Il y a bien longtemps que je ne vous aie pas cité l'un des aphorismes si bien ciselés de mon cher Gustave THIBON. Voici une perle trouvée dans son ouvrage Notre regard qui manque à la lumière.:
-
"[...] : les hommes apprécient un mets ou un remède dans la mesure où la publicité empoisonne leur cerveau ; ils jugent de le beauté d'une femme ou du talent d'une actrice d'après le bruit qu'on fait autour d'elles ; ils attendent pour s'ouvrir à la charité du Christ, de lire dans un journal faisandé (et le mot est encore trop indulgent, car le faisan est encore plus empaillé que pourri) un reportage sur l'abbé Pierre entre une photographie de vamp et le récit d'un crime sordide, tandis que la misère en chair et en os qu'ils côtoient chaque jour les laisse indifférents. Ils ne voient plus dans le monde que la poudre qu'on leur jette aux yeux et seul le tapage de la grosse caisse trouve un écho dans leur coeur."
-
Misères ? Séisme du Japon et centrale nucléaire "explosée" ? Bombardements divers, en Libye et ailleurs ? Attentats au Pakistan et en Afghanistan ? Morts d'Abidjan, de Damas, de Sanaa ? Chômeurs ? Emplois des jeunes ? Qui s'en préoccupe personnellement, effectivement et concrètement aujourd'hui ? Qui le pourrait d'ailleurs, empêtré qu'il est dans des "soucis" souvent dérisoires, mais qui occupent toutes ses pensées ?
Beauté d'une femme ? Talents d'une actrice ? Couples de people qui se forment ou se défont ? On ne connaît même plus les noms des actrices primées à Cannes l'an dernier ? Bébé d'unetelle né d'untel, son énième mari ou amant ou compagnon ? Nouveau talent qui détrône la pourtant indéboulonnable Lady je-ne-sais-plus-qui ? Des pages et des pages de magazines imprimés sur papier glacé, sur quoi souffle un vent de désert !
-
Comment trouver son assise, comment former son jugement dans ce tourbillon d'informations qui nous sont assénées et qui ne sont pas toutes nécessaires ? Comment se former une idée juste et mesurée, préalable à tout jugement, qu'il soit moral ou esthétique ? Comment agir droitement, une fois notre jugement formé ? J'avoue que devant la complexité de ces questions, je ne trouve pas de réponses toutes faites. Je connais la méthode pour y parvenir, et j'ai un repère qui porte un Nom. Mais elle me demande des efforts, la méthode, et le Nom qui sauve exige bien des renoncements. Éternel balancement entre l'accomplissement douloureux du meilleur et l'attrait délicieux de la facilité.
-
Affaire à suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire