jeudi 25 septembre 2008

Merci à Véronique !

Heureusement, la plupart de nos enseignants ont la tête sur les épaules. Un professeur de français en ZEP, madame Véronique BOUZOU, publie aujourd'hui un éditorial intitulé : Mes élèves n'iront pas voir voir la Palme. Son analyse est pleine de bon sens. Elle commence par déplorer que la Mairie de Paris souhaite inviter 10.000 élèves de 4e et 3e de Collèges parisiens situés en ZEP à aller voir gratuitement ce film. Et elle fait ce constat : Tout au long du film, qui ressemble à s'y méprendre à une émission de téléréalité, les jeunes passent leur temps à invectiver le professeur ! L'enseignant laisse faire... Comment exiger alors des élèves qu'ils soient assidus et concentrés en classe quand ceux d'Entre les murs reçoivent la Palme d'or en récompense de leur mauvaise conduite.
Et elle conclut : Boycotter ce film, c'est refuser les clichés, les compromis et la mainmise des puissants sur la destinée des plus faibles. C'est également dénoncer la récupération financière de la Palme d'or qui sert les intérêts d'une minorité au détriment du plus grand nombre.
Plusieurs remarques. D'abord merci à madame BOUZOU ; c'est une femme qui pense et qui analyse les faits, avant de conclure. Elle est loin de l'idéologie du politiquement correct, et de cette gauche caviar qui s'imagine régler le problème des ZEP en canonisant la faiblesse, pour ne pas dire plus, d'un enseignant, en faisant pleurer Margot dans les chaumières, et en gonflant l'égo de collégiens qui méritent mieux que ce mépris. Madame BOUZOU a sur ces messieurs du jury un très gros avantage : elle enseigne en ZEP. Elle n'emmènera pas ses élèves voir ce film. Elle invite à son boycott. Je la soutiens. J'ai vu quelques scènes de ce film. C'est lamentable.
J'ai voulu lire le roman qui a engendré le film. J'ai abandonné au bout de vingt pages. Il s'agit d'une oeuvre qui frise la nullité. Sur son auteur, j'ai un petit avantage. Les trois dernières années de ma carrière universitaire, j'ai donné bénévolement des cours à des jeunes issus de quartiers sensibles, et qui désiraient passer le Diplôme d'Accès aux Études Universitaires (DAEU). Je me souviens leur avoir dit combien l'effort quotidien, l'investissement personnel, et SURTOUT une bonne maîtrise de la langue était indispensable pour monter dans l'ascenseur social. Et il me souvient justement d'un jeune qui, en plein cours, m'a dit : M'ssieu, j'ai épaté mes copains. J'ai utilisé le mot "fallacieux" ; ils ne savaient pas ce que ça voulait dire, je leur ai expliqué. J'avais intentionnellement utilisé et expliqué ce mot lors d'un précédent cours, et je m'appliquais toujours à soigner ma langue. Vouloir pour ces jeunes le meilleur, exiger d'eux le meilleur, c'est ne pas les mépriser, c'est leur faire confiance, c'est leur dispenser l'enseignement le plus profond, le plus élevé possible, comme aux fils et aux filles de famille. Tout le reste est de la littérature. Et si en plus, on leur manifeste le respect auquel ils ont droit et qui nous permet d'exiger en retour un respect analogue pour notre personne, si on leur manifeste de la compréhension, de l'écoute, de la bienveillance et de l'affection, il se tisse des liens indestructibles. Et il me plaît ici d'évoquer deux de mes anciens, STEVE et JONATHAN, avec qui j'ai toujours gardé des contacts personnels. Quelle rencontre ! Ils sont merveilleux, et ils ont fait leur chemin.
Encore une fois, merci à Véronique BOUZOU.

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