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Ce n’est
pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LES
CITATIONS DU JOUR.
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(a) "L’égalité
moderne, développée de nos jours outre mesure, a nécessairement développé dans
la vie privée, sur une ligne parallèle à la vie politique, l’orgueil,
l’amour-propre, la vanité, les trois grandes divisions du moi social. Les sots
veulent passer pour gens d’esprit, les gens d’esprit veulent être des gens de
talent, les gens de talent veulent être traités de gens de génie ; quant
aux gens de génie, ils sont plus raisonnables, ils consentent à n’être que des
demi-dieux. Cette pente d’esprit public actuel, qui rend à la chambre le
manufacturier jaloux de l’homme d’État, et l’administrateur jaloux du poète,
pousse les sots à dénigrer les gens d’esprit, les gens d’esprit à dénigrer les
gens de talent, les gens de talent à dénigrer ceux qui dépassent de quelques
pouces, et les demi-dieux à menacer les institutions, le trône, enfin tout ce
qui ne les adore pas sans condition. Dès qu’une nation a très impolitiquement
abattu les supériorités sociales reconnues, elle ouvre les écluses par où se
précipite un torrent d’ambitions secondaires dont la moindre veut encore
primer ; elle avait dans son aristocratie un mal, aux dires des
démocrates, mais un mal défini, circonscrit ; elle l’échange contre dix
aristocraties contondantes et armées, la pire des situations. En proclamant
l’égalité de tous, on a promulgué la déclaration
des droits de l’Envie."
In
Honoré de BALZAC.
La Comédie
humaine. Béatrix. Bernard GAGNEBIN et
René GUIZE, éditeurs. Bibliothèque de la Pléiade.
Gallimard, Paris, 1976, tome II, pp. 905-906.
(b) "La
BRUYÈRE parle quelque part de cette vénération ardente et irréfléchie des
pauvres à l’égard des grands. « Si les grands s’avisaient d’être bons,
commente-t-il amèrement, ce serait de l’idolâtrie. »
On croit
rêver aujourd’hui en évoquant cet état d’âme. Cela a existé cependant :
cet incoercible besoin humain de voir la puissance unie à la pureté, de croire
à un ordre social fondé sur la vérité intérieure, à quelque reflet temporel de
la justice divine, ― ce pressentiment d’une grandeur étrangère et protectrice
qui constitue, pour l’homme d’en bas, l’unique raison saine de vivre et de
servir, entretint longtemps dans l’esprit du peuple, une image profonde et
sacrée de la personne des grands. Peu d’envie alors (l’envie présuppose une
espèce d’identité dans les vocations et les intérêts : ainsi un commerçant
enviera les bénéfices d’un autre commerçant et non le « génie » d’un
poète) : l’homme du peuple vivait trop la distance irréductible qui le
séparait des grands pour envier ceux-ci autrement qu’en rêve."
In
Gustave
THIBON.
Diagnostics.
Essai de physiologie sociale. Préface de Gabriel MARCEL. Collection "Civilisation".
Librairie
de Médicis, Paris, 1942, p. 43.
(c) "Quand
il leur eut lavé les pieds, qu’il eut repris ses vêtements et se fut remis à
table, il leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?
Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien car je le suis. Si donc
je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez
vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné l’exemple pour que
vous agissiez comme j’ai agi envers vous."
Jn 13,
12-15.
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2. COMMENTAIRES.
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Pour que
l’ordre social que décrit THIBON (avec une certaine nostalgie) soit juste, il aurait fallu, il faudrait et il
faut que les hommes qui ont l’honneur de gouverner leurs concitoyens (dans la cité ou dans l'entreprise), les
grands par conséquent, unissent en leur personne la compétence, le
désintéressement et le service des plus petits. C’est pourquoi, dans cet
ensemble de citations qui se répondent, figure l’acte exemplaire et inouï de
Jésus et du lavement des pieds.
L’instillation
dans l’esprit public du poison de l’égalitarisme (qui n’est pas l’égalité) a
conduit à la situation que décrit si bien BALZAC, et qu’a analysé avec une
profondeur non pareille feu René GIRARD ; elle aboutit à l’envie et à la
violence. Mais le comportement des grands nourrit cette envie et cette
violence. Comment accorder du crédit et du respect à un homme qui, nuitamment,
rejoint sa maîtresse, coiffé d’un casque, et chevauchant un scooter ? Comment
accorder du respect et de l’estime à un fonctionnaire qui dépense sur fonds
publics 40 000 euros pour ses déplacements en taxi, alors qu’il dispose d’une
voiture de fonction ? Comment avoir de l’estime pour un député sans
vergogne qui ne paye pas ses impôts mais continue de siéger à la Chambre en
palpant ses indemnités ? Comment accorder du crédit à un maire qui planque
ses avoirs à l’étranger ou à un responsable politique important qui a été
condamné par la justice à plusieurs reprises ?
Si les
grands, si les gens de la France d’en haut, dont parle si bien Christophe
GUILLUY, ne sont pas exemplaires, il ne peut y avoir d’ordre social juste, et l’existence
d’une hiérarchie sociale acceptable par tous n’est pas justifiable.
Et ce
sont les champions de l’égalité proclamée, dont les bobos constituent une
fraction non négligeable, qui sont, dans leur pratique sociale, les plus
inégalitaires. En somme, il ne peut y avoir de hiérarchie acceptable que si
elle répond à la plus haute exigence du service et du désintéressement. On en
est loin.
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3. INFORMATIONS
DIVERSES.
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Bachar
El ASSAD et la France.
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Ce que
vous avez fait au plus petit d’entre les miens…
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