Je discutais hier avec un ami qui me disait désapprouver une partie du billet que j'ai consacré à monsieur PORTELLI et à son intervention (sur le Blog du Nouvel Observateur, semble-t-il) , mais approuvait celle que je consacrais aux réflexions de ce magistrat sur l'ignorance, la bêtise et l'intolérance qu'il prête à ceux qui votent pour le FN, parti qu'il exècre. Je vais donc répondre à cet ami.
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Je vais reprendre une à une les valeurs que monsieur PORTELLI appelle "les nôtres". Il utilise un possessif. Il faut donc bien que ce possessif désigne un groupe de possesseurs, ou un possesseur. Il me paraît légitime de se demander qui est ce groupe : l'humanité entière ? le France ? le PS ? des sociétés de pensée occultes quoique puissantes ? Il est malhonnête intellectuellement de laisser planer un doute sur la nature de ce, de ceux, de celle(s), qui revendiquent ces valeurs. Et c'est une critique de fond. Car ceux qui ne les posséderaient pas seraient soit hors de l'humain, soit hors de la France, soit - et c'est déjà plus évident - hors du PS et encore plus hors de ces sociétés de pensée. Cette façon de dire "nos" est un mode d'expulsion d'une partie de la communauté "nationale". Identiquement, rejeter tous les étrangers est aussi un mode d'expulsion, inadmissible encore que placé sur un autre niveau d'argumentation, puisqu'il s'agit d'expulser hors du territoire national.
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Reprenons les valeurs avancées comme "nôtres" par monsieur PORTELLI :
Nécessité de l'accueil de l'étranger. Deux mots méritent d'être explicités. Nécessité, accueil. En quoi est-il nécessaire d'accueillir les étrangers ? Quelle est cette étrange nécessité politique (je dis bien politique, et non point morale ou théologique, où la nécessité est évidemment d'un autre ordre) puisque c'est sur ce terrain que se place monsieur PORTELLI. Il se peut que ce soit vrai, il se peut aussi que ce soit faux. En tout cas cela mérite une explication et non un assènement. Dans la nécessité, j'ai tendance à voir, moi, une nécessité économique, de celle qui permet à nombre de concitoyens de ne pas avoir à évacuer les ordures, de ne pas devoir suer sang et eau dans les cuisines des restaurants, ou être exploités sans vergogne par des marchands de sommeil ou par des marchands de confection qui parquent leurs ouvrier comme du bétail dans les sous-sol de quartiers de Paris connus de tous.
Ensuite le mot accueil. Il me semble qu'on ne peut pas accueillir chez soi quelqu'un qui impose sa présence. Voilà la grande duperie, la grande escroquerie intellectuelle. Quand ce digne magistrat utilise ce terme, il ne comprend pas que nombre de ses concitoyens ne sont pas en mesure d'accueillir, car ils n'ont rien demandé, et qu'ils ne peuvent que subir une présence.
Cette première valeur est une accumulation creuse, purement idéologique, sans aucune prise sur le réel que monsieur PORTELLI, peut-être ne supporterait pas s'il y était confronté.
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Devoir de solidarité dit monsieur PORTELLI. On sait ce que signifie dans la bouche des idéologues le mots de solidarité : impôts, prestations sociales distribuées larga manu par une administration inhumaine, créée pour la circonstance et grande pourvoyeuse de fonctionnaires. La solidarité, c'est la générosité manifestée avec l'argent des autres. Elle est fondée sur l'idée absurde que les citoyens ont une attitude morale, quand l'état assume avec l'argent d'une partie d'entre eux des fonctions que la charité active, mais onéreuse pour la vie personnelle, pourrait peut-être remplir. En somme, cette solidarité revient à exonérer de toute obligation morale les personnes. Or sans la conscience personnelle et intime qu'il y a des situations faites aux hommes qui sont inhumaines, il ne se fera rien de durable dans le développement des peuples.
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L'amour de la différence. Quelle étrange contradiction entre la revendication de l'identité humaine et l'amour de la différence ! Comment ne pas être d'accord avec l'affirmation qu'il n'y a pas de relation possible sans altérité, et donc sans différence ? Mais là encore monsieur PORTELLI veut concilier l'inconciliable. L'amour de la différence, le respect de l'autre, la rencontre de l'altérité suppose la réciprocité. Et quand l'autre impose par la violence ou par la ruse, ses comportements, ses "valeurs", ses critiques, dans l'irrespect plus total de celui qui les accueille, comment ne pas imaginer que supporter la différence à sens unique est en fait insupportable ? C'est cela que le peuple, méprisé par monsieur PORTELLI, ressent. Le peuple jugé par lui bête, ignorant, intolérant, il a été éduqué, enseigné, formé, formaté par des générations d'enseignants de l'École Publique. Celle-ci n'a cessé de revendiquer "ses" valeurs. Il faut croire qu'elles ont du mal à passer dans les jeunes gens dont elle a eu la responsabilité.
