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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des
terres,
pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à
travers le ciel
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BERNANOS
ET LE COMBAT PERDU DES
IMBÉCILES.
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"Oui, si paradoxal que paraisse
aujourd’hui mon propos, l’avenir prouvera, j’en suis sûr, qu’une fois de plus
j’ai raison contre les politiques, que je me trouve d’accord avec l’instinct de
mon peuple. Ces idées ne doivent absolument rien, je l’avoue, à la logique des
imbéciles dont je ne méconnais d’ailleurs nullement le pouvoir, car chaque
imbécile pris à part n’est qu’un imbécile, mais l’expérience accumulée des
imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde. La prudence des imbéciles est
de tout ménager parce qu’ils ne peuvent subsister, à l’exemple de certains
organismes marins élémentaires, que dans les eaux calmes, le moindre remous les
détruirait. C’est que la société moderne, par un extraordinaire abus de mots
qui eût frappé de stupeur les anciens Grecs, nomme aujourd’hui l’esprit de
mesure, comme s’il était d’autre mesure pour l’homme que de se donner sans
mesure à des valeurs qui dépassent infiniment le champ de sa propre vie. Nous
ne devons d’ailleurs pas perdre de temps à maudire les imbéciles : les
imbéciles sont des parasites, et si la nature a voulu des parasites, c’est
qu’ils ne sont pas inutiles. Mais l’observation du règne animal nous apporte la
preuve que les parasites trop longtemps tolérés finissent par imposer leur loi
à l’espèce supérieure aux dépens de laquelle ils vivent. Nous n’entretenons pas
seulement les imbéciles, nous nous conformons peu à peu au rythme ralenti de
leur vie, nous sacrifierons peut-être demain le génie créateur de l’homme à un
conservatisme que les doctrinaires peuvent bien essayer de justifier par des
formules pompeuses, mais qui n’est précisément chez les imbéciles qu’un simple
réflexe de l’instinct de conservation."
Georges
BERNANOS.
La
révolte de l’esprit. Écrits de combats (1938-1945). ("Le goût des
idées". Collection dirigée par Jean-Claude ZYLBERSTEIN.) Présentation de
Gilles BERNANOS.
Les
Belles Lettres, Paris, 2017.(Page 103)
C’est ce que le Président MACRON appelle l’ordre
républicain, mais en dépit de ses réels désirs de réformes, il ne fait que
mettre des emplâtres inefficaces sur des fractures sociales ouvertes et dont les causes sont bien connues : cupidité, finance, lutte de tous contre tous (ah ! la fameuse compétitivité), impériosité du désir et du plaisir, pour ne citer que ces quelques tares.
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ET
CONTREPOINT DE NOTRE CHER
PHILIPPE MURAY.
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"Mais surtout, il [MURAY parle de Marcel AYMÉ] ne pouvait pas
inventer que se développerait en même temps que ces immenses ravages, une
rhétorique et des lois qui les protégeraient de toute attaque et
transformeraient les plus modestes adversaires de cet état des choses en
véritable classe dangereuse. La modernité produit des victimes, des
touristes, des jeunes, des minorités, des valeurs universelles, des psys de
catastrophe, des artistes antiracistes, des lycéens citoyens et de nouveaux
droits particuliers chaque jour ; mais elle produit aussi et d’abord les
flics culturels chargés d’empêcher l’évaluation de tout ce fatras. Ce sont les
nourrices sourcilleuses du nouvel univers. Tandis que celui-ci se transforme en
nursery délirante, ces flics veillent à ce qu’aucun regard ne soit porté sur
cette transformation ; et s’il s’en produit un par malheur, à ce que celui-ci
soit instantanément et lourdement pénalisé. S’efforçant de faire taire, avec
des intimidations et des arguments d’avant-hier, les rares individus encore
capables de voir le monde présent, c’est-à-dire en somme les ultimes vivants,
ils patrouillent sans relâche autour de la nouvelle planète ridicule et puérile
d’où montent beaucoup de cris et beaucoup de vacarme, mais aucun rire. Carles
enfants ne rient pas (sinon d’un rire saccadé et halluciné) pour la raison que
ces petits angoissés ont toujours besoin de savoir où est le vrai et où est le
faux et que le rire suppose, au moins, un fond d’incertitude, de flou,
d’irrésolu qui leur sont insupportables. De sorte que la civilisation accomplit
sa métamorphose anthropologique, sans doute la plus considérable depuis la
sortie des cavernes, sans être pensée, c’est-à-dire transformée en objet de
risée. Et il est vain d’attendre la moindre pensée de quelqu’un qui, devant
l’horreur présente, ne rit pas et ne fait pas rire. Tout le reste est
approbation et poursuite du vent."
In
Philippe MURAY.
Moderne
contre moderne. Exorcismes spirituels IV. Essais. Quatrième tirage..
Les
Belles Lettres, Paris, 2010 (pour la présente édition). (Page 33.)
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COMMENTAIRES.
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Il
n’est que trop clair que l’on essaye de disqualifier le mouvement de révolte
populaire qu’expriment les Gilets jaunes. Monsieur MÉLECHON encense l’un d’eux,
monsieur DROUET, dont la modération est assez problématique, mais il ignore les
dizaines de milliers d’autres qui essayent de vivre dignement. Je dirais ici,
pour répondre à Ernst KUNST et en reprenant la distinction de Gustave THIBON,
que les Gilets jaunes semblent dépourvus de références morales (l’éducation
nationale les y a bien aidé), mais ils ne sont pas dépourvus de mœurs, comme le
montrent la fraternité et la joie qui règnent sur ces fameux-ronds-points dont
la justice va les chasser à coup d’amendes, de gardes à vue, voire de prison.
Pendant ce temps, on continue de dealer tranquillement ici et là et partout, on
laisse de nombreux et authentiques voyous dans la nature, et monsieur BENALLA a
toujours ses deux passeports diplomatiques (à moins qu’il ne les ai rendus ce
matin !).
Chers
amis, il est temps de retisser ou de tisser ce lien social, qui paraissait aux
affamés des Lumières comme autant de contraintes étouffantes et qui n’était que
l’armature heureuse d’une vie sociale convenue peut-être, mai bien paisible à
vivre. En somme il est temps de vivre le pari bénédictin des petites cellules sociales, non point dressées au milieu des terres, en effet, mais jetées comme l'armée des étoiles à travers le ciel.
Demain,
je ferai une chronique et je vous donnerai les liens de très belle analyses d’Elvire
DEBORD.
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