mercredi 13 février 2019

Mercredi 13 février 2019. Honneur à Yanis Varoufakis ! Honte à l'Europe des ploutocrates !


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Dans quelques semaines, les citoyens des divers pays de la soi-disant « Union européenne » devront voter pour élire leurs représentants au prétendu « Parlement européen ». Avant d’aller voter, je recommande vivement à mes lecteurs de se plonger dans le remarquable ouvrage de Yannis VAROUFAKIS, le relativement éphémère ministre des finances d’Alexis TSIPRAS, leader du parti de gauche Syriza et vainqueur des élections législatives organisées le 25 janvier 2015 par un archinul, SAMARAS. Le livre est intitulé Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe, publié aux éditions Les Liens qui Libèrent, Paris 2019.
Yanis VAROUFAKIS est appelé par TSIPRAS pour occuper le poste de ministre des finances de la Grèce. Il n’a rien demandé. C’est un économiste de réputation internationale ; il enseigne comme professeur à Lyndon B. Johnson School of public affairs de l’Université d’Austin au Texas. Syriza est classé à gauche ! Pas bon ça pour les banquiers, les crocodiles des marigots européens, les hauts fonctionnaires irresponsables de Bruxelles. Pourtant, VAROUFAKIS accepte la proposition de TSIPRAS. Il démissionne de l’Université et vient s’installer à Athènes avec sa compagne Danae STRATOU. VAROUFAKIS hérite d’une situation financière nationale catastrophique, dont il n’est aucunement responsable, et que l’on doit aux politiques démagogiques menées depuis des lustres par PAPANDREOU, un socialiste démagogue bon teint (mais peut-il en être autrement avec des socialistes de ce calibre-là ?), et ses successeurs. Ces irresponsables ont emprunté à tour de bras à des banques (notamment françaises et allemandes) et à diverses institutions, qui ne se sont guère souciées de la soutenabilité de la dette par un pays rongé par la corruption et surtout l’évasion fiscale conduite par les oligarques. Quand la Grèce a été admise à rentrer dans le système de monnaie unique, après certification truquée des comptes nationaux par la Banque Goldman-Sachs, on avait dissimulé l’ampleur de la dette contractée par les responsables politiques grecs
         VAROUFAKIS a fort heureusement le souci de défendre les plus pauvres de ses compatriotes. Il s’est fixé deux objectifs quand il accepte de devenir ministre : maintenir la Grèce dans l’euro ; obtenir une restructuration de la dette grecque. Il n’écarte pas l’hypothèse d’un Grexit, certes douloureux, mais qui n’enfermerait pas la Grèce dans la prison d’une dette infinie, insoutenable et ruineuse pour les plus pauvres. Il a du reste un plan B fort astucieux en cas d’échec des négociations avec ce qu’il appelle la troïka : la BCE (Mario DRAGHI), le FMI (avec Christine LAGARDE) et la Commission Européenne, qui hélas semble avoir délégué ses pouvoirs de négociation à l’Eurogroupe, réunion des ministres de finances des pays de l’union dite européenne, flanqués chacun d’un expert de leur pays, et du commissaire européen chargé de l’économie, en l’occurrence Pierre MOSCOVICI. En réalité, l’Eurogroupe est manipulé par Wolfgang SCHAÜBLE, le ministre des finances allemand, qui désire dézinguer à tout prix ce gouvernement de gauche, en lui faisant payer les erreurs de ses prédécesseurs. Il semble bien que madame MERKEL, accueillante aux migrants, fussent-ils clandestins, a été insensible à la détresse des retraités grecs dont les créanciers exigeaient qu'on vendît les biens pour rembourser la dette.
VAROUFAKIS n’a trouvé en Europe qu’une oreille compréhensive, et je manquerais à la plus élémentaire probité intellectuelle si je ne signalais pas que seul Emmanuel MACRON, alors ministre de l’Économie du calamiteux HOLLANDE a soutenu VAROUFAKIS et compris le bien fondé de ses propositions. Il serait malhonnête de ne pas le créditer de cette lucidité. Mais la troïka, inspirée par SCHAÜBLE, ne veut rien entendre. En dépit du résultat du référendum organisé par TSIPRAS (faut-il accepter les propositions de l’Union Européenne ?) qui montre que plus de 61 % des Grecs s’opposent à ce honteux compromis qui les enchaîne, le premier ministre finira par céder, par accepter tout ce que demande la troïka et trahira ainsi le mandat que lui avait confié le peuple grec.
Une partie des conversations (certaines hallucinantes) ont été enregistrées ; VAROUFAKIS en donne le verbatim. Une autre partie a été notée immédiatement après les rencontres, et enfin quelques autres ont été rapportées au ministre par des témoins. On apprend, par exemple, que SCHAÜBLE, s’il avait été à la place de VAROUFAKIS, ne signerait pas le document qui signifiait la perte de l’autonomie financière et politique de la Grèce (conversation privée enregistrée).
Vers la fin de ce livre passionnant, qui défend la démocratie contre les ploutocrates, notre ministre grec dit ceci (page 476) :
"Dans le bûcher des illusions qui a suivi le crash financier de 2008 et la crise de l’euro, l’establishment profond de l’Europe a perdu tout sens de la mesure. J’en ai été le témoin direct lors de ce que je ne peux appeler autrement que comme une guerre de classes brutale ciblant les faibles et favorisant outrageusement les classes dominantes. […]."

Je crois profondément (et VAROUFAKIS le suggère dans certaines passages) que les efforts désespérés de l’actuel gouvernement pour trouver des fonds, via des taxes, des augmentations de CSG et autre conoanticarbosnisation, n’a pas d’autres buts que de continuer à favoriser les classes dominantes, en faisant payer aux classes moyennes et pauvres leurs erreurs. C’est pourquoi je suis contre cette Europe-là, c’est pourquoi je ne donnerai jamais ma voix à des candidats ou des partis qui entendent renforcer les pouvoirs d’un système qui a fait la preuve de son mépris pour les petits et les sans-voix. Honneur à un homme compétent, brillant et probe ! Honneur à vous Yanis ! Vous êtes le digne héritier des inventeurs de la démocratie. Je souhaite que vos initiatives en faveur d’une Europe des peuples soient couronnées de succès.



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