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Ma foi, je ne puis m'empêcher d'exulter quand je lis les analyses critiques de deux auteurs aussi talentueux que BLOY et MURAY font de l'oeuvre de ZOLA. Le pauvre ZOLA est mort asphyxié, sans que l'on sache vraiment si ce fut un accident ou un crime...
Bon, rentrons dans le vif du sujet.
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Nous
vivons en un siècle sans mémoire, sans traditions, sans transmission. Le
phénomène a commencé à se manifester au XIXe siècle, avec le
triomphe de la pensée bourgeoise, conformiste, positiviste, scientiste, progressiste
et par-dessus tout anticlérical. ZOLA est un excellent représentant de cette
littérature de décadence, et c’est pourquoi il est, comme vous l’allez voir,
passablement et humoristiquement étrillé par deux critiques littéraires dont il
serait utile, chers lycéens, que vous vous inspirassiez.
Réglons
d’abord un point important. Il faut créditer Emile ZOLA d’un grand courage et d’une
singulière clairvoyance dans l’affaire DREYFUS. Très tôt, il a vu la
machination que l’on ourdissait contre un innocent, et les mensonges de ses
accusateurs. Mais, car il y a un mais, il était viscéralement, fondamentalement
anticlérical, anticatholique, comme en témoigne la série des Trois Villes, Lourdes, Rome et Paris ainsi que sa suite Les quatre évangiles qu’il n’eut pas le temps d’achever. J’ai rédigé,
il y a plusieurs années, un billet que je n’arrive pas à retrouver, où l’on
voit comment ZOLA offrit de l’argent à une miraculée de Lourdes, qu’il fait
mourir dans son roman, (car elle lui faisait de l’ombre,) pour qu’elle parte en Belgique
dont son mari était originaire. Elle s’appelait madame WUIPLIER, et ZOLA ne supportait
pas qu’on lui fasse remarquer (elle se portait comme un charme et était
vendeuse au Bon Marché) que la pauvrette était un démenti vivant à ses
mensonges. Passons.
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Voici
d’abord le jugement de mon cher Léon BLOY. Il n’est pas tendre comme vous l’allez
voir !
"Qu’est-ce donc après tout que la
littérature ? la littérature seule,
sans enthousiasme ? C’est la plus ville des courtisaneries et la plus
déshonorante des inventions qui abrutissent. C’est l’acrobatie de la pensée
sans l’excuse du gagne-pain, car on y crève de misère à tous les niveaux, si
l’on n’y ajoute pas le très lucratif négoce du maquignonnage politique ou du
scandale irréligieux et pornographique, et l’on sait que la littérature moderne
fait à peine autre chose. Athée, fille d’athées, mère d’athées, trois fois
sacrilèges, soixante-dix-sept fois marquise de la luxure et de l’impiété, cette
littérature est devenue quelque chose comme le vomissement des siècles sur le
fumier définitif de la pensée et du langage. Je demande pardon pour ces
affreuses expressions, mais si l’on veut bien se souvenir des récents travaux
de M. ZOLA, par exemple, le chef reconnu et acclamé de toute la nouvelle école,
qui donc osera les trouver injustes ou exagérées ?"
Léon BLOY.
Propos
d’un entrepreneur de démolitions (Éd. 1884). Fac simile de l’édition
originale.
Tresse,
Éditeur, Paris, 1884/Hachette Livre/BnF, SD [2017 ?] (Page 4.)
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Mon
non moins cher Philippe MURAY nous rappelle un épisode tout à fait incroyable,
à propos de l’édification de la Basilique du Sacré Cœur (vous verrez que ZOLA a
fait des émules)
"[…].
Il suffit d’entrer dans la basilique, au sommet de la colline de Montmartre.
Là, au pourtour du chœur, dans l’ombre, brillent les lettres latines, Gallia, penitens et devota, la dédicace
au monument de la France meurtri et fidèle… Immédiatement, toute une histoire
sanglante remonte à la mémoire. Les prêtres abattus pendant la Commune, Mgr
DARBOY fusillé, la répression versaillaise. Rien qu’un massacre parmi d’autres,
quelques crimes qui en annoncent de pires. Et ce culte sublimé du Cœur de Jésus
pour commémorer l’éternel retour du délire humain… C’est trop, c’est beaucoup
trop pour ZOLA. « Une telle impudence, écrit-il, un tel soufflet donné à
la raison, après tant de travail, tant de siècles de science et de lutte ! »
Et à Paris en plus ! « À Lourdes, à Rome, cela s’explique. Mais à
Paris, dans ce champ de l’intelligence, si profondément labouré, où pousse l’avenir ! »
[…]. Oui, tout cela est trop charnel. La preuve : « Il [le ‘il’ de
ZOLA est celui d’un prêtre futur défroqué] souffrait de cette poitrine ouverte
et saignante de Jésus, du cœur énorme que la sainte avait vu battre au fond de
la plaie [il s’agit de sainte Marguerite-Marie ALACOQUE, promotrice de la
dévotion au Sacré Cœur], dans lequel Jésus avait mis l’autre, le petit cœur de
femme (sic), pour le rendre ensuite tout gonflé et brûlant d’amour. Quelle
matérialité basse et répugnante, quel étal de boucherie, avec les viscères, les
muscles, le sang ! Et il était outré surtout de la gravure qui
représentait cette horreur. […] ». Voilà ZOLA surpris en pleine
pudibonderie jansénisante, comme en plein puritanisme esthétique, l’un ne va
jamais sans l’autre. D’ailleurs, deux plus tard, dans un ultime Salon, en 1896, il avait déjà renié une
fois « ces femmes multicolores, ces paysages violets et ces chevaux orange »
de la révolution impressionniste…
In
Rejet
de greffe. Exorcismes spirituels I Essais. Quatrième tirage.
Les
Belles Lettres, Paris, 2010. (Pages 189-190.)
Figurez-vous
que monsieur Ian BROSSAT, maire adjoint communiste de madame HIDALGO, dépourvu
du moindre talent littéraire, lui, se proposait de transformer le sacré Cœur en
espace de Solidarité !
ZOLA
a fait des émules…
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