Dans un échange que nous avons eu à propos de mon billet intitulé "Les regrets de Richelieu", Olibrius met en cause, sinon la bonne foi, du moins l'utilité de l'action caritative conduite par diverses organisations non gouvernementales ou diverses communautés religieuses. Ses remarques, marquées d'une ironie pointue, soulèvent des questions tellement importantes que je reviens "publiquement" sur le sujet.
Je vais le faire par un détour, celui du bon Samaritain (Luc 10, 29-36). Donc, un prêtre, puis un lévite passent devant l'homme que des brigands ont roué de coups, et laissé pour mort sur le bord du chemin, baignant dans son sang. Non seulement ils ne s'arrêtent pas, mais ils se détournent du malheureux qui gémit. Oh, ce n'est ni par indifférence, ni par égoïsme qu'ils ont ce comportement ! Non. Ils ne veulent tout simplement pas contracter d'impureté rituelle au contact du sang. Comme ils descendent de Jérusalem vers Jéricho, ces ministres du culte ne peuvent invoquer le service qu'ils doivent accomplir dans le Temple, en des époques rigoureusement déterminées. Ils sont obsédés par le respect de la Loi dans ses aspects les plus casuistiques (voir le billet "Il y a loi et loi"). Passe un Samaritain. Il fait partie de ces schismatiques, et mêmes hérétiques, que les juifs méprisent et détestent, de ces hommes qui adorent sur le mont GARIZIM et ont blasphémé le Béni en introduisant dans le Lieu déclaré saint, quelques idoles locales. Lui ne s'embarrasse pas de questions rituelles. Il soigne le malheureux, le panse, le transporte dans une auberge, paye des arrhes au tenancier et lui promet de régler le solde des dépenses au retour de son voyage. Mais la pointe de la parabole est dans la question que pose Jésus à son interlocuteur, un légiste, qui voulait lui clouer le bec : "Lequel de ces trois à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ? ".
En général, on se méprend sur le sens de la question. On y comprend que le blessé est le prochain, négligé ou reconnu par les passants. Il n'en est rien. Le prochain, pour Jésus, est celui qui s'est rendu proche du pauvre homme.
Alors je vais droit à la conclusion ! Ce sont les hommes et les femmes qui se rendent proches des malheureux, des pauvres, des affamés qui sont leurs prochains, et non le contraire. En allant au Togo pour y créer un Centre Médical (à SOKODE), des membres de la Communauté du Puits de Jacob (voir le site web) sont devenus les prochains de la maman dont l'enfant est en train de dépérir de malnutrition, de cet aveugle que l'onchocercose a jeté dans la nuit, de cet homme qui s'est fracturé le bras en tombant d'un échafaudage, (ou de ce qui en tient lieu), de ces grelottants de fièvre que ronge le paludisme. Tout le reste, les questions politiques, idéologiques, géostratégiques, n'est que littérature. C'est très exactement ainsi qu'il faut faire. Et c'est ainsi que Jésus à répondu à la question du légiste : "Maître, que faut-il faire pour avoir la vie éternelle ?"
6 commentaires:
Décidément, Olibrius est plus "bâté" qu'il ne pensait. En effet, P.Poindron a compris exactement l'inverse de ce que j'essayais de lui dire. Ca peut se comprendre, vous êtes un intellectuel trés érudit et vos correspondants habiutuels voguent dans les mêmes sphères. Je me sens un peu comme le petit canard noir au milieu de tous les canetons jaunes. Mais ca ne me gène pas, je prends ce qu'il y a à prendre et puis ce que je ne comprends pas, basta!
Si je ne comprends pas tout, j'arrive toutefois à cerner le producteur de ces billets et je commence à bien le connaître ainsi que ses "actions". Lorsqu'il me dit prendre ses livres de théologie pour trouver réponse à une simple charade, il passe trop haut et se trompe sur le clin d'oeil que je voulais lui faire. Mes définitions voulaient signifier "Sichem" (vu le site web)et tout le "bonhomme" est comme cela.
Ne vous inquiétez pas, je vous respecte beaucoup, j'ai même de la "tendresse fraternelle" pour vous dans ce que vouis affirmez de vous et que je n'ai acune raison de mettre en doute. Je crie de temps en temps: Attention!!! Parce que je pense que vous ne voyez qu'une partie des réalités et que le terre-à-terre vous échappe (ce n'est pas une critique malveillante, c'est , me semble-t-il, un constat).
Je n'ai jamis mis en cause l'action caritative de qui que ce soit, mais j'y mettais la forme et les moyens.
