samedi 23 novembre 2013

Nouvelles de la Résistance : récit de la veillée du 22 novembre ; premier billet du 23 novembre 2013, première partie

Je sais, voilà un très long billet. Mais je vous demande de le lire attentivement jusqu'au bout et notamment de lire in fine le texte de PROUDHON, le sympathique anarchiste, l'anticlérical patenté, mais l'homme à l'esprit d'enfance. Dans mon deuxième billet, j'expliquerai les raisons pour lesquelles, à la suite de cette veillée, j'ai tout lieu de croire que les forces du désordre, chargées de nous contenir, de nous humilier, de nous contraindre, sont en réalité en train de changer d'attitude : cave populum, cave populum Caesar !
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Je suis parti tout seul à la 28e soirée organisée par les Veilleurs. Antoine, retenu par d'autres occupations, ne pouvait se joindre à moi. Guillaume, lui, ne devait me rejoindre que vers 22 heures. Nous n'avons pu nous retrouver. La veillée était censée se tenir Place de l'Hôtel de Ville dont l'accès, grâce à la délicate et très démocratique initiative de monsieur DELANOE (enfin je le suppose) nous était interdit. Qu'à cela ne tienne ! Nous nous sommes assis sur le trottoir non loin de ce manège qui fleurait bon les attractions d'antan, celles que les enfants du début du XXe siècle, en marinière et culotte courte et  coiffé d'un petit chapeau à rubans, fréquentaient en compagnie de leurs parents. Contrairement à ce qui s'était passé dans la soirée du 8 juillet, les bouches de Métro de la Station Hôtel de Ville étaient ouvertes. Je suis arrivé vers 20 h 15 au moment où une animatrice achevait la lecture d'un passage de Ruy Blas. Pour dire le vrai, je déteste l'enflure de Victor Hugo, mais il a parfois de beaux vers, et cet extrait soulignait à la fois les limites du pouvoir et celle de la légitimité qui lui est indissolublement liée dans des sociétés libres.
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Froid vif. En dessous de ma doudoune, et en plus d'une très longue écharpe noire, tissée en Inde et que m'a offerte un de mes fils au retour d'un lointain voyage, j'avais mis mon beau sweat de la Manif pour tous. Bien m'en a pris, car j'ai pu protéger mes très fragiles oreilles des morsures du froid en rabattant la capuche sur mon crâne dégarni. Et comme en plus du sweat, j'avais un pull, je pouvais rivaliser de protection avec les policiers revêtus de leur cuirasse en forme de peau de crocodile ou de dinosaure. Soyons juste, ils étaient discret, les trois groupes de deux qui "protégeaient la Place" de nos putatives fureurs. Mais derrière les barrières, du côté Seine et du côté Rivoli, il y en avait de très nombreux, et qui n'avaient pas l'air commode. Apparence, comme j'aurai l'occasion de vous le dire tout à l'heure. Nous avons eu de très belles interventions de fond des deux XAVIER, des remarques diverses d'AXEL (groupe théâtre, groupe chant mis en place par les Veilleurs) et puis il nous a été lu un texte de Max WEBER. Le penseur y explique qu'il y a trois sources possibles à la légitimité : celle de la tradition, celle du charisme de celui qui détient le pouvoir, et enfin la légitimité légale et rationnelle. En les distinguant aussi formellement, Max WEBER ne semble pas voir qu'une légitimité s'origine simultanément à ces trois sources, et que la légitimité authentique, celle qui entraîne la libre adhésion des citoyens aux mesures contraignantes qu'il édicte doit TOUJOURS y puiser. Je dois dire que le charisme de monsieur HOLLANDE est aussi éclatant que celui d'un biftèque (graphie à la française), que sa volonté de changer la civilisation le coupe de la première source de la légitimité, et qu'il ne peut vraiment s'abreuver à la troisième si l'on en juge par les sondages et l'élection par défaut qui lui a valu de poser ses fesses sur le trône républicain de premier magistrat. La véritable question est bien celle-là : monsieur HOLLANDE est-il légitime ?
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La véritable faiblesse de monsieur HOLLANDE et de ses amis est qu'il ne reconnaît à la légitimité que l'élection et la "raison" et la "légalité" et que, comme je viens de le dire, elle est très problématique ; cela ne vous rappelle-t-il pas la remarque d'un député socialiste à un député de l'opposition en 1981 : "Vous avez juridiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaire". Etait-ce monsieur LAIGNEL que ses ennemis appelaient le "nain sectaire (ce qui n'est pas gentil) ou monsieur Paul QUILES (qui voulait faire tomber des têtes et très vite qui avait reçu pour cette raison le surnom de ROBESPAUL) ? Je ne sais plus. En tout cas, il est clair que le libre consentement des citoyens au pouvoir exige la légitimité, le respect des consciences et la réciprocité des relations entre gouvernants et gouvernés. Elles ne peuvent être du type "dominants-dominés".
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Le jeune JEAN nous lit la fable de LA FONTAINE : "Le loup et l'agneau". il y apparaît que le loup tire sa légitimité prétendue de la force de ses mâchoires. Il a la force, donc il a le droit pour lui. D'autres intervenants insiste sur la différence qu'il y a entre la légitimité et la légalité, entre pouvoir et autorité (qui est ce en quoi s'enracine le pouvoir). Mais, et c'est là une réflexion salutaire, il se pourrait bien que nous fussions tous des loups avant d'être des agneaux.
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Ah ! je ne vous ai pas parlé de l'intervention d'une jeune animatrice qui commente le très politique tableau de GERICAULT du radeau de la Méduse. Chaque détail du tableau trouve son contrepoint dans les pratiques de nos actuels Gouvernants. JEAN-PAUL commente la pièce de MACHIAVEL, un pastiche terrible et symbolique de la politique, où l'auteur du Prince met en scène (dans la Mandragore) un cocu (le peuple) qui encense son cocufieur, et le cocufieur (le pouvoir) qui s'enorgueillit d'occuper la maison et le lit de sa maîtresse (la patrie). Il insiste sur le fait qu'un vrai pouvoir légitime est un pouvoir de légèreté, et de kénose (d'abaissement volontaire au service du Bien commun). Un extrait de McBeth nous est admirablement interprété par deux acteurs. MacBETH qui veut et vient d'assassiner le roi d'Ecosse DUNCAN dans son sommeil, et est couturé de crai:nte et de remords, MacBETH que sa femme gourmande devant tant de faiblesse, (et c'est sans doute pourquoi madame TRIERWEILER a décidé de ne plus se taire et de parler de politique...)
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PIETRO, en un français parfait nous parle de la naissance des Sentinelles/Veilleurs debout en Italie ; SILVIO nous lit l'extrait édifiant d'un auteur italien sur ce qu'est la politique. Et puis, il y a cette intervention où il nous est lu un texte de l'anarchiste PROUDHON qui aurait droit aujourd'hui aux foudres de madame TAUBIRA, de Manuel GAZ et de monsieur AYRAULT, ridicules marionnettes ou serviteurs fidèles d'un incapable et illégitime Président de la République. J'ai pu retrouver (sur Internet) les principaux passages des écrits de PROUDHON sur la famille. Les voici. Et je prie par avance les intervenants de ne point me tenir rigueur si j'ai oublié leur prénom. 
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« Par la génération, l'idée du droit prend un premier accroissement : d'abord dans le cœur du père. La paternité est le moment décisif de la vie morale. C'est alors que l'homme s'assure dans sa dignité, conçoit la Justice comme son vrai bien, comme sa gloire, le monument de son existence, l'héritage le plus précieux qu'il puisse laisser à ses enfants. Son nom, un nom sans tache, à faire passer comme un titre de noblesse à la postérité, telle est désormais la pensée qui remplit l'âme du père de famille. »

« L'enfant est donné, Parvulus natus est nobis ; c'est un présent des dieux, A deo datus, une incarnation de la divinité présente, Emmanuel. Ou le nourrit de lait et de miel, jusqu'à ce qu'il apprenne à discerner le bien du mal : Butyrum et mel comedet, donec sciai eliqere bonum et reprobare malum ; c'est la religion de la Justice qui poursuit son développement. Comment dans l'accomplissement de ce devoir sacré, l'homme ne sentirait-il pas sa noblesse? Comment la femme ne deviendrait-elle pas splendide ? »

« Tous, dit Proudhon, sont dans la main du père, nourris de son travail, protégés par son épée, soumis à son gouvernement, ressortissants de son tribunal, héritiers et continuateurs de sa pensée. La Justice est là tout entière organisée et armée : avec le père, la femme et les enfants, elle a trouvé son appareil qui ne fera plus que s'étendre par le croisement des familles et le développement de la cité. »



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