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Au lieu d'un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l'armée des étoiles jetée à travers le ciel.
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UN CONSTAT TOUJOURS ACTUEL DE SIMONE WEIL.
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"Conserver la puissance est, pour les puissants, une nécessité
vitale, puisque c'est leur puissance qui les nourrit ; or ils ont à la
conserver à la fois contre leurs rivaux et contre leurs inférieurs, lesquels ne
peuvent pas ne pas chercher à se débarrasser de maîtres dangereux ; car, par un
cercle sans issue, le maître est redoutable à l'esclave du fait même qu'il le
redoute et réciproquement ; et il en est de même entre puissances
rivales."
Simone WEIL.
Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale.
(Collection Folio/Série Essai N°316).
Gallimard, Paris, 2004 (date du dépôt légal de cette édition). (Page
55.)
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CONTREPOINT DE MARCEL LEGAUT
AVANT COMMENTAIRE.
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"Si nous sommes faibles aujourd'hui et méprisés, c'est justement
parce que nous sommes de l'avenir, parce que nous avons bâti notre vie sur les
valeurs de l'avenir, sur celles qui ne cotent pas au cours d'aujourd'hui, parce
que nous sommes des espérants dans un monde d'installés. L'avenir, timide comme
un jeune homme, en face des possesseurs bien établis qui le méprisent et le
haïssent d'une crainte secrète, inavouée ; l'avenir, candide et sans défense,
sans organisation, sans moyens puisque justement il est l'avenir, l'avenir
qu'ils voudraient bien empêcher de naître mais qui pourtant sera et qui, un
jour, les sauvera s'ils ne veulent pas périr.
Oh ! la dure vie qu'il nous faut vivre dans ce monde en voie de
remontée vers la lumière, mais qui se cramponne et veut s'établir à chacune des
étapes où il parvient, hait tous ceux qui l'appellent plus loin, renie chaque
fois l'élan spirituel qui l'a porté là où il est, et à qui ils doivent tout,
leur confort, leur sécurité, leurs idées, leur morale. Les pharisiens d'aujourd'hui
bâtissent des tombes aux prophètes que leurs pères ont tués et ils lapident
eux-mêmes les descendants des prophètes."
In
Marcel LEGAUT.
Prières d’un croyant. (38e
édition).
Bernard Grasset, Paris, 1947
(Page 55).
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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Dans
son livre sur l’oppression sociale, notre très chère Simone analyse avec une
extraordinaire finesse les effets maléfiques des rapports de domination. Il
convient de rapprocher cette analyse sur ce que dit notre non moins cher
Gustave THIBON sur la l'existence de la hiérarchie, nécessaire à l’équilibre de
la société. Les rapports de domination se définissent très simplement par le
fait que le dominant a les moyens d’imposer au dominé son point de vue, en
utilisant la force (sanctions diverses qu’il est inutile d’énumérer, mais que l’on
retrouve dans les rapports de l’État avec les citoyens ou parfois dans les
rapports entre un DRH et des salariés). Les rapports hiérarchiques,
nécessaires, se définissent non moins simplement par le fait que le supérieur
hiérarchique donne l’exemple, et que s’il a un pouvoir de sanction, il ne l’utilise
que rarement et à bon escient, non sans avoir pris la précaution préalable d’avertir
un possible transgresseur de ce qui l’attend s’il persiste dans son erreur.
Je
vois un très direct rapport entre la crise des Gilets jaunes, si brutalement
réprimée par les forces de l’ordre sur recommandation du ministre de l’intérieur,
et l’analyse des rapports de domination ainsi que de la grande peur des oligarques
qui s’accrochent à tout prix à leur puissance, laquelle est pour eux une
nécessité vitale. Et je vois un non moins direct rapport entre les attaques frontales
des puissants médiatiques, politiques ou culturels contre les catholiques et l’Église,
et l’admirable page de Marcel LEGAUT. Le candide avenir entrevu par les
espérants s’ouvre largement aux disciples du Maître, mais la remontée vers la
lumière à laquelle s’oppose ce monde leur est dure : ils sont attaqués de l’intérieur
par les scandales dont se sont rendus coupables des prêtres ou des évêques perdus, et
de l’extérieur par ces puissants qui étayent leur puissance par leurs
dénigrements ciblés, contre ces clercs corrompus bien sûr, ce qui est tout à
fait compréhensible, mais aussi contre ceux qui défendent la foi que leur ont
transmise depuis les temps antiques les Apôtres, les Pères apostoliques, les
confesseurs et martyrs, et les innombrables témoins contemporains qui
obstinément, sans relâche, font preuve d’une inépuisable charité.
Les
parieurs bénédictins ne sombrent pas dans le désespoir ; ils se sentent
appelés à un témoignage de sainteté héroïque, ce qui, pour moi, n’est pas
facile tant j’ai envie de claquer le beignet à des CASTANER, des SCHIAPPA, des
TACHÉ, des BELLOUBET et autres dominants assez peu serviteurs de leurs
concitoyens. Ils confondent l'opinion publique et leur monde virtuel, avec réalité concrète, celle des petits geste réguliers de service et d’amour des pauvres dont je suis le témoin
émerveillé tous les jours, œuvres de jeunes gens et jeunes filles, d’adultes
discrets, de prêtres consumés de charité et d’ascétisme. A vrai dire, les
chiens peuvent aboyer, l’immense cortège des hommes venus de la grande épreuve,
ceux qui ont trempé leur tunique dans le sang de l’Agneau, sont en marche (eux
aussi !) vers la Jérusalem céleste. Et sur cette route-là, il n'y a ni gendarmes ni CRS.
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