J'avais promis de lui répondre. Je le fais, avec un très léger retard, aujourd'hui.
Il me disait avec beaucoup de gentillesse, à Vézelay : "Tu lis beaucoup - [ce qui est vrai] - et tu donnes l'impression de te ranger toujours à l'avis du dernier auteur que tu as lu - [ce qui ne l'est pas]. Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
Il me semble être relativement cohérent dans mes citations, quand il y en a, ou dans mes raisonnements, quand je vous invite à vous y égarer. Vous remarquerez en effet que nombre de mes emprunts portent sur le rapport que les hommes entretiennent avec le réel, avec l'idéologie, et par voie de conséquence, avec eux-mêmes et leurs semblables, et qu'il en va de même pour mes raisonnements.
Je proclame de nouveau avec insistance que le réel est ce qui nous résiste. Quand j'entends l'opposition réclamer du pouvoir d'achat en période de crise, je me dis que son rapport au réel est assez médiocre ; quand je l'entends vilipender les riches, je sens que ce n'est pas pour des raisons économiques, ni même pour des raisons de justice sociale qu'elle pourfend ses "ennemis de classe", mais pour des raisons idéologiques (je rappelle que l'idéologie est le système de valeurs que les hommes utilisent pour accéder au pouvoir et s'y maintenir) ; quand j'entends les gens de l'éducation nationale raconter l'histoire de France avec les catégories de MICHELET, en faisant fi de toutes les vérités historiques, je sais que cette déformation nous conduit à des affrontements civils qui nous empêchent de voir les problèmes et par conséquent de les résoudre.
Quand j'entends la majorité exalter le marché comme seul facteur de régulation de la vie sociale, je pressens qu'elle le fait pour des raisons idéologiques ; quand je vois des banquiers faire de grosses provisions financières pour verser des bonus à leur traders, je devine qu'il s'agit là d'une invraisemblable ignorance de la réalité humaine et sociale.
Tout cela, je n'ai cessé de le dire. Sans ordre, certes, puisque je n'ai pas de plan de lecture prédéterminé, et que souvent mes réflexions me sont inspirées par les événements du moment. Mais je l'ai dit constamment. Et je termine en rappelant ici mon intuition fondamentale : les seuls facteurs susceptibles de changer l'état de la société sont les comportements individuels. Un tel constat a été fait, après de très soigneuses analyses, par des auteurs aussi divers que Marcel LEGAUT, Simone WEIL, ou LANZA del VASTO. Or je n'ai jamais entendu le parti socialiste le prétendre. Il trouvera tout à fait normal de critiquer BOUYGUES, mais je ne sache pas qu'il y ait recommander qu'on le boycotte (téléphonie mobile par exemple ; idem pour monsieur LAGARDERE et TF1. Regardez, chers camarades, les émissions idiotes de cette chaîne, et tapez à bras raccourci sur les "riches", mais surtout ne faites rien pour les empêcher de l'être).
Voilà la cohérence de mes propos ; voilà l'ambition que j'avais en ouvrant ce Blog : inciter mes lecteurs à réfléchir, à penser, à ne pas se contenter de l'opinion des médias ou de leurs préférences politiques, mais se former une opinion réfléchie, pesée, fondée sur les faits et non sur des systèmes préformés de pensée.
J'espère, cher Georges, avoir répondu quelque peu à tes amicales remarques.
10 commentaires:
Cher Philippe,
Tes explications sont claires et précises. je vais tenter de t'expliquer ce que j'ai cru comprendre.
D'abord la réalité qui nous entoure. Elle existe, sans que l'on puisse la modifier. Par les comportements individuels, il serait sans doute possible de s'y adapter, mais pour changer cette réalité, je ne crois pas que l'individu seul puisse faire quelque chose.
( Je pense à mes tableaux qui sont ma façon d'échapper au réel ) . Il est donc nécessaire que certaines personnes ( ceux qui nous guident et nous dirigent ) se modifient individuellement dans le " bon sens " et ensuite orientent leur politique.
Le réel alors ne nous résisterait plus. Pour mieux comprendre, Je continuerai donc à te lire très régulièrement
Amitiés.
et bien cher PP, voilà quelqu'un qui va vous supporter (dans le sens footballeur du terme) ; moi, c'est plus difficile (dans le sens énervement) parcequ'encore une fois je n'ai rien compris!sauf dans le fait de "m'égarer" dans vos raisonnements. Alors là je suis bon!
PARTIE 1
Titre : De nos lois françaises - ou de leur lisibilité, de leur compréhension - ou d’un autre exemple majeur de la difficulté d’appréhender notre réel quotidien issu de leur application quand on est une citoyenne lambda sans prétention..., - ou d’un droit local d’une complexité je pense sans égal dans le monde.
Ce titre à tiroirs pour présenter, en particulier à Norman, mes excuses pour mon coup de sang à propos du feu Président de la Région Alsace et le manque de justesse de ma présentation de l’organisation légale des cultes.
Me tablant sur ma connaissance fondée sur plusieurs apports et références que je croyais sûrs, confirmés par les précisions de la journaliste citée qui se référait également à l’autorisation de ce fameux droit local, je croyais depuis des années en la valeur de mes propos.
Eh bien non ! Une récente conversation avec un Alsacien de pure souche et dont l’approche du milieu religieux des trois départements concernés est certaine et profonde – du moins me semble-t-il (je deviens prudente...) m’a appris en fait ceci :
[NB. Je précise tout de suite que mon désarroi déjà évoqué ne s’éteint pas devant cette question car plus loin, je vous ferai part d’autres éléments que je commence à découvrir dans la législation française à ce sujet. C’est un peu touffu et ardu mais on s’en sort]
« *Qu’en Alsace, il n’y a plus personne capable de posséder à fond et exactement tous les aspects du droit local.
