jeudi 11 septembre 2008

Un prophète et un volcan

Ah ! Cher Léon BLOY, si vous étiez encore de ce monde, j'irais à votre porte frapper tous les jours, au lever du soleil, et je ne vous quitterais point de la journée, suspendu à vos lèvres. Comme j'aimerais que vous fussiez encore parmi nous. On vous entendrait dire des choses formidables, tonitruer, démonter les systèmes idiots qui nous enferment en un monde clos, sans perspectives et sans issues. Vous l'avez dit : tout était en germe en ce fatal XVIIIe S. qui vit s'annoncer l'écroulement de notre pays.
Lors de l'avènement de IIIe République, née dans la défaite et la guerre civile, vous disiez en cette langue de feu qui n'appartient qu'à vous, ceci que je livre avec délice à mes lecteurs :
La décrépitude originelle de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir. Jézabel de lupanar, fardée d'immondice, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s'est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu'on aurait peinte sur la muraille d'une hypogée.
Vous n'auriez point été étonné de la voir finir dans le déshonneur, inscrit dans ses origines même, celui d'un Congrès de parlementaires tremblants de peur, qui abandonnaient entre les mains d'un Maréchal cacochyme - qui fut glorieux, mais osa serrer la main de l'absolu tyran à MONTOIRE - un pouvoir qu'ils disaient tenir du Peuple. Lâche soulagement. Honte que nous devons assumer, sans pouvoir rien y changer.
Sans parler de l'éphémère IVe, dont les pantalonnades faisaient les choux gras des chansonniers, nous voici dans la Ve. Son fondateur avait de hautes vues. C'est le dernier Grand Français. Les successeurs ont jugé utile de changer les règles de son fonctionnement (on ne compte plus les modifications constitutionnelles qui toutes ne sont pas mauvaises, mais donnent finalement l'impression de rafistolage). Faut-il lui prédire une fin analogue à celle de toutes les républiques antérieures ? On ne le souhaite pas. Mais au train où vont les choses, on se pose quand même des questions.
Au secours, cher prophète ! Au secours, cher volcan ! Au secours, cher Léon BLOY ! Vous dénonceriez sans complaisance les fumées que Satan répand sur le monde. Et vous célébreriez tous ceux qui, marqués du sang de l'Agneau, ont donné sa vie pour Lui.

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