mercredi 13 janvier 2016

13 octobre 2016. Nouvelles de la Résistance. Ils ont tout faux, ou la confusion de la quantité avec la qualité.

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Amour et vérité se rencontrent ! C'est pourquoi je redis :

Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai (et aimant), c'est la lâcheté !
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1. La citation du jour.
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"Il nous faut encore insister sur un point que nous n’avons abordé qu’incidemment dans ce qui précède : c’est ce qu’on pourrait appeler la tendance à la « vulgarisation » (et ce mot est encore un de ceux qui sont particulièrement significatifs pour dépeindre la mentalité moderne), c’est-à-dire cette prétention de tout mettre « à la portée de tout le monde » que nous avons déjà signalé comme une conséquence des conceptions « démocratiques », et qui revient en somme à vouloir abaisser la connaissance jusqu’au niveau des intelligences les plus inférieures. Il ne serait que trop facile de montrer les inconvénients multiples que présente, d’une façon générale, la diffusion inconsidérée d’une instruction qu’on prétend distribuer également à tous, sous des formes et par des méthodes identiques, ce qui ne peut aboutir, comme nous l’avons déjà dit qu’à une sorte de nivellement par le bas : là comme partout, la qualité est sacrifiée à la quantité. Il est vrai, d’ailleurs, que l’instruction profane dont il s’agit ne représente en somme aucune connaissance au véritable sens de ce mot, et qu’elle ne contient absolument rien d’un ordre tant soit peu profond ; mais, à part son insignifiance et son inefficacité, ce qui la rend réellement néfaste, c’est surtout qu’elle se fait prendre pour ce qu’elle n’est pas, qu’elle tend à nier tout ce qui la dépasse, et qu’ainsi elle étouffe toutes les possibilités se rapportant à un domaine plus élevé ; il peut même sembler qu’elle soit faite expressément pour cela, car l’« uniformisation » moderne implique nécessairement la haine de toute supériorité. »
In
René GUÉNON.
Le règne de la quantité et les signes des temps. (Édition définitive établie sous l’égide de la Fondation René GUÉNON.
Gallimard, Paris, 2015, page 92.
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2. Commentaires.
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Le livre de René GUÉNON est d’un abord difficile, mais, dès qu’on s’est donné la peine de rentrer dans l’intuition fondamentale de l’auteur, qui est celle de la distinction entre qualité et quantité, entre essence et substance (ou matière), alors, tout devient clair. Qualité et essence sont du côté de l’esprit et à l’état pur contiennent toutes les virtualités susceptibles d’apparaître dans les « manifestations » des êtres. Plus on va vers la quantité et plus on va vers la matière, laquelle à l’état pur peut être informée par toutes les virtualités de l’essence, mais reste informe quand elle est vide de qualité.
Le livre est passionnant et décapant ; il irritera sans aucun doute les idéologues de gauche comme de droite, mais son argumentation procède d’évidences en évidences et il est difficile d’en prouver la totale fausseté.
Vous trouverez dans la section 3, la chronique de Martina CHYBA qui dénonce allègrement et avec humour la prétention des pédagogues à édicter leurs lois. Vous noterez que les dits pédagogues ne parlent jamais des personnes (domaine de la qualité pure) mais toujours des objets et des conditions dans lesquelles ils sont utilisés : domaine de la quantité informe.
Il est intéressant de souligner qu’un philosophe contemporain, Paul FEYERABEND, a démonté le concept de science (et il n’est pas le seul à l’avoir fait) avec une argumentation qui montre que toutes les connaissances, qu’elles soient à prétention scientifique ou qu’elles soient traditionnelles se valent. Je reviendrai sur ce que dit FEYERABEND. En attendant, et contre les zélateurs des méthodes uniformes et uniques (notez que GUÉNON critique l’instruction dispensée sous des formes et méthodes identiques, et non pas l’instruction en elle-même), je défends tout à fait l’idée selon laquelle, comme le dit ARISTOTE, rien n’est plus injuste que de traiter également des personnes inégales (à entendre au sens qualitatif : dotées de qualités différentes).
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3. Informations diverses.
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LA CHRONIQUE DE MARTINA CHYBA, JOURNALISTE ET PRODUCTRICE A LA RTS.

A propos de la novlangue. (Un ami m'a transmis cette chronique que l'on peut retrouver sur 

"Désolée je ne peux pas m’en empêcher. Je craaaque. Amatrice inconditionnelle de la novlangue pédante, bureaucratique et politiquement correcte, je me dois de partager les dernières découvertes. Déjà cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle les campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais «hôtellerie en plein air». Haha.
J’ai aussi appris que je n’étais pas petite mais «de taille modeste» et qu’un nain était une «personne à verticalité contrariée».
Si, si ! Mais rendons à César ce qui lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire et ses pédagos à gogo. J’étais déjà tombée de ma chaise pendant une soirée de parents quand la maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier «l’outil scripteur» au lieu de tenir un crayon. Je me suis habituée au fait que les rédactions sont des «productions écrites», les courses d’école des «sorties de cohésion» et les élèves en difficulté ou handicapés des «élèves à besoins éducatifs spécifiques». Mais cette année, sans discussion aucune, la mention très bien est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège. Z’êtes prêts? Allons-y.
Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à «maîtriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres». Il n’y aura plus de dictée mais une «vigilance orthographique». Quand un élève aura un problème on tentera une «remédiation».
Mais curieusement le meilleur est pour la gym… oups pardon! pour l’EPS (Education physique et sportive). Attention, on s’accroche : courir c’est «créer de la vitesse» nager en piscine c’est «se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête» et le badminton est une «activité duelle médiée par un volant». Ah! c’est du sportif, j’avais prévenu, Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé (je n’ose pas dire du pipi de minet).
Alors, les amis, ne perdons pas ce merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la «personne en cessation d’intelligence» autrement dit, le con.

Signé : Martina Chyba, parent d’élève. Ah non, re-pardon… Martina Chyba, «génitrice d’apprenant»."

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