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Amour et vérité se rencontrent ! C'est pourquoi je redis :
Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai (et aimant), c'est la lâcheté !
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1. La citation du jour.
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"Il nous faut encore insister sur un
point que nous n’avons abordé qu’incidemment dans ce qui précède : c’est
ce qu’on pourrait appeler la tendance à la « vulgarisation » (et ce
mot est encore un de ceux qui sont particulièrement significatifs pour
dépeindre la mentalité moderne), c’est-à-dire cette prétention de tout mettre « à
la portée de tout le monde » que nous avons déjà signalé comme une
conséquence des conceptions « démocratiques », et qui revient en somme
à vouloir abaisser la connaissance jusqu’au niveau des intelligences les plus
inférieures. Il ne serait que trop facile de montrer les inconvénients
multiples que présente, d’une façon générale, la diffusion inconsidérée d’une
instruction qu’on prétend distribuer également à tous, sous des formes et par
des méthodes identiques, ce qui ne peut aboutir, comme nous l’avons déjà dit qu’à
une sorte de nivellement par le bas : là comme partout, la qualité est
sacrifiée à la quantité. Il est vrai, d’ailleurs, que l’instruction profane
dont il s’agit ne représente en somme aucune connaissance au véritable sens de
ce mot, et qu’elle ne contient absolument rien d’un ordre tant soit peu profond ;
mais, à part son insignifiance et son inefficacité, ce qui la rend réellement
néfaste, c’est surtout qu’elle se fait prendre pour ce qu’elle n’est pas, qu’elle
tend à nier tout ce qui la dépasse, et qu’ainsi elle étouffe toutes les
possibilités se rapportant à un domaine plus élevé ; il peut même sembler
qu’elle soit faite expressément pour cela, car l’« uniformisation »
moderne implique nécessairement la haine de toute supériorité. »
In
René GUÉNON.
Le règne de la quantité et les signes des
temps. (Édition définitive établie sous l’égide de la Fondation René GUÉNON.
Gallimard, Paris, 2015, page 92.
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2. Commentaires.
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Le livre de René GUÉNON est d’un abord
difficile, mais, dès qu’on s’est donné la peine de rentrer dans l’intuition
fondamentale de l’auteur, qui est celle de la distinction entre qualité et quantité,
entre essence et substance (ou matière), alors, tout devient clair. Qualité et
essence sont du côté de l’esprit et à l’état pur contiennent toutes les
virtualités susceptibles d’apparaître dans les « manifestations » des
êtres. Plus on va vers la quantité et plus on va vers la matière, laquelle à l’état
pur peut être informée par toutes les virtualités de l’essence, mais reste
informe quand elle est vide de qualité.
Le livre est passionnant et décapant ;
il irritera sans aucun doute les idéologues de gauche comme de droite, mais son
argumentation procède d’évidences en évidences et il est difficile d’en prouver
la totale fausseté.
Vous trouverez dans la section 3, la
chronique de Martina CHYBA qui dénonce allègrement et avec humour la prétention
des pédagogues à édicter leurs lois. Vous noterez que les dits pédagogues ne
parlent jamais des personnes (domaine de la qualité pure) mais toujours des
objets et des conditions dans lesquelles ils sont utilisés : domaine de la
quantité informe.
Il est intéressant de souligner qu’un
philosophe contemporain, Paul FEYERABEND, a démonté le concept de science (et
il n’est pas le seul à l’avoir fait) avec une argumentation qui montre que
toutes les connaissances, qu’elles soient à prétention scientifique ou qu’elles
soient traditionnelles se valent. Je reviendrai sur ce que dit FEYERABEND. En
attendant, et contre les zélateurs des méthodes uniformes et uniques (notez que
GUÉNON critique l’instruction dispensée sous des formes et méthodes identiques,
et non pas l’instruction en elle-même), je défends tout à fait l’idée selon
laquelle, comme le dit ARISTOTE, rien n’est plus injuste que de traiter
également des personnes inégales (à entendre au sens qualitatif : dotées
de qualités différentes).
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3. Informations diverses.
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LA CHRONIQUE DE MARTINA CHYBA, JOURNALISTE ET PRODUCTRICE A
LA RTS.
A propos de la novlangue. (Un ami m'a transmis cette chronique que l'on peut retrouver sur
"Désolée je ne peux pas m’en
empêcher. Je
craaaque. Amatrice inconditionnelle de la novlangue pédante, bureaucratique et
politiquement correcte, je me dois de partager les dernières découvertes. Déjà
cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle les
campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de
Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette
Ricard et claquettes Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent
que l’on dise désormais «hôtellerie en plein air». Haha.
Si, si ! Mais rendons à César ce qui
lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire et ses pédagos à
gogo. J’étais déjà tombée de ma chaise pendant une soirée de parents quand la
maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier
«l’outil scripteur» au lieu de tenir un crayon. Je me suis habituée au fait que
les rédactions sont des «productions écrites», les courses d’école des «sorties
de cohésion» et les élèves en difficulté ou handicapés des «élèves à besoins
éducatifs spécifiques». Mais cette année, sans discussion aucune, la mention
très bien est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa
réforme du collège. Z’êtes prêts? Allons-y.
Donc, demain l’élève n’apprendra plus à
écrire mais à «maîtriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement
le tracé normé des lettres». Il n’y aura plus de dictée mais une «vigilance
orthographique». Quand un élève aura un problème on tentera une «remédiation».
Mais curieusement le meilleur est pour la
gym… oups pardon! pour l’EPS (Education physique et sportive). Attention, on
s’accroche : courir c’est «créer de la vitesse» nager en piscine c’est «se
déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en
équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête» et le badminton est
une «activité duelle médiée par un volant». Ah! c’est du sportif, j’avais
prévenu, Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune
félidé (je n’ose pas dire du pipi de minet).
Alors, les amis, ne perdons pas ce
merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la
«personne en cessation d’intelligence» autrement dit, le con.
Signé : Martina Chyba, parent d’élève. Ah non, re-pardon…
Martina Chyba, «génitrice d’apprenant». "
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