samedi 9 mars 2019

09 mars. Nouvelles du pari bénédictin. Joie d'une vie remplie !


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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel.
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MARCEL LEGAUT PARLE DE LA JOIE D’UNE VIE ACCOMPLIE.
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"Joie ardemment désirée, déjà pressentie dont, au long de mes années, certaines heures de ma vie, j'ai déjà accueilli les prémices dans le recueillement silencieux et plénier.
Joie de l'automne d'une vie, après les durs travaux et les étés torrides, quand la nature entière entre dans son repos et s'ouvre dans la splendeur et le calme des jours, sur le silence immense de l'hiver étincelant. Celui qui fut regardé parmi les hommes du regard de l'attente, direct et pénétrant, chaud comme l'amour, qui s'est levé, qui est parti, sait qu'il va là où tant d'autres aussi ont été appelés, là où ils l'ont précédé tout au long des siècles passés. Compagnons inconnus et secrets de sa route, d'eux il a plus reçu qu'il ne pourrait le dire et qu'il ne peut le savoir.
Joie du crépuscule, quand les étoiles s'allument au plus noir du ciel et qu'au cœur du croyant remontent les souvenirs de ce qu'il a vécu ; souvenirs tout éclairés d'une lumière nouvelle où les ombres elles-mêmes prennent leur place sans prix. Lumière belle et tranquille dont l'extrême lueur porte déjà au-delà, dans ce qui se promet indiscernable mais sûr, ce fruit de l'œuvre de Dieu d'où chaque homme est issu, dont il a hérité, qui lui a été confiée et que ses pauvres mains même quand il est fidèle, à peine peuvent poursuivre tant elle est sans mesure.
Joie du dernier départ pour le dernier effort avant l'arrêt suprême sur le plus haut gradin d'où l'être embrasse d'un unique regard toute sa vie à jamais écoulée… Zone des calmes profonds où plus jamais n'atteignent ni orages ni tempêtes, elle enveloppe de silence ce qui toujours demeure. Ses puissances purifiées, que l'homme s'ouvre immobile, disponible et docile  à l'Action toute divine qui, avec lui et au-delà de lui, a œuvré sans cesse en lui au plus intime.
Joie filiale de l'enfant qui s'en va vers la maison du Père, a osé dire Jésus.»
In
Marcel LEGAUT.
Méditation d’un chrétien du XXe siècle. Questions spirituelles.
Aubier, Paris, 1983. (Page 310-311.)
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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Ce texte est tout simplement admirable (aussi bien dans la forme que sur le fond), et j’aimerais pouvoir en dire autant, au soir de ma vie. Si un homme a vécu le pari bénédictin, c’est bien cet homme exceptionnel, un scientifique de haute volée, qui abandonna l’université pour devenir un humble cultivateur, et vivre pauvrement avec les pauvres d’une campagne reculée.
Voilà ce que je souhaite à tous ceux qui me font l’amitié et l’honneur de me lire. Il m’apparaît bien que ces souhaits en forme de prière ne peuvent émouvoir ce monde englué dans la consommation, la jouissance et la cupidité. Et pourtant, il héberge des saints, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des laïcs et des prêtres ou des évêques, des religieux et religieuses donnés tout entiers à leur passion pour Jésus Fils de Dieu. Ils sont muets, comme l'Agneau traîné à l'abattoir. Mais ils sont là et bien là. A quand un film sur eux ?
Croyez bien que je n’ai pas la prétention d’arriver à la cheville de ce chrétien exceptionnel qu'est Marcel LEGAUT, mais son témoignage m’a forcé à rentrer, presque malgré moi, dans cette démarche d’appauvrissement, de kénose à l’image du Fils de l’homme ; je voudrais pouvoir répondre lors du grand face à face : Seigneur je me suis efforcé d’aimer. Voyez-vous, au fur et à mesure que les années passent, je regarde avec une bienveillance croissante tous ceux qui venus d’horizons lointains ont choisi de vivre chez nous parce qu’ils aiment la France. Au fur et à mesure que les automnes surviennent, quand les feuilles commencent à jaunir et que les jours raccourcissent, j’essaye avec plus ou moins de succès de rentrer dans cette démarche d’un authentique amour, lequel n’a rien à voir avec le côté sentimental et mystico-gélatineux que nous dispensent les médias, les hommes de puissance : ils se gardent bien de bouger du petit doigt le fardeau dont ils accablent leurs concitoyens. Nous n’acceptons pas de porter ces fardeaux-là, mais nous acceptons volontiers et avec empressement de porter le joug léger du Fils, lequel nous intime d'aimer TOUS LES HOMMES.


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