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Ce n’est pas l’ignorance qui nous
empêche de devenir vrai, c’est la
lâcheté !
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1. LA CITATION DU JOUR.
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"Dès mon jeune âge — ce n’est
pas d’hier ! — j’ai beaucoup fréquenté le vieil Aristote, qui m’a
fortement marqué par sa manière de voir le monde, de poser et de résoudre les
questions universelles et essentielles, dont on ne s’occupe plus guère
aujourd’hui, et desquelles, pourtant, tout dépend, en un sens. Aristote m’a
donc appris, entre autres maximes, que, pour bien comprendre les choses, il
faut les voir naître et grandir. Si je veux acquérir la connaissance totale et
exhaustive d’un insecte, il ne me suffit pas de le disséquer, car je n’ai alors
sous les yeux qu’un cadavre, un mécanisme figé et devenu tout autre chose que
le véritable insecte : pour le voir, pas seulement comme une machine,
admirable bien qu’inerte, mais comme un être remuant, inattendu, se dirigeant
lui-même et soumis à des lois autrement compliquées que celles de la mécanique,
il me faut l’observer vivant, le regarder vivre — c’est-à-dire naître, se
développer et agir. Aristote a raison.
In
Jean BOTTÉRO, Clarisse
HERRENSCHMIDT et Jean-Pierre VERNANT.
L’Orient ancien et nous.
L’écriture, la raison, les dieux.
Livre I. Religiosité et raison en
Mésopotamie, par Jean BOTTÉRO.
Chapitre 1 La naissance de la
civilisation.
Collection Pluriel, Histoire.
Hachette Littérature, Paris, 1998,
p. 17.
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2. COMMENTAIRES.
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Bien que le livre d’où est tirée la
citation appartienne à la série « Histoire », de la Collection Pluriel, Jean BOTTÉRO utilise une
comparaison empruntée aux sciences naturelles pour parler des origines de notre
civilisation ; il ne fait pas une longue dissertation sur la nécessité de
comprendre le passé, de le saisir avec le plus de précision possible pour
comprendre le présent. En d’autres termes, et sans se dissimuler la difficulté
et l’ampleur de la tâche, il affirme qu’il nous est nécessaire de connaître le
mieux possible l’histoire de l’humanité, des peuples et des nations si nous
voulons tout simplement comprendre le temps présent, dans le lieu précis où où
nous vivons.
C’est à cet exercice salutaire et
difficile que les pédagogues et les idéologues socialistes ne veulent plus
soumettre les élèves, collégiens et lycéens. Ne parlons pas des étudiants qui
rentrent dans des études très pointues, et dont il est supposé qu’ils
connaissent précisément les grandes lignes de l’histoire du monde, ce qui n’est
jamais le cas puisqu’elle n’est pas enseignée, pas plus du reste que l’histoire
de France.
En fait, c’est le rapport au temps
long que veulent absolument détruire les adeptes de ce courant de pensée. Or un
sain rapport au temps long est indispensable pour développer des projets
personnels en accord avec ce que l’on est, avec ce que l’on a reçu et ce que
l’on désire donner. Je suis très frappé de constater que la plupart des
adolescents (filles et garçons) vivent dans l’immédiateté, sans aucun lien avec
le passé, et sans aucun projet pour le futur. Ils ne savent pas vivre dans le
présent, lequel, à l’évidence, implique que l’on se situe dans la chaîne du
temps qui coule. Le confinement dans l’immédiateté permet de maintenir les êtres
humains dans cette soif d’assouvissement perpétuels de tous les désirs, de les
couper du principe de réalité et d’en faire de parfaits consommateurs.
Je suis frappé de voir combien,
pour ne citer que cet exemple dont j’ai fait plusieurs billets, il n’y a aucune
réflexion profonde sur les conséquences à long terme de la révolution, sur
l’instauration de l’individu comme maître absolu de lui-même – comme si l’autre
n’existait pas – et sur l’indifférence au sort concret des guillotinées,
éventrés, noyés, fusillés, victimes de la fureur de demi-fous.
J’accepte tout à fait l’idée que la
Révolution était inévitable. Je n’accepte pas qu’on la vénère comme la déesse
abstraite de la rédemption politique. Je vois ses conséquences : le
tournant de la révolution industrielle, l’exploitation des ouvriers, les
guerres coloniales de conquête, les guerres européennes. Et j’affirme qu’elle a
laissé pour longtemps notre patrie dans un état de schizophrénie aiguë. Il
aurait fallu du courage pour endosser aussi bien l’actif que le passif des
événements. En ne voyant que l’actif (ce que l’on fait, ce en quoi on investit)
et en répudiant (comme l’imbécile au sens de BERNANOS qu’est le faux agrégé
Vincent PEILLON) le passif (les origines, ce que l’on doit à la tradition, aux
ancêtres, aux hommes du passé, petits et grands), les hommes politiques nous
ont volé notre héritage, car un héritier prend à son compte et l’actif et le
passif.
C’est ainsi que sous couvert de
crier « Vive la nation » (je n’aime pas ce mot, je lui préfère celui de patrie, mais c’est celui
qu’utilise les grandes consciences dites républicaines), on la détruit à petit
feu.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Les trafiquants d’organes fœtaux
retirent leur plainte ; ils ont raison ; ils auraient perdu leur
procès.
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Un bel article de Philippe BILGER.
J’avoue avoir fait un jugement
téméraire négatif sur ce magistrat. Je le prie de me pardonner. Voici un très
bel article à lire de bout en bout.
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