mardi 14 juin 2011

Paroles d'un homme de terrain

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Je vous l'avais promis. Je tiens ma promesse. Voici un petit extrait du livre du père Camille BRISCHOUX. Le père a été en paroisse pendant quarante ans et dans sa Lettre d'un curé de base à un évêque ordinaire dont la lecture me fut réconfortante et roborative, il n'esquive aucune des difficultés pastorales auxquelles il a été confronté pendant son ministère. Après avoir crié la douleur et la détresse qui est la sienne de devoir dispenser les sacrements institués par le Christ à des baptisés qui n'ont pas la foi, il aborde sans détour dans le chapitre CONFESSION la question de la contraception. Je trouve ces paroles justes et il est important qu'elles sortent de la bouche d'un prêtre expérimenté. Je commencerai par rappeler que j'ai souvent dit ici même ceci :  l'obsession des clercs en matière de comportement sexuel a éloigné de l'Eglise quantité d'hommes et de femmes de bonne foi. J'espère ne pas choquer les rigoristes ou les puritains en rapportant ici l'avis du père BRISCHOUX.
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"Humanae vitae n'était pas infaillible et le document évoqué plus haut sur la sexualité ne l'était pas non plus. On peut donc discuter. Avec mon gros bon sens hérité de mon ascendance ouvrière, je dis simplement que la contraception est de tous les temps et de tous les pays et, en particulier, de notre Occident chrétien. Quelquefois elle est de nécessité absolue.
[...]
Le recours obligé à des méthodes [de contraception] dites "naturelles" (Ogino, température) est dépassé. Bien malin qui pourrait faire une différence de valeur "naturelle" entre un caoutchouc, une pommade, un thermomètre ou n'importe quoi.
[...]
Mais direz-vous, vous allez contre la loi portée par Rome ! Oh que non. Je constate simplement que la loi sur la contraception est universellement inappliquée parce qu'elle est inapplicable. Qui donc pourrait m'en vouloir de constater un état de choses universel ?"
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Pour ce qui me concenre, il m'apparaît que la maîtrise de soi est effectivement demandée par Jésus à ceux qui écoutent sa parole. C'est l'évidence. Mais Jésus dénonce à de très nombreuses reprises l'hypocrisie des Pharisiens qui "retiennent la mouche mais laissent passer le chameau" dans les mailles de leurs tamis, et il n'a jamais cessé de révéler la miséricorde de son Père à ceux qui ont cru en Lui. Du reste Paul de TARSE a recommandé le remariage aux veufs et aux veuves désireux de vivre une belle sexualité (il ne le dit pas comme ça bien sûr, mais d'une manière plus abrupte : "Je dis toutefois aux célibataires et aux veuves que [...] s'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient : mieux vaut se marier que brûler [1Co 7, 8]) et il ne lie pas cette recommandation à la procréation. Il y a donc un idéal vers quoi il est bon de tendre ;  il y a des hommes et des femmes qui y parviennent dans l'amour et la paix intérieure. Et puis il y a des hommes et des femmes pour qui la chose est tout simplement impossible "pour l'instant" et qui n'en sont pas moins charitables, humbles, priants. La foi ne se résume pas à l'observation de préceptes comportementaux. Elle est d'abord un chemin, une expérience de rencontre amoureuse et de la rencontre découle tout le reste. J'ose le dire : je fais cette expérience de rencontre et elle me comble.
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Ceci pour dire que l'Église n'est pas si bornée que ces messieurs les imbéciles veulent bien le dire. Et que les propos de BENOÎT XVI dont je vous parlais hier, doivent être analysés dans un contexte beaucoup plus général. Je vous renvoie aussi à un billet (daté du 27 février 2008) consacré aux très sages recommandations que saint THOMAS MORE, dans Utopie, donnait à des jeunes gens désireux de se marier. Cherchez-le, vous serez étonnés.
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Allez ! Bonne journée.

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