samedi 5 mars 2011

Histoire vraie

-
Certains de mes lecteurs se souviennent sans doute du voyage mémorable que fit le Général de GAULLE en Amérique du Sud, il y plus de 40 ans. Un diplomate de ma connaissance était alors en poste au Brésil et me raconta l'histoire que voici, dont il avait été l'acteur et le témoin.
-
Le Général de GAULLE n'y voyait goutte. Avant de se rendre en un endroit, il se le faisait décrire en détail. Il avait une mémoire extraordinaire. Au cours de ce voyage latino-américain, il fit un jour un discours dans une très belle salle ornée de tableaux qui représentaient des scènes de l'histoire du pays visité. Bien entendu, il ne les voyait pas. Mais il se souvenait... Et le plus naturellement du monde, avec ce style inimitable qui était le sien, il "faisait semblant" d'improviser. "Comme le montre ce tableau", disait-il, "votre pays etc." et il le commentait comme s'il le découvrait.
Il était donc en Argentine, et il donnait une réception à l'ambassade de France en l'honneur des personnalités marquantes du pays. Dans la foule qui se pressait et qui faisait la queue pour saluer le général, il y avait Maria OCAMPO (que connut bien et pour cause Roger CAILLOIS). Elle avait été un soutien sans faille de notre pays pendant la Seconde guerre mondiale. C'était une très fidèle amie de la France qu'elle admirait. Après avoir salué, comme tout le monde, le Général, elle dit à ce diplomate : j'aimerais bien avoir un tête-à-tête avec de GAULLE. Ce lui accordé. Quand elle fut en sa présence, avant même qu'elle eut ouvert la bouche, de GAULLE lui dit : "Madame, la France vous remercie de ce que vous avez fait pour elle".
-
Voilà ce qu'est l'amour de la patrie, voilà ce qu'est le génie de la France. La France est comme une personne que l'on aime et que ses chefs représentent. On aimerait que tous nos hommes politiques se souviennent qu'avant de défendre des idées, ils incarnent notre patrie. Ils n'ont pas à la critiquer, comme la dinde du Poitou l'a fait en demandant pardon pour des propos tenus en Afrique par le Président de la République, des propos maladroits, certes, mais scientifiquement fondés (il n'y a pas d'histoire tant qu'il n'y a pas d'écriture ; il y a des civilisations et des cultures, souvent brillantes, mais anhistoriques). Ils n'ont pas à abîmer son visage, comme l'a fait hélas, l'ex-ministre des affaires étrangères en donnant l'impression qu'elle soutenait un tyran. Ils n'ont pas à critiquer leur pays à tort et à travers, en s'appuyant pour prendre le pouvoir, sur des personnes ou des modèles étrangers, que ce soit des immigrés, clandestins ou non, d'un côté, ou des modèles d'outre-atlantique de l'autre.
-
Certes, et monsieur BOUTROS-GHALI l'a dit avec cruauté dans une interview donnée au Journal Métro (sur lequel il y a beaucoup à dire ; j'y reviendrai) : "L'opinion française n'a jamais accepté que le pays ait perdu la Seconde guerre mondiale et qu'elle ne soit plus une puissance mondiale. Ce sont les américains qui ont gagné la guerre, mais en France, personne n'aime se le rappeler. Pour les Français, la Seconde guerre mondiale s'est soldée par une victoire française." Dans cette remarque, l'ancien secrétaire général de l'ONU résume bien le drame qui a été le nôtre au XXe siècle et dont nous aurons du mal à nous relever, si jamais nous le pouvons. Comment résister à une saignée de plus d'un million de jeunes hommes lors de la Première guerre mondiale, à la dévastation d'un tiers de notre territoire, aux ravages aveugles du pacifisme à la BRIAND, à la lâcheté d'un DALADIER, aux ignobles compromissions de VICHY (le Maréchal PETAIN a été propulsé au rang de Chef de l'Etat français par un Congrès majoritairement de gauche) ? La France a perdu et la guerre et son rang de grande puissance, certes. Il nous faut l'admettre. Du moins lui est-il possible de reconnaître dans la Résistance et en de GAULLE une valeur antique et propre à notre pays : elle a tout perdu fors l'honneur, grâce à cette poignée d'hommes. Et l'honneur mérite bien des sacrifices.
-
Nous aimerions que nos hommes politiques, au lieu d'exalter Mimile, Dudule ou Ginette, aide Emile, Théodule ou Ginette à donner le meilleur d'eux-mêmes à leur patrie de façon à en recevoir la mémoire, le génie, l'humour et la joie de vivre.
-

Aucun commentaire: