’euro ;
obtenir une restructuration de la dette grecque. Il n’écarte pas l’hypothèse d’un
Grexit, certes douloureux, mais qui n’enfermerait pas la Grèce dans la prison d’une
dette infinie, insoutenable et ruineuse pour les plus pauvres. Il a du reste un
plan B fort astucieux en cas d’échec des négociations avec ce qu’il appelle la
troïka : la BCE (Mario DRAGHI), le FMI (avec Christine LAGARDE) et la
Commission Européenne, qui hélas semble avoir délégué ses pouvoirs de
négociation à l’Eurogroupe, réunion des ministres de finances des pays de l’union
dite européenne, flanqués chacun d’un expert de leur pays, et du commissaire
européen chargé de l’économie, en l’occurrence Pierre MOSCOVICI. En réalité, l’Eurogroupe
est manipulé par Wolfgang SCHAÜBLE, le ministre des finances allemand, qui
désire dézinguer à tout prix ce gouvernement de gauche, en lui faisant payer
les erreurs de ses prédécesseurs. Il semble bien que madame MERKEL, accueillante aux migrants, fussent-ils clandestins, a été insensible à la détresse des retraités grecs dont les créanciers exigeaient qu'on vendît les biens pour rembourser la dette.
VAROUFAKIS n’a trouvé en Europe qu’une
oreille compréhensive, et je manquerais à la plus élémentaire probité
intellectuelle si je ne signalais pas que seul Emmanuel MACRON, alors ministre
de l’Économie du calamiteux HOLLANDE a soutenu VAROUFAKIS et compris le bien
fondé de ses propositions. Il serait malhonnête de ne pas le créditer de cette
lucidité. Mais la troïka, inspirée par SCHAÜBLE, ne veut rien entendre. En
dépit du résultat du référendum organisé par TSIPRAS (faut-il accepter les propositions
de l’Union Européenne ?) qui montre que plus de 61 % des Grecs s’opposent
à ce honteux compromis qui les enchaîne, le premier ministre finira par céder,
par accepter tout ce que demande la troïka et trahira ainsi le mandat que lui
avait confié le peuple grec.
Une
partie des conversations (certaines hallucinantes) ont été enregistrées ;
VAROUFAKIS en donne le verbatim. Une
autre partie a été notée immédiatement après les rencontres, et enfin quelques
autres ont été rapportées au ministre par des témoins. On apprend, par exemple,
que SCHAÜBLE, s’il avait été à la place de VAROUFAKIS, ne signerait pas le
document qui signifiait la perte de l’autonomie financière et politique de la
Grèce (conversation privée enregistrée).
Vers
la fin de ce livre passionnant, qui défend la démocratie contre les ploutocrates,
notre ministre grec dit ceci (page 476) :
"Dans
le bûcher des illusions qui a suivi le crash financier de 2008 et la crise de l’euro,
l’establishment profond de l’Europe a perdu tout sens de la mesure. J’en ai été
le témoin direct lors de ce que je ne peux appeler autrement que comme une
guerre de classes brutale ciblant les faibles et favorisant outrageusement les classes
dominantes. […]."
Je
crois profondément (et VAROUFAKIS le suggère dans certaines passages) que les
efforts désespérés de l’actuel gouvernement pour trouver des fonds, via des
taxes, des augmentations de CSG et autre conoanticarbosnisation, n’a pas d’autres
buts que de continuer à favoriser les classes dominantes, en faisant payer aux
classes moyennes et pauvres leurs erreurs. C’est pourquoi je suis contre cette
Europe-là, c’est pourquoi je ne donnerai jamais ma voix à des candidats ou des
partis qui entendent renforcer les pouvoirs d’un système qui a fait la preuve
de son mépris pour les petits et les sans-voix. Honneur à un homme compétent,
brillant et probe ! Honneur à vous Yanis ! Vous êtes le digne
héritier des inventeurs de la démocratie. Je souhaite que vos initiatives en
faveur d’une Europe des peuples soient couronnées de succès.
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