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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des
terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel.
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MARCEL
LEGAUT PARLE DE LA JOIE D’UNE VIE ACCOMPLIE.
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"Joie
ardemment désirée, déjà pressentie dont, au long de mes années, certaines
heures de ma vie, j'ai déjà accueilli les prémices dans le recueillement
silencieux et plénier.
Joie
de l'automne d'une vie, après les durs travaux et les étés torrides, quand la
nature entière entre dans son repos et s'ouvre dans la splendeur et le calme
des jours, sur le silence immense de l'hiver étincelant. Celui qui fut regardé
parmi les hommes du regard de l'attente, direct et pénétrant, chaud comme
l'amour, qui s'est levé, qui est parti, sait qu'il va là où tant d'autres aussi
ont été appelés, là où ils l'ont précédé tout au long des siècles passés.
Compagnons inconnus et secrets de sa route, d'eux il a plus reçu qu'il ne
pourrait le dire et qu'il ne peut le savoir.
Joie
du crépuscule, quand les étoiles s'allument au plus noir du ciel et qu'au cœur
du croyant remontent les souvenirs de ce qu'il a vécu ; souvenirs tout éclairés
d'une lumière nouvelle où les ombres elles-mêmes prennent leur place sans prix.
Lumière belle et tranquille dont l'extrême lueur porte déjà au-delà, dans ce
qui se promet indiscernable mais sûr, ce fruit de l'œuvre de Dieu d'où chaque
homme est issu, dont il a hérité, qui lui a été confiée et que ses pauvres
mains même quand il est fidèle, à peine peuvent poursuivre tant elle est sans
mesure.
Joie
du dernier départ pour le dernier effort avant l'arrêt suprême sur le plus haut
gradin d'où l'être embrasse d'un unique regard toute sa vie à jamais écoulée…
Zone des calmes profonds où plus jamais n'atteignent ni orages ni tempêtes,
elle enveloppe de silence ce qui toujours demeure. Ses puissances purifiées,
que l'homme s'ouvre immobile, disponible et docile à l'Action toute divine qui, avec lui et
au-delà de lui, a œuvré sans cesse en lui au plus intime.
Joie
filiale de l'enfant qui s'en va vers la maison du Père, a osé dire Jésus.»
In
Marcel
LEGAUT.
Méditation
d’un chrétien du XXe siècle. Questions spirituelles.
Aubier,
Paris, 1983. (Page 310-311.)
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COMMENTAIRES
PERSONNELS.
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Ce
texte est tout simplement admirable (aussi bien dans la forme que sur le fond), et j’aimerais pouvoir en dire autant, au
soir de ma vie. Si un homme a vécu le pari bénédictin, c’est bien cet homme
exceptionnel, un scientifique de haute volée, qui abandonna l’université pour
devenir un humble cultivateur, et vivre pauvrement avec les pauvres d’une
campagne reculée.
Voilà
ce que je souhaite à tous ceux qui me font l’amitié et l’honneur de me lire. Il m’apparaît
bien que ces souhaits en forme de prière ne peuvent émouvoir ce monde englué
dans la consommation, la jouissance et la cupidité. Et pourtant, il héberge des
saints, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des laïcs et des
prêtres ou des évêques, des religieux et religieuses donnés tout entiers à leur
passion pour Jésus Fils de Dieu. Ils sont muets, comme l'Agneau traîné à l'abattoir. Mais ils sont là et bien là. A quand un film sur eux ?
Croyez
bien que je n’ai pas la prétention d’arriver à la cheville de ce chrétien
exceptionnel qu'est Marcel LEGAUT, mais son témoignage m’a forcé à rentrer, presque malgré moi, dans
cette démarche d’appauvrissement, de kénose à l’image du Fils de l’homme ;
je voudrais pouvoir répondre lors du grand face à face : Seigneur je me
suis efforcé d’aimer. Voyez-vous, au fur et à mesure que les années passent, je
regarde avec une bienveillance croissante tous ceux qui venus d’horizons
lointains ont choisi de vivre chez nous parce qu’ils aiment la France. Au fur
et à mesure que les automnes surviennent, quand les feuilles commencent à
jaunir et que les jours raccourcissent, j’essaye avec plus ou moins de succès
de rentrer dans cette démarche d’un authentique amour, lequel n’a rien à voir
avec le côté sentimental et mystico-gélatineux que nous dispensent les médias,
les hommes de puissance : ils se gardent bien de bouger du petit doigt le
fardeau dont ils accablent leurs concitoyens. Nous n’acceptons pas de porter
ces fardeaux-là, mais nous acceptons volontiers et avec empressement de porter
le joug léger du Fils, lequel nous intime d'aimer TOUS LES HOMMES.
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