Non, je ne résiste pas ; je ne peux pas résister. Il faut que je vous livre encore les réflexions que MASPERO et BALAZS font sur l'économie de l'Empire du Milieu, au temps des TANG. Je vous jure que vous ne regretterez pas, et que vous comprendrez bien des événements troubles qui ont marqué les septennats ou quinquennats de divers présidents. Dans ce passage, ils analysent les conséquences de l'interpénétration entre l'économie d'état et l'initiative privée. Avant de lire, souvenez-vous que les élites qui dirigent la France, et dont on peut évaluer le nombre approximatif à 3.000-4.000 individus eussent appartenus jadis à cette classe des Lettrés-Mandarins dont parlent nos auteurs.
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"Usant de leur position privilégiée, les mandarins, incarnation de l'Etat, ont tout essayé pour tirer avantage de l'initiative privée tout en la bureaucratisant, en étatisant et en monopolisant le commerce. Et si leurs intérêts étaient souvent communs, en cas de conflit ce furent toujours les fonctionnaires qui l'emportèrent sur les marchands. La classe marchande, constamment brimée, se vengea en marquant de son empreinte les services publics : elle les commercialisa et les corrompit, non sans succès. Mais on n'oubliera pas, en lisant ces pages, deux faits essentiels : d'abord, dans un Etat bureaucratique omnipotent toute activité est imprégnée de fonctionnarisme, teintée d'esprit bureaucratique. [...]"
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Voilà ce que nous vivons depuis si longtemps dans notre pays. Je vais vous raconter une histoire vraie dont je fus l'acteur : nous recevions à Alsace BioValley une délégation chinoise venue de SHANGHAI. Nous avions fait ce qu'il fallait pour honorer nos hôtes. Et déjà, je m'intéressais à la Chine et à sa langue, puisque j'avais trouvé, dans une traduction du Père Léon WIEGER, sj, bien connu des sinologues, une citation ancienne qui définissait avant la lettre ce qu'étaient les biotechnologies : elle portait sur le riz, sa culture, sa transformation. J'avais poussé le luxe de notre accueil jusqu'à projeter la citation en caractères chinois pendant ma causerie sur notre association, car le texte du Père WIEGER était bilingue et j'avais pu repérer la phrase intéressante. Le vin d'Alsace aidant, le chef de la délégation me posa à la fin du repas des questions sur le système de santé. Je lui expliquai en détail les hôpitaux, la gratuité des soins (inexistante aujourd'hui en Chine, je le souligne), le systèmes des retraites, du chômage, tout cela en anglais. Après que je lui eus expliqué, il me regarda sans rire, et me dit : "Mais si je comprends bien, vous êtes dans un système communiste".
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Loin de moi de critiquer ces dispositions sociales. Les choses étant ce qu'elles sont, et l'éducation à la tempérance, à l'épargne, à la prévoyance étant ce qu'elle est dans notre pays, il n'y a guère de moyens pour l'instant de changer quoi que ce soit. Si les élections devaient faire venir au pouvoir le parti socialiste, et plus particulièrement madame AUBRY, craignons, oui craignons que les critiques faites au système mandarinal ne s'appliquent à la lettre au régime qu'elle imagine. Nous aurions quantités d'affaires Triangle, quantité de Crédits Lyonnais nationalisés, quantité de va et vient entre la fonction publique et les emplois privés, quantité d'affaire BETTENCOURT, quantité d'affaires Urba, quantité d'affaires GUERINI (Arnaud MONTEBOURG est le seul à avoir demandé la destitution de l'homme fort du PS en Bouche-du-Rhône).
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Et je me demande finalement si ce n'est pas la propension congénitale de l'être humain, quel que soit le régime politique ou économique, à chercher son intérêt - argent, pouvoir, influence, honneurs - avant celui de ses concitoyens, qui pousse tant de régimes à la chute, à la décadence, à la disparition. Éternel retour, cycles interminés de situations prévisibles.
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A demain.
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2 commentaires:
Que faire ? La tentation est là. J’ai envie de vous enfermer par un compliment dans ma toile et vous dire, la subtile élégance de votre billet.
Merci, cher Tippel. J'aurai l'occasion de répondre à la rude réponse que vous avez faite à Jade. Il est trop tôt.
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