Chère
Agnès,
Très
chère ou très cher Collègue,
Vous ne m’en voudrez pas, je l’espère,
si j’utilise la formule consacrée par des décennies dans les milieux universitaires.
Toute ministre que vous êtes, vous demeurez professeur des universités…, comme
je le fus il y a un certain temps. Je n’ai pas à forcer ma répugnance à
féminiser les titres des métiers et fonctions, puisque le mot collègue est à
moitié épicène…
Non, chère Agnès, si j’écris aujourd’hui
cette lettre, c’est pour m’étonner de voir que vous avez soutenu le dérapage de
votre collègue (tiens encore un mais dans un autre sens) Marlène qui remarquait
une convergence suspecte entre La Manif Pour Tous et les islamistes. Hélas, je
ne parviens pas à retrouver le lien de l’article où vous donnez votre avis très
éclairé sur la question.
Voyez-vous, nombre de partisans de La
Manif Pour Tous sont chrétiens, et plus précisément catholiques. Et ils
préfèrent écouter les enseignements antiques des martyrs que vos commentaires
approximatifs, injurieux, et quasiment haineux.
Je vous renvoie à ce que dit Paul de Tarse
dans son admirable épître aux Romains, chapitre 1, verset 24 et suivants. Saint
Paul a payé de sa vie sa fidélité à l’enseignement de son Maître. Il a été
décapité l’an 67 ou 68.
Et puis je vais encore vous rappeler un
petit passage de la Didachê. On ne
connait pas l’auteur de cette exhortation très ancienne, écrite sans doute dans
les premières années du deuxième siècle. « Deuxième commandement de l’Instruction :
Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas l’adultère, tu ne te livreras pas à l’homosexualité,
à la prostitution, au vol, à la magie, à la sorcellerie. Tu ne pratiqueras pas
l’avortement, et tu ne feras pas périr le nouveau-né. […] » (Section 12,
1-2a).
Et puis encore cet enseignement de l’épître
de Barnabé, un père apostolique : « La voie du noir est tortueuse et
jonchée de malédiction. […]. Adversaires des justes, ennemis de la vérité,
complices du mensonge ignorant le salaire de la justice et n’étant attachés ni
au bien ni au jugement équitable : […] sans pitié pour les pauvres ni
compassion pour l’affligé ; habiles à la calomnie, oublieux de leur
créateur, meurtriers d’enfants, et détruisant par l’avortement la créature de
Dieu. Sans souci de l’indigent, durs avec l’opprimé, avocats des riches, juges
iniques des pauvres, pécheurs universels. » (Section 20, 1 et ss.)
Voyez-vous, chère Agnès, il me
paraît extrêmement contradictoire de
condamner comme se plaisent à le faire certains courants de pensée auxquels il
paraît que vous appartenez, sans compter les médias, les abominables crimes des
clercs, prédateurs sexuels d’enfants (pédophilie) ou d’adolescents
(éphébophilie), ou l’homosexualité de prélats ou de clercs (dans des relations
consenties), et de soutenir les prétentions d’homosexuels en matière de PMA ou
de GPA. La vérité ne se divise pas.
Il serait à l’évidence malhonnête de
comparer les clercs pédophiles et les éphébophiles aux homosexuels. Mais il est
tout aussi malhonnête de soutenir le « mariage » homosexuel, de faire
chorus avec l’exigence exprimée par les mouvements LGBT en matière de PMA et de
GPA, et de s’étouffer de stupéfaction devant les errements d’un McCARRICK. Tout
cela procède d’un même mouvement : la négation de la morale naturelle, et
le relativisme le plus absolu.
Je n’ai cité que quelques passages des
Pères apostoliques, et de leur condamnation catégorique de l’avortement, de l’homosexualité,
de l’adultère ou de la débauche. Mais on en trouve d’autres dans ces quelques
lettres et instructions très antiques.
PASCAL disait « Je crois aux
témoins qui se font égorger ». De tels témoins, nous en avons qui nous
sont contemporains : que ce soient les coptes décapités en Libye et qui
murmurent avant leur exécution le nom de Jésus, ou celui de ces trois jeunes
chrétiens de Syrie, capturés par des hommes de l’Etat islamique et qui, sommés
d’abjurer, ont affirmé que Jésus ne leur avait jamais fait de mal, qu’ils ne
voyaient pas pourquoi ils le renieraient et qui ont été égorgés. Et tant d’autres
encore au Pakistan, en Inde, en Indonésie, au Nigéria.
Mais tandis qu’on libère monsieur
BENALLA, qu’on exonère les riches de l’impôt sur la fortune pour ce qui
concerne leurs avoirs spéculatifs (les actions), on condamne à tour de bras des
Gilets jaunes, on laisse des milliers de gens dans la rue, et l’on manipule
avec un cynisme incroyable l’opinion. Vous faites partie, hélas, chère Agnès,
de ces gens qui approuvent ces iniquités, de la promotion de l’avortement à
celle des revendications des mouvements LGBT. Apparemment, quoique que professeur
d’hématologie, vous ne vous faites pas trop de mauvais sang à soutenir ces
transgressions. Vous devriez surveiller votre formule sanguine.
J’ai bien l’honneur chère Agnès de vous
prier d’agréer les hommages d’un mâle, blanc, hétérosexuel et qui (horresco referens) est catholique.
Philippe POINDRON
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