Je disais donc l'inverse... jamais je n'ai mis en question l'utilité de l'action caritative de certains. Je mets plutôt en cause la façon... dans certains cas, on se croirait revenu aux "bons temps" de la colonisation: le blanc arrive avec ses moyens, ses connaissances et surtout son argent. Je pense que vous n'avez quand même pas lu "Confessions d'un cardinal" qui cerne beaucoup mieux que moi le problème de l'église actuelle... et qui dit, entre autres, que l'on doit avoir le grand, trés gran,d, souci du pauvre... dans la gratuité totale, ce qui ne me semble pas le cas. Vous citez souvent vos amis de la communauté, il se fait que j'ai des connaissances dans le milieu charismatique: pouvez vous dire sans détour que la mission est bonne, propre et nette? Si oui, vous avez complètement raison. Pourriez-vous dire la même chose sur la "gestion" des hommes qui y ont donné leur vie souvent avec des risques importants? Si NON, vous avez complètement raison. Alors, on passe par pertes et profits toutes ces souffrances? Mais peut-être n'étes-vous pas au courant? Un centre médical, pourquoi pas? J'aurais tellement préféré (c'est une image car je n'ai rien à dire) un centre éducatif pour donner aux jeunes une éducation suivie, avec des professeurs bien formés, bien payés et libres de toute ^pression de leur gouvernement. Ces gens n'avanceront pas tant qu'ils ne seront pas libres et ce n'est qu'en les formant intellectuellement qu'ils le deviendront. Je réponds aussi à un de vos correspondants qui affirmait qu'il y a des étudiants africains qui retournaient dans leur pays. J'aime ce qu'il dit et, en plus, c'est vrai, mais avec quels résultats depuis leurs "indépendances". Je n'avais pas dans l'idée cette affirmation de mon prêtre ivoirien (?) que tout basculerait quand il y aurait une révolution, mais pourquoi n'aurait-il pas raison? Combien de millions (eh oui) de morts va-t-on encore "accepter"?
Dans votre billet, vous citez des cas d'hommes malades; bien sur que cela existe mais croyez vous régler le problème avec ces récits affreux, bien réels, mais vous ne voyez pas la réalité des autres peuples . Certaine fois, je vous disais pourquoi aller adorer Dieu sur tel mont? Cela voulait être une citation biblique où Jésus répondait: ce nest pas à jérusalem ou à ??? mais c'est dans votre coeur... Et je vous demandais pourquoi aller en Alsace alors que vous étiez à Paris auprès des Sidééens? Mais je ne cherche rien là dedans.
Suite et fin
Un de vos corrspondant citait le cas du rawanda. Eneffet, quelles horreurs... mais cela continue aujourd'hui avec les démocrates qui sont au pouvoir!!! Mais le cas est un tout petit plus complexe. Il faudrait en effet revenir à la période coloniale , ensuite voir la question du Rwanda vaec celle du Burundi, puis voir la politique appliquée par les "protecteurs" belges (il s'agissaite de protectorats et pas de colonie.. mais y-at-il une différence?), puis la politique de l'église. Il y en a beaucoup qui pourraient se mettre à genous et demander pardon... comme certaines autres entités ecclésiales!!!!
Je sens que mr Poindron va s'énerver (cette dernière phrase étant de la pure provication).
Cher Olibrius,
Vous êtes un homme merveilleux. J'aime ce que vous dites. Effectivement, je n'avais pas bien compris votre commentaire. Pour moi, j'en reste à ce que Jésus a dit à la samaritaine : "un jour viendra où ce n'est pas sur cette montagne que vous adorerez Dieu, mais en Esprit et en Vérité".
Croyez-moi ! Je suis conscient des limites, ds erreurs, et même des horreurs qui sont commises ou se sont commises dans l'Eglise Institution et en son nom (cf. Le Christ philosophe de Frédaric LENOIR). Elles me dégoûtent et me chagrinent tout à la fois. Je n'ai pas lu les Propos d'un Cardinal, mais un autre livre dont les auteurs sont anonymes mais certainement du Vatican. Ca n'est pas triste. Tout cela ne m'empêche pas de voir la manière dont vivent certains disciples, qui font l'Eglise mystique et sainte.
Olibrius, vous êtes un homme merveilleux. Et très farternel.
Amicalement.
vous m'en "boucherez toujours un coin" vous avez l'art d'esquiver les questions "embarrassantes", comme celles que je vous posais .Et surtout, merveilleux je ne suis pas, je suis plutôt un révolté par rapport à, aux, injustices.
Ah ce bon Olibrius, ce poil à gratter comme dirait monsieur P Poindron, il est terriblement fin, juste un petit reproche, il faut tout deviner après quelques mots, et pan on se trompe sur le sens du texte. Et puis il a le joyeux « cardinal » un livre dédicacé par Hugo ……. Oui vraiment continuer à me faire réfléchir, sur les fausses bontés de ce monde très cher Olibrius
cher norman
les confessions d'un cardinal ne sont pas dédicacées par Hugo (sauf si j'ai mal compris une eventuelle astuce) mais il sa'agit d'une publication d'Oliver Legendre sur un cardinal bien vivant... bien que retraité et de qui nous avons à recevoir. Même si ce bouquin n'est pas intellectuel, c'est pour cela qu'il m'a touché.
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