samedi 14 janvier 2017

14 janvier 2017. Nouvelles de la Résistance. Egalitarisme, égalité et hiérarchie

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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LES CITATIONS DU JOUR.
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(a) "L’égalité moderne, développée de nos jours outre mesure, a nécessairement développé dans la vie privée, sur une ligne parallèle à la vie politique, l’orgueil, l’amour-propre, la vanité, les trois grandes divisions du moi social. Les sots veulent passer pour gens d’esprit, les gens d’esprit veulent être des gens de talent, les gens de talent veulent être traités de gens de génie ; quant aux gens de génie, ils sont plus raisonnables, ils consentent à n’être que des demi-dieux. Cette pente d’esprit public actuel, qui rend à la chambre le manufacturier jaloux de l’homme d’État, et l’administrateur jaloux du poète, pousse les sots à dénigrer les gens d’esprit, les gens d’esprit à dénigrer les gens de talent, les gens de talent à dénigrer ceux qui dépassent de quelques pouces, et les demi-dieux à menacer les institutions, le trône, enfin tout ce qui ne les adore pas sans condition. Dès qu’une nation a très impolitiquement abattu les supériorités sociales reconnues, elle ouvre les écluses par où se précipite un torrent d’ambitions secondaires dont la moindre veut encore primer ; elle avait dans son aristocratie un mal, aux dires des démocrates, mais un mal défini, circonscrit ; elle l’échange contre dix aristocraties contondantes et armées, la pire des situations. En proclamant l’égalité de tous, on a promulgué la déclaration des droits de l’Envie."
In
Honoré de BALZAC.
La Comédie humaine. Béatrix. Bernard GAGNEBIN et René GUIZE, éditeurs. Bibliothèque de la Pléiade.
Gallimard, Paris, 1976, tome II, pp. 905-906.

(b) "La BRUYÈRE parle quelque part de cette vénération ardente et irréfléchie des pauvres à l’égard des grands. « Si les grands s’avisaient d’être bons, commente-t-il amèrement, ce serait de l’idolâtrie. »
On croit rêver aujourd’hui en évoquant cet état d’âme. Cela a existé cependant : cet incoercible besoin humain de voir la puissance unie à la pureté, de croire à un ordre social fondé sur la vérité intérieure, à quelque reflet temporel de la justice divine, ― ce pressentiment d’une grandeur étrangère et protectrice qui constitue, pour l’homme d’en bas, l’unique raison saine de vivre et de servir, entretint longtemps dans l’esprit du peuple, une image profonde et sacrée de la personne des grands. Peu d’envie alors (l’envie présuppose une espèce d’identité dans les vocations et les intérêts : ainsi un commerçant enviera les bénéfices d’un autre commerçant et non le « génie » d’un poète) : l’homme du peuple vivait trop la distance irréductible qui le séparait des grands pour envier ceux-ci autrement qu’en rêve."
In
Gustave THIBON.
Diagnostics. Essai de physiologie sociale. Préface de Gabriel MARCEL. Collection "Civilisation".
Librairie de Médicis, Paris, 1942, p. 43.

(c) "Quand il leur eut lavé les pieds, qu’il eut repris ses vêtements et se fut remis à table, il leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné l’exemple pour que vous agissiez comme j’ai agi envers vous."
Jn 13, 12-15.
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2. COMMENTAIRES.
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Pour que l’ordre social que décrit THIBON (avec une certaine nostalgie) soit juste, il aurait fallu, il faudrait et il faut que les hommes qui ont l’honneur de gouverner leurs concitoyens (dans la cité ou dans l'entreprise), les grands par conséquent, unissent en leur personne la compétence, le désintéressement et le service des plus petits. C’est pourquoi, dans cet ensemble de citations qui se répondent, figure l’acte exemplaire et inouï de Jésus et du lavement des pieds.
L’instillation dans l’esprit public du poison de l’égalitarisme (qui n’est pas l’égalité) a conduit à la situation que décrit si bien BALZAC, et qu’a analysé avec une profondeur non pareille feu René GIRARD ; elle aboutit à l’envie et à la violence. Mais le comportement des grands nourrit cette envie et cette violence. Comment accorder du crédit et du respect à un homme qui, nuitamment, rejoint sa maîtresse, coiffé d’un casque, et chevauchant un scooter ? Comment accorder du respect et de l’estime à un fonctionnaire qui dépense sur fonds publics 40 000 euros pour ses déplacements en taxi, alors qu’il dispose d’une voiture de fonction ? Comment avoir de l’estime pour un député sans vergogne qui ne paye pas ses impôts mais continue de siéger à la Chambre en palpant ses indemnités ? Comment accorder du crédit à un maire qui planque ses avoirs à l’étranger ou à un responsable politique important qui a été condamné par la justice à plusieurs reprises ?
Si les grands, si les gens de la France d’en haut, dont parle si bien Christophe GUILLUY, ne sont pas exemplaires, il ne peut y avoir d’ordre social juste, et l’existence d’une hiérarchie sociale acceptable par tous n’est pas justifiable.
Et ce sont les champions de l’égalité proclamée, dont les bobos constituent une fraction non négligeable, qui sont, dans leur pratique sociale, les plus inégalitaires. En somme, il ne peut y avoir de hiérarchie acceptable que si elle répond à la plus haute exigence du service et du désintéressement. On en est loin.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Bachar El ASSAD et la France.

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Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens…







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