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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres,
pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel.
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UN
ETAT DES LIEUX PAR MARCEL LEGAUT.
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"À mesure que, suivant une
évolution quasi ontologique, la société des hommes progresse en connaissances
et en puissance, Dieu paraît moins présent, moins agissant, toujours plus
absent et plus étranger au monde. La science et la technique effacent peu à peu
les traces que l'ignorance et la candeur des siècles passés vénéraient comme
des passages de Dieu. Le merveilleux recule sans cesse. Jusqu'où
s'arrêtera-t-il ? Toutes les facilités religieuses qui s'appuyaient jadis sur
lui disparaissent et sont remplacées par autant d'obstacles. La société humaine
n'est peut-être pas encore athée en droit. En fait, elle pèse sur ses membres
comme si elle l'était. Chacun en porte lourdement le poids sur son cœur. Les
enfants sont rapidement atteints par la contagion de ce scepticisme collectif.
Les adultes, même les plus évolués intellectuellement, sont la proie de
l'agnosticisme, ils refusent de se passionner pour ce qu'ils ne peuvent pas
atteindre par les techniques et les disciplines scientifiques. Il n'est pas
jusqu'aux croyants qui parfois s'arrêtent, pris de vertige, devant l'étrangeté
de leur recherche et de leur foi au milieu de l'indifférence ou de
l'incompréhension générale."
Marcel
LÉGAUT.
Travail
de la Foi. Quelques approximations spirituelles.
Éditions
du Seuil; Paris, 1962. (Page 151.)
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ET
UNE RÉPONSE DE THOMAS MERTON.
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"[…].
Je crois que la vie spirituelle est celle de l’être vrai de l’homme, la vie de
cet être intérieur dont la flamme est si souvent étouffée sous les cendres de
l’anxiété et des soucis vains. Bien qu’elle soit orientée vers Dieu plutôt que
vers la satisfaction des besoins matériels de l’existence, la vie spirituelle
n’est pas faite d’illusions ou de rêves : sans elle notre existence tout
entière devient irréelle et illusoire. En nous intégrant dans l’ordre établi
par Dieu, la vie spirituelle nous place en plein centre du réel, non tel que
nous l’imaginons, mais tel qu’il est. Elle arrive à ce résultat en nous faisant
prendre conscience de ce que nous sommes vraiment, et en nous plaçant en la
présence de Dieu."
Thomas
MERTON.
Nul
n’est une île. Traduit de l’américain par Marie TADIÉ. (Collection «Points»,
série Sagesses, N°Sa64.)
Éditions
du Seuil, Paris, 1993 (date du dépôt légal). (Page5.)
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COMMENTAIRES
PERSONNELS.
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LEGAUT
et MERTON nous font part de leurs réflexions sur la place de Dieu et de la vie
spirituelle dans nos sociétés qui se disent évoluées. Le premier se place d’un
point de vue extérieur et jette sur l’état de la foi un constat alarmant. La
technique, la science n’ont que faire de Dieu. C’est bien ce que nous renvoient
les médias et le monde politique, sans parler du monde artistique moderne, qui n’a
d’artistique que le qualificatif et achève le Beau à coup de transgressions, d’obscénités
et de laideur (pensons au Plug anal de madame HIDALGO, heureusement vandalisé,
comme jadis par Elie les autels dressés aux Baal sur le mont Carmel). Et puis,
dans une lumière tout droit jaillie de l’intérieur, le second nous dit que le
Royaume est au-dedans de nous, et qu’en acceptant de l’habiter, nous rencontrons
ce que nous sommes, et nous entrevoyons notre visage de gloire, celui-là seul
que Dieu connaît.
Je
voudrais vous donner un exemple de ce que je considère comme une imposture
intellectuelle, parée des atours de la plus parfaite objectivité mais très clairement
destinée à accabler encore davantage l’Église. Je ne sais plus quelle chaîne de
télévision a invité François OZON, l’auteur du film Grâce à Dieu ainsi qu’une victime du père PREYNAT. Deux figurants
complètent le plateau animé par je ne sais quel journaliste, un de ces
interchangeables intervenants qui confondent le bavardage et la réflexion.
François OZON confesse qu’il a été élevé dans le catholicisme mais qu’il est
athée. La victime, elle, affirme qu’elle s’est construite, depuis toujours,
dans l’athéisme. Les deux autres pantins du plateau ne disent rien. Et le journaliste
tartine, tartine, en remet une couche. Il m’apparaît qu’une information
objective et honnête aurait exigé que l’on fasse venir un croyant. Il aurait pu
en tout premier lieu affirmer sa condamnation sans appel des crimes de
pédophilie et d’éphébophilie commis jusque dans les années 1991 par le
prédateur dénoncé par OZON. Il aurait pu ensuite dire que ces scandales qui
touchent l’Église le remue, le déstabilise, lui font poser des questions, des questions terribles, enfin
il aurait pu ajouter que la justice des hommes doit certes passer, mais qu’au-dessus
de la justice, il y a aussi la miséricorde, et que les légitimes et sévères
sanctions ne doivent pas faire oublier une vérité anthropologique essentielle :
il ne faut jamais enfermer un homme dans une phrase ou une action, car c’est
affirmer alors qu’il n’y a pas de rédemption possible pour un criminel. Notre
Dieu n’est pas de ceux qui condamnent sans appel : il nous invite à la
conversion perpétuelle, c’est-à-dire à la sainteté.
Nous
devons faire le pari bénédictin : assurer la garde nocturne sur les
murailles de l’humanité plongée dans une trompeuse sérénité, attendre l’aurore
avec constance, et être rempli de compassion pour ceux qui dorment à l’abri de
ces fortifications. Si elles n’étaient pas surveillées par les guetteurs, nul
ne peut dire ce qu’il adviendrait des dormeurs.
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