mercredi 29 juin 2011

Primaires au Parti Socialiste

-
Madame AUBRY a donc présenté hier sa candidature aux élections primaires du PS. Elle l'a fait, disent les journaux, depuis et dans son "fief" de LILLE. Jolie manière de désigner le pré carré que le PS s'est taillé dans la région, à coup de subventions, de rattachement de communes périphériques socialistes à la ville de LILLE (pour garder la mairie), de politique clientéliste. La langue trahit et traduit toujours une réalité. Mais le PS n'est pas le seul à  avoir agi ainsi. Il fut un temps où, régnant en maître à PARIS, le RPR a pratiqué la même politique.
-
Il vaut la peine de regarder en face ces élections primaires : sont candidats François HOLLANDE, Martine AUBRY, Ségolène ROYAL, Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG. C'est d'abord de ce dernier que je voudrais parler. Stéphane LENEUF a fait paraître en 2010 un livre intitulé Le goût du pouvoir. Rencontres avec les jeunes loups de la politique. Je n'ai pas eu le temps encore d'en lire la totalité. Mais bien de ces jeunes loups sont mis gentiment sur le grill par l'auteur : François BAROIN, Manuel VALLS, Jean-Christophe LAGARDE, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Benoît HAMON, Najat BELKACEM, etc. et bien entendu Arnaud MONTEBOURG.
-
J'ai lu le chapitre consacré à l'entretien que LENEUF a eu avec Arnaud MONTEBOURG. Le jeune loup y apparaît sous un jour nettement plus sympathique et ouvert que dans les interventions qu'il destine aux médias. Il n'a pas sa langue dans sa poche. Voici quelques réponses  aux questions et réflexions que lui fait l'auteur.
-
(a) "[...] Je pense qu'il y a un problème de renouvellement des dirigeants politiques, parce que le parti est un héritage ainsi qu'une sorte de système de protection d'intérêts acquis. Toute remise en question est donc vécue comme un danger, alors qu'elle serait d'une grande utilité. Dans la vie ce sont souvent les héritiers qui dilapident le patrimoine et le capital du fondateur [NdT : Il s'agit ici du capital mitterrandien]. Pour moi le Parti socialiste est aujourd'hui dans cette situation."
-
(b) Arnaud MONTEBOURG explique ainsi les raisons de l'échec de 2007, et le report de nombreuses voix socialistes sur François BAYROU :
"Les électeurs se détournent parce que le Parti socialiste a dix ans de retard par rapport à la société. Il y a un problème d'immobilisme. L'ancienne génération a transformé le parti en parti conservateur. Préserver des positions acquises, défendre des fromages, cela ne représente pas mon parti socialiste ! Je ne suis pas d'accord avec cela, donc je cherche à le transformer. Je pense que c'est rattrapable, mais il y a un moment où l'on ne pourra plus passer notre temps à rattraper. Le jour où je serai convaincu que ce n'est pas possible, je le quitterai. On approche du moment de vérité. Ce sera sans doute avant 2012."
Arnaud, vous souviendrez-vous de ce que vous disiez si justement au début de l'année 2010 ?
-
(c) Et à propos de l'audace de Nicolas SARKOZY qui a recruté de nombreux quadras comme ministres, Arnaud MONTEBOURG déclare :
"Ils [NdT : Les quadras du Président.] n'ont pas eu la malchance d'avoir Lionel JOSPIN qui n'a jamais eu l'idée de préparer sa succession puisqu'il était persuadé d'être élu. C'est par orgueil que ces choses-là se sont passées ! Je me souviens qu'au moment du départ de l'équipe gagnante de 1997 avec Martine AUBRY et Dominique STRAUSS-KAHN, il a été décidé de réinstaller Laurent FABIUS et Jack LANG alors qu'il aurait fallu nous aider et faire monter une nouvelle génération. Le PS donne des coups à ses enfants. Tout cela, c'est la faute de Lionel JOSPIN qui a ossifié le parti !"
Cher Arnaud, conviendrez-vous avec moi que la stratégie conservatrice du PS et de ses éléphants n'a guère varié. Vous citez deux noms de l'équipe gagnante de 1997, Marine AUBRY, Dominique STRAUSS-KAHN, des noms que précisément on retrouve ou aurait dû retrouver aux primaires. Aurez-vous le courage de quitter ce parti de fossiles ?
-
Je dois dire que dans de nombreux billets précédents, je n'ai guère été tendre avec Arnaud MONTEBOURG. Je tempérerais volontiers mes critiques en lisant les déclarations qu'il fait dans ce livre. S'il persiste dans ses analyses et s'il a la force de proclamer ses convictions, il a certainement de l'avenir. On peut espérer qu'il n'attendra pas d'être centenaire.

Aucun commentaire: