Dans les Annexes de son livre sur JESUS, Jean-Christian PETITFILS donne sur la visites des mages à BETHLEEM des précisions (troublantes) que je résume. (Je vous invite à lire le livre de cet auteur, un livre en tous points remarquable.) En voici les références, avant que je ne donne le résumé de cette annexe. Il s'adresse à tous les sceptiques, jusques et y compris les membres du clergé, qui considèrent que l'épisode des mages est légendaire, controuvée ou inventée. Je ne dis pas que la narration de la visite des mages est historique, bien entendu ; j'invite simplement à un peu plus de prudence dans le jugement. En d'autres termes, cette visite n'est pas incompatible avec la vraisemblance. Et il n'est pas irrationnel de la considérer comme un reflet de la vérité.
Jean-Christian PETITFILS.
Jésus.
Fayard, Paris, 2011.
Le 17 décembre 1603, au château de PRAGUE, l’astronome
officiel de la cour impériale, Johannes KEPLER observe la conjonction très
lumineuse de Jupiter et de Saturne dans la constellation des Poissons. Cette
rencontre apparente prenait l’aspect d’un astre volumineux, visible à l’œil nu.
Le 9 octobre 1604, Mars se joignait à ces deux planètes. Par le calcul, KEPLER
établit que le même phénomène s’était produit en l’an 7 avant J.-C. Il se
rappela le texte du rabbin portugais Isaac ABRAVANEL (1437 – 1508) selon lequel
le Messie devait apparaître lorsque Jupiter et Saturne uniraient leur lumière
dans la constellation des Poissons. KEPLER refit plusieurs fois ses calculs. Et il en conclut
que l’étoile de BETHLÉEM avait été un phénomène naturel et non surnaturel, et
que Jésus était né non point en l’an 1, comme l’avait pensé le moine DENYS le
Petit, mais en l’an 7 avant notre ère.
Les
savants rejetèrent très longtemps cette découverte, bien que d’autres textes
eussent semblé la confirmer. Avant ABRAVANEL, un juif de BASSORA, vivant au IXe
siècle, MASHA’ALLAH, estimait lui aussi qu’une telle conjonction de planètes
était le signe du Messie. Ses travaux avaient été traduits de l’arabe en latin
au début du XIIe siècle par un érudit espagnol, Jean de SÉVILLE.
Puis au début du XIXe siècle, le danois Frédéric MUNTER, trouve
confirmation de cette affirmation dans un commentaire médiéval du livre de
DANIEL. En 1902, le papyrus égyptien dit la Table
planétaire (conservé à BERLIN), donne les mouvements des planètes de 17
avant J.-C. à 10 après J.-C. Il indique que cette conjonction astronomique
s’était bien réalisée dans le ciel du Proche-Orient, à une période identifiable
à l’an 7 avant l’ère chrétienne.
Revirement
de l’opinion savante en 1925. L’orientaliste allemand Peter SCHNABEL examine
les milliers de tablettes de terre cuite découvertes quelques dizaines d’années
auparavant sur le site sumérien et néo-babylonien de SIPPAR (l’actuel
ABBU-HABBAH à 32 km au sud de BAGDAD) et il découvre un calendrier précisant
que la conjonction des deux planètes s’était produite à trois reprises dans le
courant de l’année 305 de l’ère séleucide, c’est-à-dire en 7 ou 6 avant J.-C.
Comment ne pas penser alors au texte de Matthieu (et à celui de FLAVIUS
JOSÈPHE) évoquant un astre qui apparaît puis disparaît avant de
réapparaître ? Nouveaux calculs des savants modernes qui confirment ces
mouvements planétaires. La conjonction fut presque parfaite à la fin de mai, au
début d’octobre et de décembre de l’année en question. L’année suivante, en l’an
6 avant J.-C., la planète Mars vint rejoindre Saturne et Jupiter et forma avec
eux un triangle rayonnant.
Le
lien établi entre le Messie et cette figure à répétition extrêmement rare (elle n’apparaît que tous les 754
ans !) n’est pas gratuit. En CHALDÉE, l’antique BABYLONIE, depuis des
siècles, des devins-astronomes scrutaient le ciel, interprétaient les rêves et
les haruspices. Au Ier siècle avant J.-C., l’historien grec DIODORE
de SICILE disaient d’eux qu’ils étaient les « hommes les plus avancés dans
la connaissance de l’astrologie et ceux qui s’étaient le plus appliqué à
l’étude des sciences ». Chaque nuit, du haut de leur terrasse
observatoire, ils observaient la voûte céleste et notaient les phénomènes qui y
apparaissaient : éclipses, halos lunaires, conjonctions de planètes,
chutes de météores, trajectoires des comètes et des planètes, etc.). Grâce à
leurs connaissances mathématiques, ils avaient établi des éphémérides et des
almanachs. Le Bristish Museum, le
Musée du Louvre et le Vorderasiatisches
Museum de BERLIN, conservent quelques-uns de ces documents écrits en
cunéiformes. Ces savants astronomes connaissaient les douze constellations du
zodiaque. Et les premiers horoscopes font leur apparition vers la fin du Ve
siècle avant J.-C. Chaque cité (BABYLONE, NIPPOUR, URUK, etc.) avait son école.
Celle qui eut suprématie au Ier siècle avant J.-C. fut l’école de
SIPPAR qui hébergeait un vaste temple et une ziggurat dédié au dieu du soleil
SHAMASH (en sumérien UTU).
Quelle
était la signification de cette rencontre à trois reprises entre Jupiter et
l’astre d’AMARRU (nom donné à Saturne, planète du dieu KAIWAN, et des contrées
de l’Ouest [Royaume de JUDÉE et Province de SYRIE, AMMARRU, AMURRU ou pays des
Amorrhéens] ? Pourquoi des astronomes mésopotamiens se seraient-ils
intéressés à un événement qui ne les concernait pas, entrepris un voyage de
1500 km à travers le désert et les osais ? Pour rendre hommage à un
hypothétique nouveau roi de SYRIE ou du pays des juifs ? Leurs croyances
ne les poussaient aucunement à cette démarche. C’est ici que la suggestion de
Christopher WALKER prend toute sa valeur : "Si les mages ont jamais
existé, je pense que la seule explication plausible est qu’ils étaient des
juifs de la diaspora." Ainsi, au sein de la confrérie des mages chaldéens,
ils auraient été des astrologues juifs, fixés sur les bords de l’EUPHRATE
depuis l’exil à BABYLONE, et ayant conservé les attentes messianiques de leur
milieu d’origine.
On
peut donc penser raisonnablement qu’autour de l’an 7 avant l’ère chrétienne,
quelques-uns de ces érudits juifs avaient compris ce que leurs collègues
purement chaldéens n’avaient pu décrypter et qu’ils avaient acquis la
conviction que le Messie d’Israël était sur le point de naître. Au début de mai
de cette année-là, de leur observatoire de SIPPAR, ils voient Jupiter s’éloigner de
la constellation du Verseau et entrer dans celle des Poissons où l’attend
Saturne. Cette rencontre eut lieu dans le ciel matinal le 29 mai ; elle
dura jusqu’au 8 juin. La deuxième rencontre les marqua sans doute davantage.
Elle commence le 26 septembre. Le samedi 10 du mois de Tishri (le 3 octobre), elle atteint un sommet d’intensité et de
luminosité. Or, à Jérusalem, c’est la fête de Kippour. Est-il impensable de conjecturer que cette coïncidence
entraîna leur adhésion définitive et les décida à entreprendre ce long
voyage ? SIPPAR était un des principaux centres de départ caravaniers vers
la SYRIE. Ils se mêlèrent à des marchands syriens et babyloniens – car il était
impensable qu’ils entreprissent seuls un tel voyage, en raison des dangers et
des pillards – et au bout de six semaines, ils arrivent à JÉRUSALEM, sans doute
fin novembre. Après leur visite à HÉRODE, ils partent pour BETHLÉEM (à 8 km de
là). Dans le ciel, entre 5 et 15 décembre, il se produisit la troisième
conjonction des planètes dans la constellation des Poissons. Elle était plus
parfaite que les deux précédentes. L’étoile scintillait en direction du sud.
Elle semblait les guider vers BETHLÉEM.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire