dimanche 26 juin 2011

Billet compensateur N°1

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Voici le premier des billets compensateurs dont je vous avais fait briller, chers lecteurs, la très hypothétique parution, avant de m'absenter pour deux jours.
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Grande discussion avec un ami sur la notion d'égalité des droits réclamée par les personnes homosexuelles. Pour lui, c'est une évidence. Le mariage entre un homme et une femme est une institution culturelle et il n'y a aucune raison de l'interdire pour des sujets de même sexe.
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Bien entendu je ne suis pas du tout d'accord.

(1) Tout d'abord, je trouve très curieux qu'à une époque où le mariage lui-même est mis en question (le nombre des PACS explose, les naissances hors mariages sont aussi nombreuses que les naissances dans le mariage, les divorces augmentent de façon vertigineuse, et les médias, dans le droit fil des idées soixante-huitardes, vantent les aventures extra-conjugales, les amants, les maîtresses, les familles recomposées), des personnes homosexuelles exigent le droit au mariage et je me pose donc la question : que recouvre cette exigence d'une égalité des droits ? Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, je suis bénévole dans une Association qui accueille des personnes séropositives dont nombre ne cachent pas leur homosexualité. C'est une expérience unique et d'une rare richesse. Pour me faire une idée de l'état de leur opinion, je les ai récemment interrogées. Hormis l'une d'elle (taille de l'échantillon sondé très faible et résultat non représentatif mais seulement indicatif), aucune n'exige que la loi autorise le mariage entre deux personnes de même sexe. J'ai simplement noté chez nos amis un certain regret de ne pas avoir d'enfants. J'ai trois réponses à donner à la question ci-dessus. (a) La revendication est portée par les partis politiques de gauche. Du reste les journaux télévisés que j'ai pu regarder hier soir et qui rendaient compte de la Gay Pride nouvelle formule (Journée des Fiertés) ont bien souligné que des hommes politiques participaient à la manifestation, et qu'ils appartenaient en majorité au PS ou aux partis situés plus à gauche. J'ai pu ainsi voir parader (au sens étymologique : participer à la parade) monsieur MELANCHON. Il s'agit pour ces partis de s'attacher les minorités pour remporter les élections présidentielles, lesquelles en effet se gagnent à la marge. Toutefois, il se peut aussi que cette adhésion soit une adhésion de conviction et non d'intérêt. (b) La revendication est destinée à "normaliser" un état de vie qui certes n'a pas à être jugé moralement par la société des hommes, mais qui est l'objet d'un jugement négatif des personnes homosexuelles sur elle-même. Là, je suis certain de ce que j'avance, car j'ai constaté combien celles-ci ont du mal à accepter cette orientation sexuelle que par ailleurs elles n'ont pas choisie mais le plus souvent subie. (c) La revendication cherche à gommer, dans le désespoir, et en dépit de ce qu'en disent les médias, une orientation sexuelle perçue très souvent comme différente de l'orientation normale. En somme, au lieu de faire travailler à une acceptation de soi-même, la revendication conduit à externaliser la culpabilité dévastatrice (et infondée), et  à la faire porter et annuler par la société et par la loi, comme si elles pouvaient tenir lieu de norme morale.
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(2) La revendication est aussi pour ses promoteurs un moyen d'ancrer dans l'esprit public que tout est culturel, et que la nature n'a rien à nous dire. Il y a là une erreur et une contradiction. Qu'on le veuille ou non, on naît sexué (hormis les très rares cas d'hermaphrodisme ou de mosaïque génétique). Et jusqu'à preuve du contraire l'appareil sexuel de l'être humain sert à deux fins : l'une est le plaisir, tout à fait légitime, l'autre la procréation. L'homme contemporain étant foncièrement auto-centré, il est heureux pour l'avenir de l'espèce que le sexe soit un moyen de plaisir, car il y a fort à parier que, dans le cas contraire, la population mondiale n'aurait pas cette dimension. En effet, beaucoup de conceptions ne sont que le sous-produit du plaisir, au lieu d'en être l'accompagnement. Et le développement massif des moyens de contraception est lié au besoin de dissocier les deux dimensions de la sexualité. Ce qui, je l'ai déjà dit, ne me paraît pas illégitime, à condition de ne pas se contenter sempiternellement que du plaisir. Les écologistes, par ailleurs, ne cessent de nous intimer que l'on doit un grand respect à la planète. Les uns le placent dans le cadre de l'avenir de l'humanité, les autres dans celui de la vénération que l'on doit à GAÏA, la déesse-terre. Mais si tout est culturel, il faut accepter l'idée que l'humanité a les moyens culturels et techniques de continuer sa course folle au progrès, et non pas considérer que la nature, même si elle ne pense pas, n'a rien à nous dire.
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Tout cela est d'une rare incohérence. Et le plus curieux, c'est que l'argumentation produite utilise les catégories de la logique, d'une logique dont elle ne cesse de dire qu'elle est dépassée.

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