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Je reviendrai dans un autre billet sur les autres valeurs revendiquées comme "nos" valeurs par monsieur PORTELLI. Je vous les énonce : la volonté de partage (là je suis déjà en un meilleur accord), la passion de comprendre (là aussi je suis d'accord ; mais il faut comprendre tout le monde), l'absolu de la tolérance (ça me rappelle le "pas de liberté pour les ennemis de la Liberté" des Révolutionnaires de 1791 ou le "il est interdit d'interdire" des manifestants de mai 1968), la sauvegarde scrupuleuse des libertés (dont la première, me semble-t-il est de pouvoir se déplacer en sécurité, sans crainte pour sa vie ou ses biens, dans le métro, le train ou la rue), le respect scrupuleux des droits fondamentaux pour tous (dont celui d'avoir une patrie me semble être un élément tout à fait déterminant).
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Pour dire le vrai, monsieur PORTELLI a sécularisé platement les exigences de Jésus. Il leur a ôté toute valeur de vie, pour les réduire à des slogans creux, vagues, déconnectés de toute réalité concrète. C'est le regard, le nôtre comme le sien, qu'il faut changer. Quand les politiques et les responsables de tous ordres injurient ceux qui ne pensent pas comme eux, ils ne donnent pas le bon exemple et il y a peu de chances que l'on voit l'état de notre pays comme celui du monde se modifier en profondeur.
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C'est tout pour aujourd'hui.
2 commentaires:
Monsieur Serge Portelli est un Magistrat important de la République. Il s’enorgueillit de faire partie du Syndicat de la Magistrature, un syndicat de la gauche extrême, bien sûr il combat le Front National et le dit haut et fort à toutes occasions. On imagine un militant FN qui tomberait dans ses mains. Il mène aussi sa croisade contre le président SARKOSY. A écouter ce monsieur, c’est lire "Marianne" sur Sarkozy en pire et c’est peu dire. Il a prétendu que son dernier livre n’avait pas vu le jour aux éditions MICHALON pour cause des pressions qu’auraient exercées le Président sur l’éditeur. Voici la réponse de l’éditeur sur le net.
18 avril 2007
Bonjour Monsieur,
pour répondre à votre question, on essaie en général de publier des livres bons, et non \"pas mauvais\".
Le livre que je suis censée avoir censuré n’a jamais été imprimé, il n’y a même pas de contrat.
J’ai fait savoir à Serge Portelli le 9 février que je trouvais les chapitres envoyés brouillons, décevants (alors que l’introduction était alléchante), parce qu’on avait l’impression de l’avoir déjà lu, dans la presse et dans son précédent livre, et qu’en plus ses propositions de gauche étaient plutôt bayrouïstes (du genre \"on créé des commissions\") ; je termine ce mail en disant \"on en reparle quand tu sors de séance\". Réponse : \"ok, on laisse tomber, je publie sur le net. Merci. Serge.\"
Puis, plus de nouvelles, sauf par le commérage sur Internet et la campagne de presse qu’un magistrat soi-disant de gauche, plus sûrement méga ambitieux, a décidé d’engager pour satisfaire un ego trip en prenant en otage une maison d’édition qui publie La France rebelle (une encyclopédie bien connue pour être un repaire de chercheurs d’extrême droite !!) ou Apologie du casseur de Serge Roure, qui ne va pas franchement dans le sens de Sarkozy.
Serge Portelli fait courir cette rumeur parce que c’est plus glorieux de dire qu’on a été censuré par Sarkozy (ce qui, dans cette campagne tendue, avec cet ex ministre survolté, est parfaitement plausible) plutôt que de dire qu’on a été retoqué parce que le texte n’est pas bon (ce qui est très fréquent dans une maison d’édition, le métier d’éditeur consistant souvent à dire non). Nous avons publié en mai 2006 un livre de Serge Portelli, Traité de démagogie appliqué, un texte assez virulent sur le bilan de Sarkozy, nous n’avons pas jugé utile de republier un livre très semblable alors que les stocks du premier sont loin d’être épuisés : vous pouvez donc l’acheter pour la modique somme de 12 euros et vous pourrez constater que notre maison est peu complaisante à l’égard du candidat de l’UMP. Votre grand sens de l’observation vous fera également remarquer que nous avons dans notre catalogue Serge Portelli et non Nicolas Sarkozy.
J’ai certainement, comme vous le soupçonnez, de grandes lacunes professionnelles et intellectuelles, mais pas sur ce coup-là.
Hélène de Virieu Editions Michalon
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