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BERNANOS ET LES SCANDALES DANS L’ÉGLISE.
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"On ne réforme l'Eglise qu'en souffrant
pour elle, on ne réforme l'Eglise visible qu'en souffrant pour l'Eglise
invisible. On ne réforme les vices de l'Eglise qu'en prodiguant l'exemple de
ses vertus les plus héroïques. Il est possible que saint François d'Assise
n'ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des
prélats. Il est même certain qu'il en a plus cruellement souffert, car sa
nature était bien différente de celle du moine de Weimar. Mais il n'a pas défié
l'iniquité, il n'a pas tenté de lui faire front, il s'est jeté dans la
pauvreté, il s'y est enfoncé le plus avant qu'il a pu, avec les siens, comme
dans la source de toute rémission, de toute pureté. Au lieu d'essayer
d'arracher à l'Eglise les biens mal acquis, il l'a comblée de trésors invisibles,
et sous la douce main de ce mendiant le tas d'or et de luxure s'est mis à
fleurir comme une haie d'avril. Oh! Je sais qu'en de tels sujets, les
comparaisons ne valent pas grand-chose, surtout lorsqu'elles ne sont pas
exemptes d'une pointe d'humour. Me serait-il permis de dire pourtant, afin
d'être mieux compris par certains lecteurs, que l'Eglise n'a pas besoin de critiques mais d'artistes?...
En pleine crise de la poésie, ce qui importe n'est pas de dénoncer les mauvais
poètes ou même de les pendre, c'est d'écrire de beaux vers, de rouvrir les
sources sacrées.
In
Georges Bernanos (Frère Martin, in "La
Vocation spirituelle de la France", Plon Paris, pages 222 et ss)
Envoyé au courrier des lecteurs du journal La Croix (livraison du 21 mars 2019) par
Gérard Guillaume.
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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La crise qui secoue l’Église humilie tous ceux
qui l’aiment et la voudraient sans taches. C’est oublier que l’Église est une
réalité humano-divine et qu’elle est faite d’hommes pécheurs et peccables. Ce n’est
pas un argument qui permettrait d’excuser les prédateurs sexuels, c’est un
rappel, qui d’ailleurs ne concerne pas que l’Église mais toutes les réalités
humaines.
Oui, je suis révolté ; oui, je suis
humilié ; oui, je souffre de cet état terrible, jubilatoirement monté en
épingles par des officines médiatiques qui ne sont pas toutes désintéressées à
voir détruite l’œuvre du Christ. Mais, comme le note CHESTERTON, l’Église a
surmonté cinq crises majeures, et voici la sixième qu’il nous faut aborder avec
lucidité, courage, témoignage et sainteté. C’est le moment de redoubler de
prières, de jeûnes et d’aumônes, c’est aussi le moment de prier pour que les
yeux des contempteurs professionnels s’ouvrent sur des réalités splendides, ce
tissu de charité éblouissant, qui chaque jour font le témoignage de la foi
vivante.
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