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Ce
billet s’adresse tout spécialement aux lycéens qui préparent le bac de français.
Bien entendu, dans l’esprit de conformisme ambiant, je leur déconseille de s’inspirer
entièrement de l’ouvrage dont je vais parler, bien qu’il soit d’une rare
puissance.
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En
effet, je n’ai jamais lu un ouvrage de critique littéraire comme celui-là. À
côté de lui, les écrits de Sainte-Beuve, d’Émile FAGUET ou de Gustave LANSON font
bien pâle figure. Dans son Rejet de
Greffe. Exorcismes spirituels I.
(Les Belles Lettres, Paris, 2010) Philippe MURAY analyse avec une érudition
époustouflante, en s’aidant du reste des apports de FREUD (mais pas que), les œuvres
de quelques grands écrivains français (qu'il aime et admire) ou d’écrivains célébrés par la
bien-pensance bourgeoise, tout droit issue de la bourgeoisie libertine du XIXe siècle. RABELAIS, CHATEAUBRIAND, FLAUBERT, HUGO, ZOLA, BAUDELAIRE, Léon BLOY sont
passés au crible de son esprit acéré, de sa plume flamboyante, et de son
humour. Mais c’est à ZOLA et à HUGO qu’il décoche ses flèches enflammées. Elles
atteignent leur cible, en plein cœur. Les autres, notre critique les aime.
Voici
un petit extrait que MURAY tire d’un texte publié par Antonin ARTAUD en 1934 à
propos de Victor HUGO :
"Toutes
les commémorations me paraissent vaines. Et une époque comme la nôtre qui vit
sans mémoire comme sans aspirations, pour qui le passé ne compte pas plus que l’avenir,
qui vide le cerveau, qui se donne un présent purement alimentaire, parfois
sportif, mais par-dessus tout lâche et terrorisé, qui ne pense plus qu’à son
estomac et à sa bourse, preuve qu’elle n’a plus d’ailleurs ni l’un ni l’autre,
et qui n’a d’autre préoccupation pour tout dire que le trottoir et le bordel,
ne peut guère se laisser émouvoir par le souvenir d’un vieillard conformiste [il
s’agit de Victor HUGO que l’on commémore], révolutionnaire contre l’Empire,
niaisement humanitaire, patriote sur ses vieux jours, et en fait exclusivement
bourgeois qui a laissé en tout et pour tout une petite dizaine de poèmes à
apprendre dans les lycées."
Et
MURAY de nous apprendre que lors de la panthéonisation du vieillard
conformiste, de son inhumation dans le temple blasphématoire par excellence qu’est
le Panthéon, on a scié la croix qui figurait sur le fronton de ce qui fut jadis
une église.
Voyez-vous,
ce n’est pas pour rien que cet écrivain polygraphe et anticatholique viscéral,
a donné son nom à une des plus belles avenues parisiennes, habités par des
bourgeois aussi conformistes que l’éponyme de leur avenue de résidence. Je
déteste Victor HUGO, je le trouve ronflant, gonflant, insupportable de
dégoulinante compassion, et d’une remarquable mauvaise foi. Toutefois je
reconnais bien volontiers qu’il a commis quelques vers qui méritent d’être
mémorisés.
Demain,
nous dézinguons ZOLA, avec MURAY et Léon BLOY. Je vous dis que ça va décoiffer !