Peut-être n'est-ce pas perceptible pour mes lecteurs. Mais je réfléchis intensément depuis que j'ai ouvert ce Blog. Et,après avoir essayé de comprendre les événements qui ont marqué la vie politique, économique ou sociale de notre pays, j'en suis venu à me demander pourquoi les médias, et tout spécialement ceux qui sont censés représenter la pensée dite de gauche, ont condamné Luc FERRY, et le prétendu retour à "l'ordre moral", celui des "curetons ensoutanés et du goupillon" dit l'administrateur d'un site dont la finesse et la puissance d'analyse me semblent assez restreinte. Et il m'est venu à l'esprit, avec une surprenante clarté, que le monde moderne est incapable de penser la qualité, car il lui est impossible d'en établir une échelle quel que soit le domaine concerné : celui du beau, celui du vrai, celui du bon, du lumineux, du moral, etc.
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Il y a deux faits qui me paraissent évidents et qui méritent attention. (a) Les revendications des différents corps sociaux de notre pays sont toujours quantitatives : on demande plus de pouvoir d'achat, plus de postes d'enseignants, plus de policiers, moins d'élèves par classe, plus d'heures de cours de ceci, et moins de cela ; les mesures politiques sont toujours présentées en termes de chiffres (coût) et évaluer en termes de résultats (chômage, accidents de la route) ; on classe, on hiérarchise toujours en termes de mesures de quantités, quelles qu'elles soient (kilomètres de bouchons, différences de buts dans un championnat, points perdus sur le permis de conduire, nombre de manifestants), comme si l'on avait peur d'affirmer des "valeurs" (mot que LANZA del VASTO définit très justement comme "quantité de qualité"). (b) Il y a une obsession de la transparence qui se manifeste essentiellement dans la vie économique, et qui s'exprime par l'exigence de traçabilité ; de par ma formation, je sais combien une telle exigence entraîne de travail dans l'industrie pharmaceutique. Il semble qu'il en aille de même dans l'industrie agro-alimentaire. Tout s'exprime en termes de chiffres, de délais, de durée, comme si l'activité humaine pouvait se résumer à des mesures. Tout cela est bien desséchant pour l'esprit.
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Revenons à l'ordre moral tant décrié par la bienpensance du politiquement correct. Qu'a dit exactement Mac MAHON ? Ceci : " Avec l'aide de Dieu, le dévouement de notre armée, qui sera toujours l'esclave de la loi, avec l'appui de tous les honnêtes gens, nous continuerons l'œuvre de la libération de notre territoire, et le rétablissement de l'ordre moral de notre pays. Nous maintiendrons la paix intérieure et les principes sur lesquels repose notre société". J'ai pu retrouver cette phrase en consultant Internet. Malheureusement, elle est sortie de son contexte, et elle a été honteusement déformée et exploitée par tout un courant de pensée qui confond bonheur et plaisir, liberté et assouvissement de tous ses désirs. L'idée de Mc MAHON, que l'on doit en toute probité qualifier de "réactionnaire" au sens étymologique, était de ramener dans la vie politique la notion de morale c'est-à-dire de hiérarchie de valeur des comportements sociaux et personnels. On peut rigoler de l'appel lancé aux "honnêtes gens". Mais à tout prendre, je préfère ceux-ci à tous les MADOFF, ALLIOT-MARIE, MESSIER, et tutti quanti, que je ne mets pas dans la catégorie des honnêtes gens, mais des aveugles qui se croient tout puissants.
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La question qui se pose est donc la suivante : la Loi (à laquelle le Maréchal fait allusion en soulignant le rôle de l'armée dans le service qu'elle lui doit) peut-elle se substituer à la conscience pour inspirer nos comportements ? GUILLEBAUD avait déjà dit (j'ai cité son travail dans un très ancien billet) que quand il n'y a plus de sens moral, il faut bien faire des lois. C'est parfaitement vrai. Si l'éducation des consciences avait poussé les conducteurs à ne point utiliser leur téléphone portable au volant, parce que c'est un comportement dangereux pour les autres et pour soi-même, le législateur n'aurait pas eu besoin de le sanctionner par une amende et une perte de points. La Loi doit-elle considérer que le citoyen est dépourvu de conscience et de morale, et de prendre la place de cette instance et de ce devoir pour gouverner les personnes ? C'est là une vraie question.
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