mardi 26 mars 2019

Mardi 26 mars. Note brève à allure europénne !


Ainsi que je l’ai dit à plusieurs reprises, le livre de Yanis VAROUFAKIS est absolument remarquable. On l’a diffamé, ridiculisé, vilipendé ; le fils de sa compagne a été menacé de mort ; les oligarques grecs (qui se sont bien remplumés après la démission de ce ministre des finances hors normes) ont eu sa peau, tous les banquiers : BCE, FMI, banques allemandes, banques françaises sont rentrés dans leurs sous, sans se soucier de la détresse des plus pauvres qui n’avaient pas plus de 200 euros mensuels pour vivre. Voici un extrait tiré des dernières pages du livre testament de Yanis VAROUFAKIS. Il nous livre un passage du discours qu’il a tenu en France, dans une campagne éloignée, lors d’une réunion où il eut la surprise de voir que la foule se pressait. Écoutez bien ce passage prophétique :

"Je suis ici parce que notre printemps d’Athènes a été écrasé, comme l’avait été en son temps le printemps de Prague. Mais je ne suis pas venu simplement vous demander de soutenir notre peuple qui ploie sous le joug. Je suis venu manifester le soutien et la solidarité du peuple grec à votre démocratie. Car c’est cela qui est en jeu. La démocratie française. La démocratie espagnole. La démocratie britannique, la démocratie italienne. La démocratie dans toute l’Europe. La Grèce était et reste le laboratoire du malheur où le pouvoir destructeur de la dette combinée à une austérité qui se contredit elle-même a été mise point et testé. La Grèce est le champ de bataille où la guerre contre la démocratie en Europe, contre la démocratie française, a été mise au point est testée. La Grèce n’a jamais été l’objectif principal de la troïka et de ses sbires. Leur objectif principal, c’est vous ! Voilà pourquoi je suis ici. Je suis ici parce qu’on s’apprête à vous faire subir le même sort que nous." (Discours de VAROUFAKIS dans la campagne française en été 2015.)
In
Yanis VAROUFAKIS.
Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe. Traduit de l’anglais par Cécile DUTHEIL de la ROCHÈRE avec Abel GERSHENFELD.
Les Liens qui libèrent, Paris, 2017. (Page 479.)

Il est tout à fait impressionnant de voir que dès 2015, Yanis voyait que la démocratie britannique et son Brexit, la démocratie italienne et ses dirigeants élus légitimement, la démocratie espagnole et ses partis de gauche, et démocratie française devaient être défendues. Car les peuples s’étaient prononcés et il n’y avait plus qu’à exécuter leur volonté.

La crise actuelle des Gilets jaunes tombe sous le coup d’un autre constat de Yanis : le voici. C'est aussi une crise de la démocratie.

"C’est ce qui se passe lorsque ceux qui disposent d’un pouvoir sans frein perdent leur légitimité et leur assurance : ils révèlent le pire d’eux-mêmes. Gagner le débat intellectuel ou idéologique n’intéressait plus l’establishment ; il a donc eu recours au dénigrement et à des mesures punitives dont ils savaient qu’elles se solderaient par moins de prospérité et moins de liberté. Il a utilisé la force brute pour imposer des politiques que même Ronald REAGAN et Margaret THATCHER n’auraient pas défendues. Et lorsque la révolte a été matée, il a imposé aux vaincus des incantations performatives, comme notre MoU, puis a clos tous les forums où un débat ou une investigation critique aurait pu avoir lieu. En bref, il est devenu un establishment très antilibéral." (Ibidem, page 477.)

Oui le gouvernement a bien clos tous les débats spontanés , ceux qui foisonnaient sous les ronds-points qu'il a fait évacuer ; il a feint d'en organiser d'autres avec son grand débat national, en délimitant au préalable les questions qui pourraient être abordées. Mais n’oubliez jamais que nous avons perdu notre souveraineté sur notre énorme dette, et qu’un jour (qui a commencé) nous aurons à passer sous les fourches caudines de la maudite troïka.



Aucun commentaire: