mardi 20 décembre 2016

19 décembre 2016. Nouvelles de la Résistance. Sobriété heureuse contre faillite de l'enseignement

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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LA CITATION DU JOUR.
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"Le changement de logique ne peut se réaliser sans que l’on revoie de fond en comble l’éducation des enfants. Celle qui prévaut aujourd’hui est déterminée et inspirée par les priorités de l’idéologie marchande et financière, et l’abandon passif à une caste enseignante. On sait de plus en plus l’extrême importance que revêtent la conception, la gestation et la façon de mettre au monde un enfant. Trêve d’hypocrisie : ce que tout le monde appelle “éducation” est une machine à fabriquer des soldats de la pseudo-économie, et non de futurs êtres humains accomplis, capables de penser, de critiquer, de créer, de maîtriser et de gérer leurs émotions ainsi que de ce que nous appelons spiritualité ; “éduquer” peut alors se résumer à déformer pour formater et rendre conforme. Le malaise grandissant de toute une jeunesse condamnée au naufrage dès lors que le système ne peut l’intégrer ou la prendre en charge témoigne de cette aliénation. L’équation qui a prévalu, en particulier lors des Trente Glorieuses, selon laquelle faire de bonnes études donnait une qualification garante d’un salaire ne fonctionne plus dans la société de croissance illimitée. Alors, pourquoi s’obstiner dans cette option déjà obsolète ?"
In
Pierre RABHI.
Vers la sobriété heureuse. ("Babel" N°1171.)
Actes Sud, Arles, 2010, p. 120.
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2. COMMENTAIRES.
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Mon commentaire sera tout simplement deux historiettes authentiques : la première est une rencontre que j’ai faite il y a quatre jours dans le métro, avec Julien, un jeune homme de 25 ans. Je lisais le livre du Colonel RÉMY sur les martyrs de Chine, un livre dont j’ai déjà parlé ici même. Julien s’adresse à moi et me dit : « Il est vieux ce livre ». « Oh, pas tant que ça ; il date de 1952. » Et nous voilà engagé dans une conversation qui durera une dizaine de minutes jusqu’à ce que nous soyons obligés de l’interrompre car je descendais à la Porte de Saint-Cloud et il poursuivait son chemin.
Julien m’apprend qu’il a un master d’urbanisme et de géographie. Et puis, tout de go, il me dit que ce diplôme ne lui sert de rien. Il a passé le concours de commissaire de police (sans trop d’espoir, car la concurrence est rude et des candidats hautement diplômés le tentent aussi). Mais en réalité, il va se tourner vers la boucherie. Le métier lui plaît. Il n’y est pas préparé mais va trouver un stage et un lieu où apprendre le métier.
Il me semble que cette histoire illustre tout à fait le constat que mon cher Pierre RABHI. Notre système d’enseignement est à bout de souffle. Des milliers de jeunes se précipitent vers l’Université qui, à quelques exceptions près (Médecine, Odontologie, Pharmacie, Droit [formation au métier d’avocat]) conduit à des impasses, et forment des jeunes aigris, revendicatifs et, disons-le mot, inemployables dans un système où le fric, le progrès et le rendement tiennent lieu de critères de recrutement.
La deuxième historiette date d’hier soir. Nous organisions à Maisons-Laffitte, comme Veilleurs, une soirée tournée autour des origines chrétiennes de la France, autour du sens de Noël. L’endroit prévu pour la réunion était en fait occupé par des marchands de sapins de Noël : Jean-Pierre, Michel et sa femme ; en outre, une amie des trois, Hélène, une spécialiste en informatique, était là. La conversation s’engage. Les deux hommes, ouverts, sympathiques, revendiquent leur statut d’agriculteurs-éleveurs. Ils viennent du Morvan. Et comme il y a une crise terrible de l’élevage, ils se sont diversifiés dans la plantation de sapins de Noël. Jean-Pierre nous dit que lui ne manquera jamais de travail, car aucun robot ne fera ce qu’il fait ; Michel surenchérit. Et de plaindre les diplômés, les surdiplômés, les Bacs plus 5, plus 12 ! Hélène d’ajouter : dans dix ans, la moitié des métiers aura disparu, tout sera fait par des robots, il n’y aura plus de travail, et c’est la raison pour laquelle on introduit peu à peu dans le peuple l’idée d’un revenu universel, puisqu’il n’y aura plus de quoi le faire vivre de sa propre activité. Pour cette spécialiste d’informatique, très au courant des nouveautés technologiques, bientôt tout sera connecté, nous serons surveillés, au profit de quelques grands groupes financiers qui nous cibleront par leur indécente publicité. Pour Hélène, il est évident que cette situation est pré-révolutionnaire et que les peuples se révolteront. Moi, je déclare hautement que si je suis obligé d'acheter un frigidaire connecté, je sabote le système de connection ! 
Pierre RABHI a raison. Si nous ne revenons pas à une sobriété heureuse, à des modes de production artisanaux et non pas industriels, gigantesques, démesurés, nous courons à notre perte, nous fabriquons un peuple de dépressifs, un peuple malheureux.
Au moment où nous fêtons la venue dans la chair du Fils de Dieu, peut-être est-il bon de se rappeler cette vérité élémentaire : l’homme ne vit pas que de pain, encore moins de ce que les grossiums appellent le progrès. L'homme vit de sens et non pas d'économie, encore moins de mondialisation !
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Il y a aussi des imbéciles en Espagne ; la spécialité n’est pas française.

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Et il y a des Espagnols qui résistent !


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