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Aux
aurores de ce jour, un très proche et très cher me reprochait mon dernier
billet, et m’accusait de jeter de l’huile sur le feu d’un brasier quasi
insurrectionnel, au motif que je soutiens les Gilets jaunes.
Je
vais expliquer brièvement pourquoi cette accusation est sans fondement. La
civilisation post-moderne, exclusivement fondée sur l’échange des marchandises régulé
par le droit et des organisations internationales (OMC, FMI) dépourvues de
toute légitimé politique, n’a de cesse de détruire l’ordre symbolique sans
lequel l’homme ne peut pas vivre. Cet ordre c’est ce que l’on appelle la
civilisation. Un symbole est un élément visible qui met en rapport arbitraire
avec un contenu invisible : la patrie, l’histoire, les provinces, les
associations diverses sont des éléments symboliques qu’il convient de mettre au
pas pour permettre le développement illimité de ce que l’on appelle le progrès,
course en avant effrénée, vers un but dépourvu de toute signification humaine.
C’est une des raisons, sans doute involontaire, mais bien réelle, qui ont fait supprimer
la mention du département d’origine sur les plaques minéralogiques, qui ont
fait regrouper les anciennes provinces en « régions » (tu parles !)
en s’efforçant d’effacer de leur nom toute référence au passé. C’est une des
raisons pour lesquelles il sera très difficile de retourner à ce qu’on appelle
la Bretagne historique ; dans le système actuel, NANTES (Naoned en breton)
est exclu de cette province dont elle est un fleuron. Exit l’Alsace, reste l’Auvergne
associée à un grand machin appelé Rhône-Alpes, comme si Rhône-Alpes avait la
moindre attache avec l’histoire, le passé. Bref, ceux qui nous dirigent ont
complètement rayé de leur logiciel cérébral ce que certains sociologues
appellent la subjectivité sociale, et dont les Gilets jaunes sont l’expression
la plus nouvelle et, de mon point de vue, la plus originale.
Par ailleurs, il me paraît très
curieux, dans une République qui feint de croire que la France est née avec la
Révolution (c’était l’avis de l’inénarrable Vincent PEILLON), de condamner tout
ce qui de près ou de loin, aujourd’hui, semble vouloir s’y référer :
décapitation symbolique du Président de la République, manifestation à Versailles, atteinte aux
bâtiments publics. Tout cela était très bon dans les années 1790 et l’on ne
cesse de nous le dire. Et d’un seul coup, tout devient très mauvais ? A qui la faute ?
Le mouvement de révolte qui agite
nombre de Français est d’ordre anthropologique. Il n’est pas politique. Et l’imbécile
(bernanosien) Benjamin GRIVEAUX peut décréter du haut de sa tribune que la
poignée qualifiée par lui de résiduelle de Gilets jaunes sont des agitateurs,
des factieux, il ne fait que renforcer l’idée d’une fracture irréparable entre
ceux qui par leur travail, dans les campagnes, les villages, les bourgs ou les
villes moyennes maintiennent la vie, et font de notre patrie le plus grand
jardin d’Europe, d'une part et les bobos de Paris ou d’ailleurs qui couvrent de leur insondable
mépris les petits, les sans-grades, en profitant honteusement du fruit de leur
travail, de l'autre.
Je persiste donc : il faut
continuer, pacifiquement, en accord avec loi, dans la non-violence la plus accomplie, la
protestation, jusqu’à ce qu’enfin les Français aient leur mot à dire dans les
décisions qui intéressent leur vie quotidienne.
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