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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche
de devenir vrai, c’est la lâcheté et parfois, en plus de la lâcheté le mensonge
volontaire.
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1. LA CITATION DU JOUR.
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Ayez, je vous en prie, la patience de lire ce texte, admirable en tout
point, et qui donne de ce roi présenté comme mou et irrésolu, une dimension,
une épaisseur humaine que peu d’hommes politiques peuvent avoir. Il n’est que
de comparer ce texte avec la navrante et pathétique déclaration de François
HOLLANDE, le testament politique d’un homme déjà mort pour l’histoire.
Comparez, je vous en prie, le soin que prend Louis de parler de sa femme et de
ses enfants avec le traitement que monsieur HOLLANDE a réservé à ses compagnes
successives. Voyez où est la grandeur d’âme, le courage et la sérénité. Et voyez où est le pathos républicain.
"Le 25 décembre 1792. Louis XVI
rédige son testament (en double), à la tour du Temple et en remet un exemplaire
à Malesherbes, son avocat.
« Au nom
de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Aujourd'hui
vingt-cinquième jour de décembre. Moi, Louis XVIe du nom, Roy de France, étant
depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à
Paris par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication
quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué
dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue à cause des passions
des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi
existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse
m'adresser, je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes
sentiments.
Je laisse mon
âme à Dieu, mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne
pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ
qui s'est offert en sacrifice à Dieu son Père pour nous autres hommes, quels
qu'indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans
l'union de notre sainte Mère l'Église catholique et les commandements de Dieu
et de l'Église, les sacrements et les mystères tels que l'Église catholique les
enseigne et les a toujours enseignés. Je n'ai jamais prétendu me rendre juge
dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'Église de
Jésus-Christ, mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu
m'accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la
sainte Église catholique donnent et donneront conformément à la discipline de
l'Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui
peuvent être dans l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, car je ne les
aime pas moins tous en Jésus-Christ, suivant ce que la charité chrétienne nous
l'enseigne.
Je prie Dieu de
me pardonner tous mes péchés. J'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à
les détester et à m'humilier en sa présence. Ne pouvant me servir du ministère
d'un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai
faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom, (quoique
cela fût contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la
discipline et à la croyance de l'Église catholique à laquelle je suis toujours
resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où
je suis, s'il m'accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du
ministère d'un prêtre catholique, pour m'accuser de tous mes péchés et recevoir
le sacrement de pénitence.
Je prie tous
ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance, (car je ne me rappelle
pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne) ou ceux à qui j'aurais pu
avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu'ils
croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous
ceux qui ont de la charité d'unir leurs prières aux miennes pour obtenir de
Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de
tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je ne leur en aie
donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par
un faux zèle ou par un zèle mal entendu m'ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à
Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui
me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce
puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur
ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de
les soutenir par sa grâce s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront
dans ce monde périssable.
Je recommande
mes enfants à ma femme ; je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour
eux. Je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes
hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s'ils sont
condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de
tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'Éternité. Je
prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants et de leur
tenir lieu de mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma
femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins
que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut
être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose
à se reprocher.
Je recommande
bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher
avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère,
et reconnaissants de tous les soins et les peines qu'elle se donne pour eux, et
en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je recommande à
mon fils, s'il avait le malheur de devenir roi, de songer qu'il se doit tout entier
au bonheur de ses concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout
ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins
que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant
suivant les lois, mais en même temps qu'un roi ne peut les faire respecter, et
faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire,
et qu'autrement étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect,
il est plus nuisible qu'utile.
Je recommande à
mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées, autant
que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de
songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou les
parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux
pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient
attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et
qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent dans les
moments de troubles et d'effervescence on n'est pas le maître de soi) et je
prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur malheur.
Je voudrais
pouvoir témoigner ici toute ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un
véritable attachement et désintéressé. D'un côté, si j'étais sensiblement
touché de l'ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n'avais jamais
témoigné que des bontés, à eux ou à leurs parents ou amis, de l'autre j'ai eu
de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuits que beaucoup de
personnes m'ont montrés. Je les prie d'en recevoir tous mes remerciements. Dans
la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je
parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de
chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais
calomnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recommandais
ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue que leur véritable attachement
pour moi avait porté à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont
pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des
soins duquel j'ai eu tout lieu de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme
c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie MM. de la Commune de
lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse et les autres petits
effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient les mauvais
traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé
quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur
cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous
mes remerciements et l'expression de ma sensibilité pour tous les soins et les
peines qu'ils se sont donnés pour moi. Je finis en déclarant devant Dieu, et
prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont
avancés contre moi.
Fait en double, à la Tour du Temple, le 25 décembre 1792, »
LOUIS
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2. COMMENTAIRES.
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Mon
commentaire est simple : il n’y a rien à rajouter à ce texte que je ne
puis lire sans en avoir le cœur serré.
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