* Que cela tient au fait de sa complexité immense et de son évolution.
* Que l’Etat français ne reconnaît que 3 religions. Successivement dans le temps :
Le catholicisme puis le protestantisme et quelques années plus tard le culte israélite.
* Que l’islam n’est qu’une religion tolérée.
* Que de ce fait, dans le droit local, ne sont reconnues comme telles que ces trois religions et en aucun cas la religion musulmane ou une autre religion.
PARTIE 2
*→ Par conséquent les différentes expressions d’accueil de l’islam (subventions – constructions ou restaurations de bâtiments de culte – aumôneries dans les hôpitaux etc. etc.) ne dépendent pas de la loi mais, en résumé, d’un état de fait ou d’un sentiment qu’on entend de plus en plus partout :
« On ne peut pas faire autrement » - ou si on ne le fait pas, on se fait taper dessus = symboliquement ou médiatiquement - + et il faut bien le dire : on en a peur ».
+ aussi cette situation d’une obligation de soumission à tous les désirs du genre : vous nous donnez ça puis ça puis cette autorisation et ça ne s’arrête plus. Jusqu’où ???
Et on voit alors dans tel hôpital de la région tel musulman qui porte la blouse blanche comme les autres aumôniers, et, s’adressant à l’un d’eux au téléphone, exige qu’il lui donne la liste des malades (pour aller les voir) et ne comprend pas le refus qui lui est fait .
plus un dernier exemple de ‘l’envahissement ’ : la -liberté- prise lors de la levée des corps > on voit des gens enlever le mort et le promener dans un drap à travers tout l’hôpital dans les couloirs, les jardins... selon leur rite mais sans respecter l’ordre hospitalier qui demande à ce que les défunts soient déposés à la morgue. Etc. »
Voilà quelques éléments recueillis lors de cette conversation.
Pour ma part, je relève donc le fait que le droit local ne s’applique pas à toutes les religions mais légalement à 3 et à d’autres en forme de tolérance ou de volonté d’ouverture à l’autre comme signe de démocratie : mais je reconnais que là se pose le droit de tout citoyen de se poser la question sur le bien-fondé » de l’emploi de son argent donc de son travail.
Bref, on n’est pas sorti de l’auberge.
(J’espère que cette parole ne sera prise de travers au point où on en est -
Comme disait mon kiné ce matin : où en est la liberté d’expression ? A force de la rogner, de défendre chaque chose et ce qui lui est voisine, elle disparaîtra. Je n’étais pas d’accord avec cette idée mais c’est un fait qu’elle « travaille » les gens et de plus en plus.
Et ce sentiment diffus de peur contenue qui n’a pas ou déjà plus le droit de se dire.
>>> Philippe Poindron, c’est ça aussi le réel de quantité de gens. Que va-t-on en faire ????
D’autant plus que je me suis lancée dans la recherche des textes législatifs et je constate non seulement la complication des dispositifs, la multiplicité des nuances et l’incroyable variabilité des évolutions actuelles : qui sait s’y retrouver ?
J’ai découvert aussi l’existence de l’Institut du droit local et en passant que l’Etat ne « connaît » aucune religion : voir textes plus loin.
C’est encore le fouillis mais en tout cas, je renouvelle mes excuses pour mes affirmations erronées.
PARTIE "3
Extraits :
Quand l'Alsace-Lorraine redevint française - archives du Ministère de la Justice
Quelques questions de législation (1851-1964). Comment le droit français a-t-il été appliqué en Alsace-Lorraine ?
Direction des affaires civiles et du sceau, dossiers relatifs à l'introduction de la législation française dans les départements recouvrés, Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle (1851-1964), concernant l'organisation judiciaire et les personnels des cours et tribunaux (1851-1959), la législation spécifique et les projets de réforme législatives (1918-1964). AN Fontainebleau 20080375 (3 ml)
PARTIE 4
Voir aussi le site :
L'actualité du Droit Local
Merci à Georges pour son commentaire bienveillant. Le cas d'Olibrius est très grave. Je vais faire un billet concret pour tenter d'expliquer en quoi l'idéologie pourrit la vie politique et sociale de notre pays.
Merci à Fourmi pour ses explications toujours précises et documentées. Je pense que Norman sera content. Il avait un peu raison, me semble-t-il.
A tous, bien amicalement
à fourmi: vous ne pourriez pas me dire de quel hopital il s'agit?
à PP: est-ce que ça va être ma fête, je ne comprends pas ce qui est grave!
En réponse à la demande « légèrement » injonctive d’Olibrius :
Je vous remercie pour votre intérêt mais le fait de ne pas citer le nom de l’hôpital en question est volontaire pour deux raisons principales :
1. Je ne tiens pas, dans ce commentaire, à entrer dans le registre du fait divers qui susciterait des réactions du style badaud curieux – ce qui n’apporterait pas grand-chose à mon avis ni au contenu du sujet abordé ni à sa compréhension.
2. Ce genre de manifestations rituelles et variantes apparentées ne se produit pas uniquement dans ce lieu mais il m’a été rapporté, lors de cette conversation et à d’autres occasions, que la confrontation à ce problème se retrouve dans d’autres hôpitaux.
Je répète que ce qui importe ici c’est uniquement le fait, le réel : que cela se passe à X ou à Y peu importe.
La fourmi n'est pas préteuse, c'est là son moindre défaut.... mais il faut lui reconnaître qu'elle est curieuse et pas sectaire, elle cherche , elle trouve, et elle partage, elle progresse vite. Bonne élève Geneviève, vous avez les Félicitations.
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